Le prix de l’AvGas 100LL qui s’envole vers des sommets pourrait convaincre de plus en plus d’aéro-clubs de passer à l’électrique. Reste à résoudre l’équation économique. Jean-Luc Charron joue carte sur table. Le président de la Fédération française aéronautique ne minimise pas la difficulté.
Aujourd’hui la Fédération française aéronautique possède six Velis Electro. Deux sont affectés au fab lab de Toussus-le-Noble. Les quatre autres sont à la disposition des aéro-clubs qui souhaitent tester concrètement l’avion électrique. Le président de la FFA reconnaît que depuis plusieurs mois, les demandes se multiplient. Cela va de la journée portes ouvertes où le Velis Electro est la vedette, à l’expérimentation de plusieurs mois.
Actuellement, outre les deux basés à Toussus-le-Noble, les quatre autres Velis Electro sont à Royan, Chavenay, les Mureaux et en Savoie où les deux aéro-clubs de Chambéry et de Challes-les-Eaux s’en partagent un. La FFA ne peut pas répondre à toutes les demandes. Pipistrel non plus.
Même si le constructeur slovène a augmenté ses capacités de production (il a livré 48 Velis Electro en 2021), lui non plus ne peut pas faire face à la demande. Il n’arrive pas à se fournir, en quantité suffisante, en cellules pour ces batteries. Il est trop tôt pour que le rachat annoncé de Pipistrel par le géant américain Textron ait des conséquences… dans un sens ou dans l’autre.
L’alternative à l’achat est la location. Mais cette solution coince aussi. Green Aerolease qui, début 2021, a commandé 50 avions et mis des options sur 50 autres, pour les louer, ne reçoit que deux avions par mois. Et même si le débit était suffisant, beaucoup d’aéro-clubs sont encore réticents à la location. Pourtant, selon le président de la FFA, la location longue durée peut être un moyen économique intéressant d’accéder à l’aviation électrique.
Jean-Luc Charron n’a jamais caché qu’un avion électrique n’est pas économiquement viable. Il le répète dans l’interview qu’il nous a accordée et que vous pouvez voir en vidéo. Pour lui, le problème réside au niveau de l’amortissement. Compte tenu des progrès réalisés par les fabricants de batteries, il est logique que le Velis Electro actuel soit plus ou moins rapidement dépassé par un avion qui offre de meilleures performances. Il faut donc l’amortir sur un temps plus court ce qui entraine automatiquement une hausse du prix de revient de l’heure de vol, même si à l’expérience le coût de l’électricité et de la maintenance s’avère très intéressant.
On en revient au discours que tient depuis le début le président de la FFA : sans subvention, pas d’avenir pour électrique. Sans subvention de l’Etat, le marché des voitures électriques n’aurait pas décollé, et la part croissante des voitures électriques ne serait pas ce qu’elle est dans le parc automobile français. Et cela concerne aussi bien l’achat que la location longue durée.
Partant de là, Jean-Luc Charron a tenté de convaincre les pouvoirs publics de subventionner les avions électriques destinés aux aéro-clubs. L’investissement pour l’Etat est supportable. Le problème est que l’Etat se refuse à subventionner un avion qui n’est pas fabriqué en France.
Pour l’heure l’avion électrique français entre non pas dans le registre aéronautique, mais dans celui des promesses, voire du rêve. Et même si Elixir Aircraft, Issoire Aviation, Aura Aero voire Robin Aircraft décidaient de lancer un programme d’avion électrique, aujourd’hui, il faudrait attendre quatre ou cinq ans avant qu’il soit certifié et que les livraisons débutent.
L’équation n’est pas simple, mais elle n’est pas insoluble. La solution peut résider au niveau des subventions locales, qu’elles proviennent des collectivités ou des aéroports. L’avion électrique est un excellent vecteur de communication pour des partenaires qui veulent convaincre leurs administrés ou leurs riverains de leur engagement dans la transition énergétique. Les aéro-clubs qui ont joué cette carte peuvent en témoigner.
Mais le mieux encore est d’écouter Jean-Luc Charron décortiquer le sujet avec un enthousiasme qui n’a d’égal que son pragmatisme.
Gil Roy
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A court terme, il me semble bien plus concret de modifier la réglementation et construire un guide de maintenance/exploitation pour que les aéroclubs puissent faire voler les avions avec du SP98 et à moyen terme avec de l'éthanol.
Tous les moteurs à carburateur peuvent utiliser du SP98 avec des modifications simples pour l'exploitation et l'entretien, c'est juste interdit par la réglementation et par les assurances.
Il faudrait aussi que les exploitants d'aérodrome permettent l'utilisation de citerne de SP98 car c'est un gros point de blocage chez moi à Reims Prunay. Mon club a acheté deux Evektor tournant sur Rotax et donc au SP98 ou à l'AVGAS. Edeis refuse d'investir dans une cuve de SP98 et nous interdit d'avoir une citerne mobile, pour raison de sécurité incendie.
"l’Etat se refuse à subventionner un avion qui n’est pas fabriqué en France." Et ne subventionne pas comme il faudrait, des aéronefs qui pourraient être fabriqués en France.