Pierre Labrosse a vendu l’entreprise de maintenance informatique qu’il avait créée et qui employait 145 salariés, pour vivre entièrement sa passion de l’aviation. Entre temps, il est tombé amoureux d’un bimoteur diesel Diamond DA42 avec lequel il sillonne la France pour convaincre des ateliers de maintenance aéronautique de rejoindre le réseau Aviapro qu’il a mis sur pied. Il visite aussi les clubs pour faire la promotion du concept » Fly and Forget » qu’il a imaginé avec Apex. Il défend la formule » Fly & Forget » avec un enthousiasme et une sincérité qui ne laissent pas indifférent.
Le concept Fly & Forget qui s’inspire en fait du principe de la location longue durée bien connue en automobile paraît tellement bien adapté aux besoins des aéro-clubs qu’il est presque incroyable que personne n’y ait pensé plus tôt ! Comme expliquez-vous qu’il ait fallu attendre si longtemps pour qu’un tel produit soit transposé à l’aviation légère ?
Pierre Labrosse – Tout simplement parce que le milieu aéronautique est très conservateur. En fait, le concept Fly & Forget tourne autour de la maintenance grâce à laquelle nous sommes en mesure de proposer une garantie totale sur la cellule et le moteur. Je profite de la rupture technologique que représentent le moteur diesel et le Fadec pour fédérer les ateliers. L’évolution du cadre réglementaire dans lequel s’opère la maintenance remet également en question les méthodes de travail et rend les responsables d’ateliers demandeurs.
L’offre que vous avez mise en place avec Apex, autour du Robin 135CDI » Ecoflyer » apparaît imbattable. Quel est son point faible ?
L’atelier de maintenance n’est plus situé sur le terrain comme avant. Il reste encore à démontrer que ceci constitue un handicap. Avec le moteur Thielert, les exploitants ne sont plus confrontés aux mêmes petits problèmes récurrents qu’ils peuvent connaître sur les moteurs traditionnels. Finis les moteurs qui ne veulent pas démarrer. Il n’y a plus besoin de dépannages d’urgence. Par ailleurs, un avion neuf nécessite beaucoup moins d’entretien qu’un vieux.
A terme, combien d’ateliers devrait compter le réseau Aviapro ?
Je vise 17 ou 18 ateliers. Pour qu’un technicien soit performant, il faut qu’il entretienne une quinzaine de machines en moyenne. Nous allons travailler en réseau de manière, notamment, à échanger notre expérience. Le but est de faire de la maintenance préventive. Compte tenu de la garantie que nous offrons, nous devons éviter que les avions tombent en panne. Nous avons tout intérêt à anticiper.
Pourquoi avoir choisi le nouvel avion d’Apex pour lancer votre garantie ?
Le DR400 est un avion qui possède une grosse côte de sympathie en France. L’Ecoflyer est une machine résolument moderne. Son moteur vient de l’automobile, sa technologie est maîtrisée.
Envisagez-vous d’élargir votre offre à d’autres avions ? Au DA40 par exemple.
Ce n’est pas impossible, mais pour que la formule fonctionne, il faut qu’il existe une bonne collaboration avec le constructeur. Apex a accepté qu’en tant que représentant du réseau Aviapro, j’entre dans son service qualité et que nous réceptionnions nous-même les avions pour le compte de nos clients. Nous avons également obtenu qu’un stock de pièces de rechanges dédié à Aviapro soit entretenu chez le constructeur de manière à réduire au maximum les délais de livraison.
Les problèmes qui opposent la Fédération française aéronautique à Apex ne risquent-ils pas de limiter l’impact de Fly & Forget ?
Ces problèmes sont bien réels, mais si les clubs font leurs comptes, ils verront vite où est leur intérêt. Certaines associations qui ont porté plainte contre Apex dans le cadre de la procédure judiciaire entreprise par la FFA sont intéressées par notre proposition et ont mis des options sur des Ecoflyer.
Propos recueillis par Gil Roy. Aviasport N°617. Juillet/Aoùt 2006
Photos : © Gil Roy
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