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Prélude montagnard pour le Tour de France aérien 2007 des jeunes pilotes

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Gil Roy

Les pilotes de Mousquetaires des aéro-clubs des Alpes ont fait découvrir le vol en montagne aux 45 jeunes pilotes du Tour aérien 2007, au moment où la Fédération française aéronautique veut engager une grande réflexion sur l’avenir de cet événement.


Les 45 concurrents étaient réunis dans le hangar du SEFA sur l’aérodrome de Grenoble-Saint Geoirs (qui s’appelle désormais Grenoble-Isère) quand le briefing d’accueil du commissaire général du Tour a été interrompu par le passage remarqué d’un Mirage 2000 de la base de Luxeuil. Du fond du hangar, ils n’ont pas eu l’image, juste un bon paquet de décibels. Celui qui est venu troubler l’exposé du Commissaire général savait ce qu’il faisait. « Il y a toutes les chances pour que ce soit un ancien du Tour qui a appris que cette année, le départ était donné ici. Il vient vous saluer », explique Eric Savattero, le patron du Tour aérien des jeunes pilotes 2007 aux 5 filles et 40 garçons âgés de 18 à 24 ans qui, à peine arrivés, commencent déjà à engranger des souvenirs pour la vie.

Une expérience unique

Déjà ce matin, en se posant à Grenoble, ils ont tout de suite senti qu’ils allaient vivre une expérience unique. Les 45 avions alignés sur deux rangées en face des hangars du SEFA. Les combinaisons bleues ciel. Le numéro qu’il faut coller sur la dérive. Les voilà au pied du mur.

Autour des avions, ils font connaissance. Ils viennent d’un peu partout de la France. Ils étaient un peu plus de 120 à participer aux sélections régionales. Ils font partis des meilleurs. Il y a aussi, tradition oblige, cinq invités : deux de l’école des pupilles de l’air, un antillais, un luxembourgeois et une suisse venue de Genève avec un Bravo, le plus exotique de tous les avions présents : « nous en avons cinq à l’aéro-club de Genève. C’est un avion increvable.

Celui-ci a 38 ans, il est impeccable. Ils ont été construits en Suisse pour la formation des pilotes militaires », explique Marie-Lorraine, aux nombreux curieux qui l’interrogent sur cette machine métallique aux airs de Rallye. Il faut dire que la flotte des plus classiques est de ce point de vue représentative de celle des aéro-clubs auxquels appartiennent tous ces appareils. Au milieu des Robin et des plus rares Cessna, les premiers biplaces VLA pointent néanmoins le bout de leur nez.

Dans sa combinaison jaune canaris qui lui tient visiblement très chaud, Eric Savattero, qui assume pour la deuxième fois consécutive la direction du Tour, explique aux jeunes pourquoi il a tenu a baptiser la nouvelle promotion du nom d’un illustre aviateur, en l’occurrence Henri Farman. « En 1907, il y a tout juste 100 ans, il a réalisé le premier kilomètre en ligne. A travers ce vol, il a fait comprendre que l’avion pouvait être un vecteur de déplacement ». Cette première dans l’histoire du Tour marque aussi l’attachement du commissaire général à faire de cet événement bien plus qu’une compétition sportive.

« L’université aérienne »

« La première vocation du Tour est pédagogique. La compétition est un prétexte à faire vivre quelque chose qui fera progresser ces jeunes pilotes au niveau technique, mais aussi humain pour les aider, dans leur carrière future et peut-être, quand à leur tour, ils s’impliqueront dans la gestion d’un club ». Eric parle volontiers d’université aérienne. D’ailleurs, le choix des étapes porte en lui une certaine logique. « Le départ des locaux du SEFA où les jeunes passent 48 heures est symbolique. La plupart des instructeurs d’aéro-clubs sont passés par là. Sur la base d’Orange, les concurrents pourront se rendre compte qu’il n’y a pas une grande différence entre piloter un avion d’aéro-club et un Mirage 2000 ».

Au cours des dernières éditions, le Tour a perdu progressivement son enjeu sportif. « Ce n’est pas une compétition de vitesse, mais de qualité de vol », explique le commissaire général. « Chaque avion est équipé d’un enregistreur de vol pour nous permettre d’en juger. Nous nous intéressons aussi à la préparation de la navigation, au respect de la sécurité, à la qualité de la prise de note lors du briefing qui précède chaque épreuve ».

Et c’est dans cet esprit que depuis quelques années, les animateurs du Tour introduisent dans le programme un vol découverte. En 2007, avec un départ de Grenoble, ville olympique, la montagne s’est imposée d’elle-même. Le président de la Fédération s’est tourné vers l’Association française des pilotes de montagne et c’est ainsi que les 45 jeunes se sont retrouvés, la veille du départ, sur l’altiport Henri Giraud, de l’Alpe d’Huez. Pour la grande majorité, c’était une première.

