Tout le monde, à commencer par ses supporters mais aussi ses adversaires, attend avec impatience le jour où l’ancien champion du monde de voltige attaquera les pylônes avec un avion performant. Mais pour cela, il doit d’abord réunir les moyens financiers nécessaires à la préparation de son Edge 540-V3.
François « Zool » Le Vot est le premier pilote de l’histoire de la Red Bull Air Race a avoir remporté le championnat Challenger Class (en écrasant la concurrence !). Mais, quand il intègre la Master Class en 2015, il termine la saison dernier du classement général, sans avoir marqué le moindre petit point.
En cause : l’appareil qu’il a racheté à Mike Goulian (USA), un Edge 540-V2, un véritable boulet, une machine tordue avec un moteur à bout de souffle que Le Vot a acquis en connaissance de cause : « J’ai acheté le seul avion que je ne voulais pas acheter ! Mais c’était celui-là ou rien du tout… », admet-t-il. En effet, les places en Master Class sont rares, et lorsque Red Bull en propose une, ça ne se refuse pas, même aux commandes d’une « vérole » (dixit Le Vot).
Cet Edge 540-V2 était si mauvais que Philippe Alberola, le mécanicien de l’équipe, passait son temps à essayer de rendre l’avion, non pas rapide, mais « pas trop lent » : « Même en pilotant bien, j’avais parfois jusqu’à 5 secondes de retard ! » se souvient le pilote français.
En 2016, Zool achetait l’Edge 540-V3 très performant de feu Hannes Arch. Cependant, il n’obtenait la machine que tardivement dans la saison et, le temps de la régler à son pilotage, de s’y habituer, de prendre confiance à ses commandes, le championnat était terminé. Cette année-là, Le Vot se retrouvait également sans sponsor et, sans un soutien financier, il ne pouvait plus faire évoluer son avion comme il le souhaitait. Dès 2017, il se faisait donc distancer par les autres concurrents et leurs lots d’innovations technologiques.
En 2018, les évolutions aérodynamiques arrivent timidement : un nouveau capot moteur et, surtout, pour la première course française, le Français comptait beaucoup sur l’arrivée de winglets, appendices indispensables pour mieux conserver l’énergie et, ainsi, établir des temps canons… Hélas : « Je devais les recevoir avant Cannes, tout était planifié pour qu’on ait le temps de les monter, mais la société qui les a fabriqué ne les a pas envoyé à temps ! » regrette-t-il. Comme si ça ne suffisait pas, toujours à Cannes, son boitier électronique de régulation d’hélice est tombé en panne, obligeant l’équipe à effectuer des réglages manuels : « Forcément, c’était moins précis : j’avais 50 t/min de moins que d’habitude ».
Entre-temps, les fameux winglets sont arrivés dans sa boîte aux lettres : « Oui, on les a enfin reçu, mais comme on n’a pas eu accès à l’avion après Cannes [Comme pour tous les concurrents, son Edge est directement parti pour le Japon en container. NDLA] on n’a pas pu les monter. Il faut savoir que des winglets, ce n’est pas du plug-and-play. Il faut les adapter, faire du mastic, les régler, les tester en vol, les re-régler, etc. Ça ne se fait pas en 2 heures. Après Chiba, on aura du temps pour travailler sur l’avion. » explique-t-il.
Comme pour Nicolas Ivanoff, François Le Vot espère (enfin) avoir un avion compétitif dès Budapest. Il refuse cependant de faire des plans sur la comète : « Ce V3 est bien mieux que l’ancien V2, mais il n’est toujours pas au niveau des autres. Il nous manque encore 1 seconde. »
Ces déconvenues qui se suivent et se ressemblent sont d’autant plus décevantes que tous les professionnels de la Red Bull Air Race reconnaissent les grandes qualités de pilote de course de Zool. Paul Bonhomme, lui-même, s’interroge : « Quand on voit voler François avec autant de précision et d’engagement, on est à chaque fois surpris de voir ses chronos. On ne comprend pas ! » explique l’ancien champion du monde anglais. La raison est pourtant évidente : deux années de retard.
Néanmoins, François Le Vot garde le moral : « On est toujours en train de se battre pour trouver la seconde qui manque, mais les trajectoires sont souples et maîtrisées. Et puis, on fait toujours un peu mieux que la fois d’avant et ça, c’est très positif ! À Budapest, l’ancien tacticien de Hannes Arch, Hartmut Siegmann, pourrait rejoindre notre équipe. Ce n’est pas encore signé, mais c’est en bonne voie ! », confie François Le Vot, incontestablement le plus courageux des pilotes de la Master Class.
Bastien Otelli
Les hélicoptères Puma HC2 âgés d’un demi-siècle seront retirés du service en 2025. Ils seront… Read More
La tour de contrôle centrale de l'aéroport de Paris-Charles de Gaulle est en travaux. Fin… Read More
Depuis plus de quatre décennies, le Pilatus PC-7 constitue la pièce maîtresse de la formation… Read More
On a rarement vu une compagnie aérienne aussi bien préparée à déposer le bilan que… Read More
Dans un roman, Jean Rousselot raconte à la première personne du singulier la carrière militaire… Read More
Textron Aviation a livré à l'armée de l'air péruvienne le premier de 2 Beechcraft King… Read More
View Comments
Great article.
Hello,
Comme si Zool avait voulu répondre à cet article :
http://airrace.redbull.com/fr_INT/article/gros-changements-du-cote-de-chez-le-vot
Cordialement,
Stéphane MARTIN LAPRADE (SML)