Deuxième étape du voyage en République Tchèque. Rencontre avec Thomas Podesva constructeur d’ULM à part. Cette petite entreprise familiale Podesva signe de fidèles répliques à l’échelle d’avions légers mythiques, classée ULM.
Ceux qui ont plusieurs fois vingt ans se souviennent de ces enseignes que l’on croisait autrefois sur nos routes : « Etablissement X, père & fils », trônant fièrement sur la devanture d’un atelier ou d’un magasin. Cela évoquait un savoir-faire patiemment appris, enrichi et transmis d’une génération à l’autre, pour le plus grand bien du client en général ainsi que pour la prospérité familiale d’ailleurs. Cela, c’était avant que des « grands esprits » décident qu’il fallait créer « l’entreprise sans ouvrier », concentrer le capital, et par conséquent sous-traiter des pans entiers de notre production là où la main d’œuvre n’avait pas un coût « prohibitif« , oubliant juste au passage que le salaire sert à faire vivre les gens dans la dignité d’une part, et que d’autre part un salarié, ce n’est pas seulement des « charges« , mais c’est aussi un savoir-faire qui représente un véritable capital inestimable pour l’entreprise mais aussi le pays. On s’aperçoit maintenant un peu tard qu’à ce jeu là, c’est la souveraineté de la France qui s’est en partie délitée : merci les consultants pour leurs bons conseils !
1500 kilomètres plus à l’est, en république Tchèque, l’évolution s’est faite différemment sur les deux plans. On trouve des petites entreprises faites d’un père et d’un fils, de deux frères et de leurs épouses (en attendant que les enfants soient grands…) et ainsi de suite qui s’activent dans un garage, ou une dépendance de la maison. Le pays a conservé ses traditions et sa forte culture technique et industrielle, ce qui nous a amené à rencontrer la famille Podesva. Profession ? constructeurs d’avions de père en fils, ça vous étonne ? Ici ça n’émeut personne !
L’apprentissage :
Né en 1950, Petr Podesva le père, a commencé par le planeur à 14 ans, ainsi que l’aéromodélisme au contact de son père : déjà ! En 1975 à 25 ans, fort d’une formation de mécanicien, il construit une aile Rogalo (toute une époque : les débuts du vol libre !), avant de sortir l’année d’après un ULM pendulaire à aile Rogalo, propulsé avec un moteur de Trabant. La Trabant rappelons-le était une toute petite voiture à moteur 2 temps que l’on ne pouvait obtenir qu’une dizaine d’année après en avoir fait la commande. Un certain nombre de déboires et d’accidents l’amenèrent à la conception du PJ2 Honzik en 1980, monoplan aile haute, 3 axes avec moteur Trabant propulsif qui donna entière satisfaction à son concepteur, et devint le 1er ULM immatriculé en Tchécoslovaquie : OK 068. Petr Podesva peut par conséquent être considéré comme un pionnier de l’ULM en Tchécoslovaquie, mais également en Europe.
Le communisme tout juste tombé en 1990, Petr Podesva se lance dans la conception du prototype du « Tulak », en français « vagabond ». Il s’agit d’un biplace cette fois, côte à côte, avec un fuselage en tubes d’acier soudés, accueillant une aile haute construite en bois. C’est un succès et plusieurs dizaines d’exemplaire seront produits, ou livrés en kits, ou sous forme de plans.
Un talent pour les répliques :
Le milieu des année 1990 voit l’arrivée dès ses 15 ans de son fil Tomas à ses côtés, et du début de la construction de répliques, à l’échelle 1 ou avec une légère réduction de taille. La première réplique concernera le Piper PA18, reproduit à l’échelle 80%, suivront ensuite les répliques du célèbre Zlin 226 « Trener » à train fixe à 86% à partir de 2000, ainsi que celle du Zlin 326 « Trener Master », monoplan aile basse avec train semi-rentrant. Une quinzaine de ces 2 appareils ont été construits.
Commence ainsi la construction de répliques de warbirds célèbres d’allure très réussie que l’on peut voir dans différents meetings aériens : répliques de Me 106G, de Yak 3, de P 51 D, de FW 190. La vente de cette production est largement internationalisée : les clients se trouvent majoritairement en Allemagne, Autriche, Italie, Hollande (…)
Ces dernières années ont été principalement axées sur la production de répliques de Bücker Jungmeister et Jungman que l’on a pu voir notamment aux récents salons de Friedrichsafen. En juin dernier, a même eu lieu à Rangsdorf en Allemagne, un rassemblement de Bückers, c’est dire si cette réplique est particulièrement populaire et appréciée !
Une longévité remarquable
Cela fait maintenant plus d’une quarantaine d’années que la famille Podesva produit des avions avec succès : c’est une performance remarquable ! Elle peut être attribuée d’une part aux qualités de conception apportées aux prototypes, à la qualité du travail réalisé et aux compétences acquises. Mais ce succès est probablement également redevable des modes de construction retenus : fabrication traditionnelle tout métal, ou partiellement avec des ailes en bois et toile. Il est notable que la famille Podesva ne s’est pas orientée au fil du temps vers la construction en composites, c’est peut-être une raison de sa longévité. En effet, la construction de moules pour un futur aéronef construit en série nécessite un important apport de capitaux.
Si une production dans les quantités espérées peut être vendue, alors tout va bien, et cela peut devenir très rentable, mais dans la négative alors c’est souvent la clé sous la porte. En effet, une fois que les moules sont fabriqués, apporter des modifications est compliqué voire souvent impossible, alors que les modes de construction traditionnels sont beaucoup plus souples, et moins consommateurs de capitaux. Une autre raison de cette longévité remarquable, c’est le choix – selon moi – de ne pas rechercher la productivité et la rentabilité à tout prix appelées généralement par des investissements trop importants, de travailler à son rythme, en conservant une certaine qualité de vie … propre à la Tchéquie : discrétion et prospérité.
L’entreprise Podesva, dirigée maintenant par le fils Tomas, construit 2 à 3 avions par an, avec une équipe de 2 employés : vivre de sa passion, faire ce qu’on aime en travaillant, c’est quand même beau non ? Ce qui est également remarquable, c’est que cette petite entreprise représente des emplois qui font vivre des familles, des capitaux qui rentrent dans le pays et contribuent ainsi à sa prospérité.
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Bonjour monsieur, je comprends très bien ce que vous écrivez, mais je ne vois pas le rapport avec mon texte. Bien cordialement, LK
Merci de ne pas confondre "Salaires net payés au collaborateur " et le coup total de l'emploi !! par exemple pour un salaire net de 2.000 Euros l'entreprise réglera avec les charges :4.000 euros comment voulez-vous comparer avec la tchéquie ??? dans ce pays pour le mémé collaborateur avec le meme savoir faire reviendra tout compris a 1.500 euros maximum !!!
Comment voulez-vous que la France s'en sorte??? les employeurs n'ont rien a voir là dedans ....voir nos dirigeants qui ont accepté ces régles européennes !!