Un ATR 72 sur flotteurs pour remplacer les Canadair, c'est le concept ambitieux de Positive Aviation, une société toulousaine © Positive Aviation
Nouveau venu sur le marché des futurs bombardiers d’eau, le FF72 est le projet d’une conversion d’un ATR-72 pour la lutte contre les feux de forêt. L’appareil devra être profondément modifié, non seulement par l’installation de soutes et de trappes de largage mais aussi de façon très spectaculaire, transformé en hydravion par l’installation de flotteurs. Un choix radical et ambitieux pour lequel le constructeur avance ses arguments.
Le FF72 est présenté comme une solution à la succession des Canadair CL-415. L’intérêt de cette conversion est qu’il n’est pas nécessaire de construire un avion spécialement mais de convertir des avions existants, en utilisant des STC, (Supplemental Type Certificat, des compléments au certificat de type) plutôt qu’une certification totale de l’avion, ce qui pourrait accélérer sa disponibilité. Cette solution est largement développée pour les « tankers » les avions chargés au retardant, mais face à la quasi-inexistence de solution rapide pour les appareils écopeurs, Positive Aviation veut mettre en place un concept qui, d’une part, rend l’avion utilisable pour larguer sur feux, mais surtout le transforme en avion amphibie pour augmenter sa productivité par sa capacité à pouvoir écoper sur n’importe quel plan d’eau. Les largages pourront se faire en 1,2 secondes pour préserver l’effet de masse du largage ce qui contribue à son efficacité.
Positive Aviation propose donc deux STC : le premier porte sur l’installation des quatre réservoirs de largage à l’intérieur du fuselage, tous alimentés par le même point de remplissage et chacun disposant de quatre buses de largages à débit constant. Le deuxième STC consiste à enlever les trains d’atterrissage de l’ATR pour y ancrer deux flotteurs de 17 mètres de long calculés pour « respecter les efforts généraux de l’ATR-72. » Ils seront ancrés là où les trains d’atterrissage d’origine des ATR 72 étaient fixés avec « des interfaces spécifiques et des renforcements locaux. »
Ces deux flotteurs, les plus longs installés sur un avion depuis le quadrimoteur italien Cant Z.511 de 1940, porteront la masse à vide de l’appareil à 12,8 tonnes ce qui permettra au FF72 de pouvoir emporter jusqu’à 8 000 litres d’eau en plus du carburant. Ces flotteurs sont dotés de trains d’atterrissage escamotables et des écopes nécessaires au remplissage des réservoirs d’eau.
Laurent Schmitt, qui a initié ce projet il y a un peu plus de deux ans, a travaillé chez Dassault Aviation et a été ingénieur en chef chez Airbus. Son idée tient donc sur deux pans essentiels : les performances du FF72 doivent être supérieures à celles d’un CL-415, en termes de charge utile et de vitesse, avec une avionique complète et un pilote automatique de série tout en conservant les plans d’eau habituellement utilisés par les avions écopeurs puisque le remplissage se fera en une douzaine de secondes à des vitesses similaires au CL-415, ainsi le FF72 devrait pouvoir se contenter de plan d’eau de 1500 mètres de long.
Positive Aviation se montre également également confiante sur les capacités de ces flotteurs pour permettre au FF72 d’écoper par vent de travers et améliorer les tolérances de l’appareil face aux vagues. Ces flotteurs seront conçus par Positive aviation, avec l’aide de la société d’ingénierie et d’études techniques Meca et un accord a été signé avec la société vannetaise Multiplast pour leur construction, l’industriel breton étant un spécialiste des composites à usage marin (construction de multicoques de course notamment).
Ainsi, l’entreprise toulousaine affiche son ambition de pouvoir proposer un avion de lutte contre les feux de forêt performant à un coût situé entre 32 et 40 millions USD soit 40 % de moins que les appareils concurrents. De même, l’ATR 72 étant un appareil courant et toujours en production, le FF72 qui devrait utiliser 80% de pièces communes avec lui, devrait pouvoir bénéficier d’un soutien technique du constructeur souple et peu coûteux. Ces STC seront applicables aussi bien sur des avions neufs que d’occasion.
Le projet a fait l’objet d’une lettre d’intérêt de la part de la Direction Générale la Sécurité Civile et de la Gestion des crises.
Pour Positive Aviation, il reste désormais à mener le projet à bien et à surmonter bien des écueils. Néanmoins l’entreprise prévoit de présenter un démonstrateur dans un délai d’un an et effectuer des essais assez rapidement, une phase qui semble indispensable et surtout décisive pour poser le concept.
Parce qu’il s’agit de modifier des avions existant, Laurent Schmitt, dont les locaux sont situés dans un grand hangar de Blagnac, annonce que le rythme des transformations d’ATR pourrait atteindre la douzaine d’appareils annuels à partir de 2030.
Néanmoins, par son caractère très surprenant, le FF72 devra autant convaincre que démontrer son efficacité et cela passera par des engagements forts de pouvoirs publics ou d’opérateurs privés.
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