Raid Latécoère : France-Sénégal par le chemin des écoliers

La cinquième édition du Raid Latécoère aura lieu du 7 au 25 octobre 2011, entre Lézignan et le Sénégal. Entre le deuil, les problèmes d’insécurité et l’attente de centaines de petits écoliers africains, ce rallye aérien s’annonce, une nouvelle fois, intense.

D’ici quelques jours, les équipages inscrits au 5ème Raid Latécoère vont recevoir la liste des tâches qui leur incombe. Chacun saura ainsi ce que Hervé Berardi, l’organisateur en chef, attend de lui. Le Raid Latécoère n’est pas seulement une grande aventure aéronautique, c’est aussi et surtout un engagement personnel dans un projet humanitaire à long terme. « Nous ne sommes pas une agence de voyage », affirme de manière catégorique, celui qui est à l’origine de ce rallye aérien d’un autre genre. « Les équipages viennent faire un raid en commun. Ils partagent la même passion et sont porteurs de projets humanitaires. Chaque commandant de bord doit être autonome ».

Le Raid Latécoère apporte aux rallyes aériens africains classiques une dimension qui leur manque, selon Hervé Berardi. « Notre philosophie est d’entrer en contact au maximum avec les populations locales. J’ai participé sept fois au Toulouse-Saint Louis et j’en suis parti parce que cela me manquait. On ne peut plus se permettre d’aller en Afrique avec un avion privé sans voir comment on peut s’impliquer ». Il est à noter que de son côté, le rallye historique a entamé, à l’issue de l’édition 2010, une remise en question pour renouer avec ses valeurs et s’ouvrir sur l’extérieur. Pour sa part, le président du Raid Latécoère ne perd pas de vue que sa motivation première et celle des équipages qui l’accompagnent est l’aviation. « Nous ne sommes pas dans l’humanitaire pur. Si tel était le cas, alors nous remplirions un container et nous l’expédierions en Afrique ».

L’engagement humanitaire de l’association Raid Latécoère revêt différentes formes, mais la plus visible demeure l’engagement au profit des écoles qui jalonnent le parcours historique de la ligne Latécoère entre Toulouse et Saint-Louis du Sénégal. « Les équipages ne transportent pas du courrier, mais des crayons de couleur et des ballons », explique Hervé Berardi. Quoiqu’à chaque voyage, les avions embarquent des lettres des écoliers français à destination des écoliers africains et inversement au retour. En effet, des parrainages sont mis en place entre les écoles et tout au long de l’année scolaire, les échanges se multiplient, notamment via internet. C’est un moyen pour l’association de récolter des fonds afin de faire perdurer ses actions.

Actuellement, l’association parraine une dizaine d’écoles en Mauritanie (6), au Sénégal (3) et au Maroc (1). « Chaque année, depuis dix ans, nous repassons dans ces écoles pour apporter des fournitures scolaires et du matériel sportif ». Cette année, Hervé Berardi craint de ne pouvoir honorer entièrement cet engagement. L’insécurité qui règne en Mauritanie risque de l’empêcher de s’arrêter dans « ses » écoles. « Nous attendons de savoir si les autorités mauritaniennes s’engagent à assurer notre sécurité. Sinon, nous nous contenterons de faire une simple escale technique. C’est difficile à imaginer. Nous allons éviter des lieux où nous avons des amis merveilleux. Nous avions prévu d’inaugurer une école au sud d’Atar, à l’est de la Mauritanie ». Cette école a été construite en 2010 grâce aux 6.000 euros de dons qu’a pu recueillir l’association et à la part prélevée sur les inscriptions des équipages.

« Sur chaque inscription, une part d’environ 15% est affectée à un projet », explique Hervé Berardi qui a conscience que le principal frein pour un pilote qui voudrait participer à cette aventure africaine est le coût. « Il faut compter entre 6.000 et 6.500 euros par membre d’équipage. Chaque avion effectue en moyenne une cinquantaine d’heures de vol et le prix de l’essence pèse énormément sur le budget global. Le litre atteint 4 euros à Dakar ! » L’association espère néanmoins réunir cette année, entre 10 et 15 équipages, 15 étant un maximum.

En parallèle de la préparation de l’édition 2011, l’association a multiplié les échanges avec les ambassades d’Argentine, d’Uruguay et du Brésil afin de pouvoir prolonger l’aventure de l’autre côté de l’Atlantique. « Nous espérons pouvoir réaliser un premier raid en Amérique du Sud, en mai 2012, avec 3 ou 4 équipages, pour commencer ». L’idée est de louer sur place des avions (il ne s’agit pas de faire la traversée) et de partir, au départ de Buenos Aires, vers le sud, à destination de Rio Gallegos et vers Natal, au Nord. Pour l’heure, les négociations coincent avec le Brésil. D’ici là, le Raid Latécoère s’envolera de Lézignan, le 7 octobre, en pensant aux trois pilotes qui ont trouvé la mort, l’année dernière, dans les Pyrénées espagnoles. « Nous n’organiserons pas de meeting aérien cette année, mais une manifestation sobre. Nous devons réussir cette édition, en mémoire de nos trois camardes disparus accidentellement ».

Gil Roy

Photos via l’association Raid Latécoère