La découverte de la montagne

Noël Genet, le président de l’AFPM a mobilisé ses troupes. Il a fait appel aux clubs alpins pour réunir une dizaine de Mousquetaires et au moins autant d’instructeurs montagne pour permettre à tous les jeunes de pouvoir piloter, soit à l’aller, soit au retour. Cette opération a revêtu le caractère d’une véritable instruction. La veille, l’instructeur montagne Daniel Agnoux a fait un cours passionnant sur le vol en montagne en abordant tous les aspects, aussi bien historiques, que techniques, en parlant d’aérologie et d’environnement. Il a captivé son auditoire qui a rempli des pages de notes. En montagne, la précision est la règle. Le lendemain, dans des conditions météo idéales, ils ont pu mettre en pratique ce qu’ils avaient appris : vol de pente, passage de col, reconnaissance et atterrissage sur une piste à 16% de pente… Les montagnards leur ont sorti le grand jeu, avec en prime, au retour le survol du glacier de Saint-Sorlin et des lacs des Sept-Laux. Pour Eric Savattero et Jean-Noël Genet le but a été atteint.

C’est avec ces images de montagne que les 45 concurrents ont mis le cap sur la première étape, la base aérienne d’Orange. Puis Perpignan, Libourne, Saint-Nazaire et enfin Tours. Les anciens trouveront le programme allégé par rapport à ce qu’ils ont connu. Au fil des éditions, les épreuves classantes se sont réduites. Aujourd’hui, le Tour se cherche. Il n’est pas sûr qu’il y ait une 54ème édition, ou alors elle risque fort d’être très différente de la 53ème.

Comme le commissaire général l’a rappelé aux concurrents, le budget du Tour est de 350.000 euros, hors sélections. Il faut donc que tous s’y retrouvent et en particulier les licenciés. Quand le Tour est devenu biennal, il y a peu, certains ont crié au scandale, en accusant la fédération de vouloir couper les ailes à une institution.

Le Tour en question

Toutefois, il y en a autant pour estimer que cet argent pourrait être utilisé ailleurs et mieux. « Il y a des pour et des contre. C’est la raison pour laquelle j’ai décidé que nous ouvririons le débat cet automne », affirme Jean-Claude Roussel, le président de la FFA. Il veut mettre à plat la question du Tour, de la manière la plus froide possible, avant de trancher. Cette manière de procéder est un peu sa marque de fabrique et elle réussi plutôt bien.

Cette réflexion qu’entend mener la FFA ne signifie pas pour autant que le glas a sonné pour le Tour. En revanche, il est certain que la formule va encore évoluer et les changements pourraient être radicaux. L’aviation légère doit s’ouvrir sur le grand public. Eric Savattero a expliqué aux jeunes que sur le Tour ils avaient un rôle à jouer en allant au-devant des visiteurs, notamment à Perpignan lors du meeting et à Tours lors du Fly-in. Il leur a rappelé qu’ils incarnaient également la politique fédérale envers les jeunes. L’avenir du Tour se jouera cet hiver.

Certaines décisions ne seront sans doute pas facile à prendre. Le Tour a marqué des générations de jeunes pilotes qui ont fait par la suite de brillantes carrières dans l’aéronautique, même si tous ne sont pas devenus pilotes. Pas facile de tourner le dos à ces deux semaines d’aventure que partagent, chaque année, depuis plus de cinquante ans, des jeunes et des anciens. L’enthousiasme des uns, l’expérience des autres. Il y a véritablement un échange à double sens entre deux générations.

Sans préjuger des décisions qui seront prises, il arrive un moment où il faut savoir tourner la page. Si le Tour n’a plus de raison d’être, il faut peut-être passer à un autre type d’opération. Le débat est ouvert. Chacun à son niveau peut y contribuer. Le Tour appartient à tous les pilotes de club.

Gil Roy

Découverte du vol en montagne pour les 45 concurrents du TAJP 2007
Les jeunes pilotes du Tour aérien 2007 à Grenoble - Saint-Geoirs
Arrivée en Mousquetaire des jeunes du TAJP 2007 sur l'altiport de l'Alpe d'Huez
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Gil Roy

Gil Roy a fondé Aerobuzz.fr en 2009. Journaliste professionnel depuis 1981, son expertise dans les domaines de l’aviation générale, du transport aérien et des problématiques du développement durable est reconnue. Il est le rédacteur en chef d’Aerobuzz et l’auteur de 7 livres. Gil Roy a reçu le Prix littéraire de l'Aéro-Club de France. Il est titulaire de la Médaille de l'Aéronautique.

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