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Aviation Générale

Relance annoncée de Mooney Aviation avec des capitaux chinois

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Philippe Chetail

Après une interruption de cinq années de sa production d’avions légers au look si particulier et aux extraordinaires performances, Mooney Aviation Company Inc. se prépare à réintégrer, depuis son usine de Kerrville (Texas), le marché des monomoteurs. A l’origine de ce nouveau redémarrage se trouve la Soaring America Corporation présidée par l’homme d’affaires Chen-Yang.


La rumeur se propageait depuis quelques semaines, aussi Mooney vient de décider de lever le voile sur la prochaine reprise de son activité, suite à l’arrivée d’un nouvel investisseur, The Soaring America Corporation, qui sous cette appellation très anodine, cache en réalité une holding à capitaux chinois regroupant plusieurs sociétés installées à Alhambra (Los Angeles). Ce tout nouveau consortium qui n’a pas plus d’une année d’existence et dont l’activité principale est orientée vers l’aéronautique, est présidé par l’homme d’affaires Chen-Yang, déjà très impliqué dans l’avenir d’Eagle Aircraft Inc. Grâce à ce nouveau financement, Mooney annonce la reprise de la production de la série des Ovation et des Acclaim pour le début de 2014. Depuis sa création, l’entreprise Mooney a construit et livré plus de 11 000 appareils dans le monde.

© Mooney Aircraft

«C’est un nouveau jour pour Mooney… » souligne Barry Hodkin, directeur financier de la société Texane « et avec un nouveau groupe d’investisseurs qui se consacre à l’avenir de notre société, nous pouvons espérer reprendre une place prépondérante dans l’industrie aéronautique», ajoute t’il . «Ça a été long à venir et nous ne pouvions pas être plus heureux de notre retour à la fabrication de l’une des plus belle et des plus fiable flotte d’avions légers ».

 

La première étape de cette renaissance sera de recruter et de former une nouvelle main-d’œuvre mais aussi de rétablir la chaîne d’approvisionnement de ses ateliers. Ainsi, la première année, Mooney devrait recruter une centaine de personnes à des postes d’ingénieurs, techniciens et ouvriers dans toutes les spécialités ayant trait au montage et à l’équipement de ses appareils, mais également des commerciaux et du personnel comptable et administratif pour former l’ossature de la nouvelle société. D’ici deux ans, les dirigeants qui anticipent une demande forte et espèrent un carnet de commandes bien rempli, prévoient un recrutement encore bien plus important.

Chaine de montage à l’usine Mooney de Kerrville – Texas. © Mooney Aircraft

La société, créée en 1929 par Albert et Arthur Mooney, qui a vécu déjà plusieurs épisodes de difficultés financières, montre une fois encore une certaine capacité à renaître, tel le Phoenix. A la suite d’une première faillite un an après sa création, elle est recréée après le second conflit mondial et se singularise pour sa production très différente de celle de ses concurrents œuvrant sur le même marché (Cessna, Piper…). Dès le début, les Mooney sont reconnus comme de véritables chasseurs civils, rapides et manœuvrants. De nos jours encore, juste avant sa cessation d’activité en 2008, le dernier né (Mooney M20TN Acclaim type S), détenteur de plus de 130 records de vitesse, a été élu l’avion monomoteur à pistons le plus rapide au monde. Il croise à 25 000 ft d’altitude (7 600 m) à 242 kt (445 km/h), équipé d’un moteur de 310 ch. Il accepte 4 personnes à son bord et son prix se situe aux alentours de 600 000 dollars US. La série Ovation ne risque pas le ridicule non plus, avec une vitesse de croisière de 190 kt et un plafond pratique de 20.000 pieds.

Mooney Ovation, un quadriplace performant. © Mooney Aircraft

Malheureusement, la technologie de pointe et les performances ne font pas toujours la bonne santé d’une société, dans une période où l’aviation de loisir est fortement malmenée. Ainsi en juillet 2008, Mooney qui venait d’annoncer une collaboration avec Rolls-Royce pour produire un turbo propulseur de 350 à 450 ch à l’horizon 2011, réduisait dans le même temps sa production de 8 à 5 avions par mois et licenciait plusieurs dizaines d’employés. En novembre 2008, la société annonçait l’arrêt de sa production et se séparait des deux tiers de ses salariés, maintenant toutefois le suivi et le soutien de ses clients.

Technologie de pointe embarquées à bord des Mooney de dernière génération. © Mooney Aircraft

En avril 2010, après 18 mois sans aucune production, la totalité des avions fabriqués par l’usine étaient vendus et l’entreprise annonçait sa mise en sommeil dans un futur proche, en attendant que le marché retrouve sa dynamique. En novembre 2010, Mooney débutait une nouvelle série de licenciements, envisageant de passer de 53 employés, tous affectés au service après vente à moins de 10, aux environs du 1er janvier 2011. Le personnel restant fut employé à l’entretien des locaux et à la mise à jour des certificats de production et de type, fournissant aussi un support technique en matière de pièces détachées pour les nombreux propriétaires dans le monde. Dans le même temps, l’avionneur a maintenu les contacts et les négociations avec des investisseurs potentiels dans l’espoir de reprendre un jour la production, ce qui semble être une réalité aujourd’hui.

Mooney Acclaim type 20S en vol. © Mooney Aircraft

Compte tenu des indicateurs économiques qui semblent plus positifs à ses dirigeants et le créneau unique dans lequel se positionne Mooney, l’entreprise se sent en confiance et envisage l’avenir avec une certaine sérénité : « Il est trop tôt pour donner les détails, mais nous allons pouvoir annoncer des avancées technologiques très intéressantes dans un avenir proche concernant la série Acclaim type S et Ovation », a déclaré Barry Hodkin .

 

Formulons le souhait que ces avancées technologiques annoncées par la société, souvent consommatrices de budgets importants et de gros investissements ne contribuent pas, comme en 2008, à un nouveau «chant du cygne » de cet avionneur inventif mais à la santé financière fragile, dont la renaissance, dans un marché actuel au ralenti, nécessiterait peut-être de vivre sur des acquis encore jamais égalés par ses concurrents.

Philippe Chetail

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Philippe Chetail

Président d’Airshow, spécialiste de l’organisation de manifestations aériennes, Philippe Chetail a organisé plus de 230 meetings aériens depuis 1973. Egalement co fondateur de France Spectacle Aérien, il est l’un des meilleurs connaisseurs européens de tous ceux qui gravitent autour des spectacles aériens. Il a rejoint Aerobuzz en juillet 2011. Philippe Chetail couvre, en particulier, l’aviation de collection et les évènements aéronautiques.

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