Patrick Ky, le directeur de l’EASA (European Aviation Safety Agency) est venu à Friedrichshafen pour tenter de convaincre la communauté aéronautique que des changements étaient en cours pour l’aviation générale. Malgré la franchise de son discours, le haut fonctionnaire européen n’a pas forcément rassuré.
L’EASA a fait son introspection et elle promet qu’elle a changé, mais qu’il ne sera pas facile de corriger les erreurs du passé. C’est en substance, ce qu’est venu dire à Friedrichshafen, Patrick Ky. Le directeur de l’EASA, en poste depuis dix-huit mois seulement, savait qu’il était attendu. Il est venu, il n’a pas été déçu. La communauté n’en peut plus. Ecrasée par des textes réglementaires et des contraintes administratives devenus insupportables, elle n’a pas cachée son ras-le-bol qui frise l’exaspération. « Nous faisons de notre mieux, même si c’est trop lent », a reconnu Patrick Ky qui a fait face à l’adversité sans langue de bois.
Pendant les dix premières années de son existence, l’EASA a transposé à l’aviation générale des règlements faits pour l’aviation commerciale. « C’est une mauvaise approche », confesse-t-il. « Nous avons décidé de simplifier les règles qui régissent l’aviation générale. Nous sommes convaincus que les règles les plus complexes ne sont pas forcément les plus sûres. Au contraire… » Un point de vue que ne peuvent que partager les administrés à quelque niveau qu’ils interviennent dans la chaine. Mais la machine arrière n’est pas une manoeuvre que maîtrise généralement les administrations et l’échelle de temps d’un fonctionnaire européen n’est pas la même que celle d’un constructeur d’aviation générale.
A Friedrichshafen, Patrick Ky a entendu les critiques et les doléances. Il a écouté les propositions. « Il faut analyser les conséquences au niveau de chaque pays de chaque mesure de simplification que nous envisageons », a-t-il expliqué pour tenter de faire admettre l’idée que la tache est ardue et donc qu’il faudra être patient avant de voir s’estomper progressivement le cadre. En même temps qu’une démarche de simplification est enclenchée, une autre approche de la manière d’administrer le secteur est envisagée.
« Avant de lancer une nouvelle règle, nous en mesurons les conséquences, et nous regardons si il n’y a pas un autre moyen d’atteindre l’objectif », explique Patrick Ky. Expliquer, communiquer, former plutôt que réglementer, tel pourrait être le nouveau slogan de l’EASA. D’où le stand au milieu des exposants d’Aero 2015 animés par de nombreux fonctionnaires européens, mais aussi nationaux. D’où la venue de Patrick Ky dans l’agora du plus grand salon européen de l’aviation générale. Mais là encore, face à la bonne volonté affichée de l’EASA, il y a une réalité qu’il faut admettre : « au sein des JAA, il y a 32 pays qui n’ont pas le même degré de maturité. C’est difficile ».
La venue de Patrick Ky à Aero 2015 a permis à beaucoup de découvrir un homme déterminé et ouvert qui ne mâche pas ses mots. Un haut fonctionnaire résolu à réformer son administration et à s’attaquer au problème. Cela n’aura toutefois pas suffit à rassurer les professionnels, les pratiquants, les constructeurs et les fournisseurs qui sitôt revenus sur leurs stands, ont été rappelés à la réalité.
Gil Roy
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Patrick Ky dans l’arène d'Aero
Bonjour,
CTKY est l'annuaire officiel de l'EASA. Nous pourrons maintenant identifier nos interlocuteurs pour faire parvenir nos doléances.
Un véritable progrès pour tous.
Christophe
Patrick Ky dans l’arène d'Aero
Très bon article, merci.
La difficulté monumentale de dégraisser le mammouth européen est, d'une certaine façon, confirmée par le fait que l'EASA commence par... les ballons. On s'en réjouit pour les aéronautes, bien sûr, mais on attendra prudemment de voir la suite.
Nous avons créé un monstre européen, il a fallu d'énormes ressources pour cela, et l'on sait bien ce qu'est une administration... Il est clair qu'il faudra encore plus de ressources pour dégraisser ledit mammouth, et donc... cela n'arrivera pas, tout simplement. D'autant que l'EASA aura fort à faire sur tout un tas d'autres fronts.
Pendant ce temps, en parallèle, les Etats nations reprennent la main, discrètement (voyez le préavis de plan de vol transfrontalier passé à une heure en France, voyez CALIPSO - un système bien franco-français). Nous risquons bel et bien de traîner pour longtemps une réglementation européenne excessive, sur laquelle vont se sédimenter des ajouts réglementaires nationaux incohérents entre les différents pays.
Je suis rassuré de voir que le public européen présent à Aero se méfie du discours lénifiant de l'EASA et autres "GA Roadmap" agrémentées de réceptions sympathiques dans des lieux agréables.
Car à dire vrai, je le suis moins de voir la FFA avoir les yeux aveugles de Chimène pour cette même EASA.
Henri Payre
Patrick Ky dans l’arène d'Aero
Patrick Ky semble poser l'hypothèse qu'il faut rétropédaler... Donc revoir chaque mesure et tendre à la simplifier. Est-ce la bonne stratégie ?
On peut penser qu'entre les réglementations antérieures UK, Allemande, Française, US, etc, il doit être possible d'établir un modèle assez simplement optimum. (Le presque non cadre de l'ULM Français, tend à le démonter)
La question resterait alors comment va-t-on vers celui-ci.
Pourquoi n'y a-t-il pas encore eu une pétition en ligne des pilotes de toute l'UE pour "incarner" la protestation ?
Aerobuzz fera-t-il le buzz en en prenant l'initiative ? :-)
Patrick Ky dans l’arène d'Aero
L'European Ballooning Federation teste en ce moment ce changement de cap : nous travaillons avec l'EASA sur une refont des règles pour l'aérostation, suite à l'Opt Out décidé le 9 octobre dernier. cette action est un test, qui pourra s'élargir à l'aviation générale si c'est un succès. Nous considèrons que c'est une avancée majeure.
PL - Présidente, European Ballooning federation (EBF)