Comme on pouvait s’y attendre, l’exploit des trois hommes volants de la patrouille Jetman-Dubai volant en formation serrée avec les huit Alphajet de la Patrouille de France, cartonne sur internet. Pour réaliser son film, Eric Magnan a mis en oeuvre simultanément pas moins de 30 caméras et de gros moyens aériens.
Nous avons encore en mémoire ces images émouvantes du dernier 747 d’Air France volant en formation serrée avec la Patrouille de France. Après nous avoir tiré une larme, Eric Magnan nous stupéfie cette fois-ci avec trois minutes de pure magie. Il montre les trois hommes volant de la patrouille Jetman-Dubai rejoindre les Alphajet de la PAF et évoluer pendant plusieurs minutes, dans un ensemble parfait.
La communion de deux patrouilles
L’idée de relever ce défi est venue d’une rencontre entre Arnaud Amberg, alors directeur des Equipes de Présentation de l’Armée de l’Air (EPAA) et Yves Rossy, plus connu sous le nom de Jetman. Rossy avait déjà volé avec deux L-39.
A l’époque, il était seul et n’avait que deux réacteurs accrochés à son aile. Il ne volait pas assez vite pour rester en patrouille avec les deux avions d’entrainement militaire. Les L-39 avaient fait des passages pour créer l’illusion. Cette fois-ci, avec quatre réacteurs et surtout deux équipiers, tout devient possible.
Il ne restait plus qu’à Amberg et Rossy à convaincre l’Armée de l’air et la DGAC et à mettre Eric Magnan dans la boucle. Si les deux promoteurs n’avaient pas de doute sur la réponse du réalisateur, en revanche rien n’était acquis du côté des deux institutions. L’adhésion au projet a été plus rapide que prévue. Les militaires savent que les réseaux sociaux offrent désormais plus de visibilité que les meetings aériens.
L’hippodrome du plateau d’Albion
Le tournage a eu lieu début octobre 2016, au-dessus de la base aérienne BA2 00 Saint-Christol (Plateau d’Albion), au pied du Mont-Ventoux. Outre les huit Alphajet et les trois ailes volantes quadriréacteur, il a impliqué un Extra 330 de l’EVAA (Equipe de Voltige de l’Armée de l’Air) et deux hélicoptères. Initialement, deux Alphajets supplémentaires avaient été envisagés, pour augmenter les axes de prises de vues. Il a été finalement décidé d’y renoncer pour ne pas alourdir le dispositif, déjà complexe en soi.
Avec leurs quatre microréacteurs, les jetmen peuvent évoluer à 180 kts. A cette vitesse, les hommes volants qui ne se dirigent que par des mouvements infimes de leur corps, n’ont pas le droit à l’erreur. D’où l’idée de privilégier une vitesse inférieure de 145 kts qui reste compatible avec celle des Alphajet, mais qui réduit le risque. L’autre paramètre à prendre en compte est l’autonomie des ailes qui ne dépasse pas 8 minutes.
Répétitions séquencées
Au final, il a été décidé que la Patrouille de France se mettrait en hippodrome et que les trois jetmen la rejoindraient en formation. Il fallait qu’ils se regroupent tous les trois avant, sachant qu’ils s’envolaient de deux hélicoptères Ecureuil B2. La PAF évoluant à 1.500 m de hauteur, ils seraient largués vers 2.000 m.
Le scénario a d’abord été testé avec deux Alphajet et une aile. Les avions ont décollé de la base aérienne de Salon-de-Provence, ainsi que l’Extra 330, à bord duquel avait pris place Eric Magnan. L’hélicoptère qui emportait Yves Rossy a décollé de Saint-Christol.
Il a fallu moins de 30 secondes à Rossy après l’allumage de ses quatre réacteurs pour rassembler sur les deux Alphajet. L’ancien pilote de chasse de l’armée de l’air suisse a conservé son savoir-faire.
Ce premier vol a aussi permis aussi de tester les fumigènes du Jetman dont l’autonomie est très faible. Lorsque Rossy a quitté la formation, les deux autres jetmen ont fait à leur tour une répétition.
Après avoir débriefé ces deux premiers vols, un troisième a été réalisé avec cette fois-ci, toujours deux Alphajet, mais avec la patrouille des trois jetmen au complet. La mise en route des quatre réacteurs demandent du doigté et une attention toute particulière. Allumer les trois ailes simultanément demande une parfaite coordination. L’envol simultané depuis les deux hélicoptères aussi… Même si l’équipe de Rossy maîtrise son sujet, il faut du doigté.
Jour J
La répétition s’étant correctement déroulée, pilotes, cameramen et techniciens se sont tous retrouvés, en soirée, à Salon-de-Provence pour le grand briefing. Le lendemain, jour du tournage, un dernier briefing s’est fait par téléphone entre Salon-de-Provence et Saint-Christol, juste avant les décollages.
Le premier à prend l’air a été l’Extra 330 piloté par Pierre Varloteaux, avec à son bord Eric Magnan. Le réalisateur avait avec lui une caméra pour faire des vues en plongée de dessus de la patrouille. Ce qui l’a obligé à voler sur le dos. C’est depuis l’Extra 330 qu’il faisait aussi le décompte à l’attention des pilotes et des cameramen. Trente caméras ont été mises en œuvre.
La Patrouille de France a décollé de Salon-de-Provence quelques minutes après l’Extra 330 et a rejoint directement Saint-Christol où elle s’est placée en hippodrome. Pendant ce temps, les deux hélicoptères avec, accrochés à l’extérieur, les trois hommes volants, montaient vers leur altitude de largage, 1.000 ft, soit environ 300 m, au-dessus de la PAF qui évoluait alors à 1.500 m et à 145 kts.
Prévenir toute extinction de réacteur des ailes
Après leur largage, en moins de 30 secondes, les trois jetmen ont rassemblé sur les Alphajet par la gauche de la PAF, l’Extra 330 était alors de l’autre côté. Les changements de configuration se sont enchaînés méthodiquement selon le scénario qui avait été prévu la veille.
Pour des raisons de sécurité, les trois ailes ne sont jamais passées, ni devant, ni au-dessus des Alphajet, malgré l’impression que peuvent donner certains plans. Eric Magnan a joué sur la parallaxe pour créer l’illusion.
Le risque est qu’une aile perde un de ses réacteurs extérieurs. Automatiquement, le réacteur opposé s’arrête pour conserver la manoeuvrabilité. Toutefois, pendant la fraction de seconde que dure cette séquence, l’aile part en tonneau déclenché et peut perdre 30 à 50 m de hauteur tout en reculant. Il y avait donc une zone dangereuse à l’arrière de chaque aile dans laquelle il était exclu qu’un autre appareil évolue.
En 48 heures, les images du 747 d’Air France volant avec la Patrouille de France ont été vues 2,4 millions du fois sur internet. Les jetmen battront-ils le jumbo Jet ?
Gil Roy
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