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Aviation Générale

Retraite immédiate pour les Tracker de la Sécurité Civile

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Frédéric Marsaly

La découverte d’une nouvelle faille dans un train d’atterrissage d’un Tracker de la Sécurité Civile juste avant les fêtes a mené à une nouvelle interdiction de vol du type.  Le constructeur Conair et la DGA ont recommandé l’arrêt définitif de la flotte.

L’effondrement du train d’atterrissage T12 sur le pélicandrome de Béziers en septembre 2019 aura été le révélateur d’une faiblesse majeure et indétectée du Tracker. Après plusieurs semaines d’attente deux appareils avaient été autorisés à reprendre l’air en novembre.

Mais juste avant les fêtes la découverte d’une nouvelle crique dans une autre jambe de train d’un avion sortant de révision a mené à un nouvel arrêt des vols.

Il y avait sans doute des solutions techniques pour maintenir ces avions en état de vol comme faire construire des jambes de train neuves chez un constructeur agréé par Conair mais il est évident que des investissements lourds, pour des avions dont le retrait définitif était annoncé pour 2022, sonnent comme de vaines dépenses.

Si, à ce stade, le vieillissement de l’appareil ne semble pas en cause dans l’accident du T22 la conjonction de ces différents évènements peut avoir contribué à précipiter la fin de l’histoire du Tracker en France.

Cloués au sol depuis décembre 2019 et face à l’incertitude de l’avenir de leur monture, les pilotes de Tracker se sont organisés pour rejoindre les autres secteurs, Canadair pour la plupart puisque tous sont déjà passés par cette machine au début de leur carrière au sein de la Sécurité Civile, mais aussi sur Dash.

Cette réorganisation interne sonnait déjà comme le glas des Tracker français, ou du moins comme l’expression du très faible espoir de ces pilotes de pouvoir revoler sur leur machine en attendant que leur situation soit clarifiée, c’est désormais chose faite.

Reste que la fin du secteur Tracker va peser sur l’opérationnel puisque la mission GAAr (Guet Aérien Armé), essentielle, vitale, sera donc effectuée par les quatre Dash 8 seulement, alors qu’initialement, 5 Tracker devaient être aussi en ligne cet étéUn avion sur les six restants, T01, T07, T15, T20, T23 et T24, devait être retiré du service quoi qu’il arrive. .

Dans son rapport, le sénateur Vogel recommandait une accélération des livraisons des nouveaux Q400MR pour éviter toute rupture capacitaire, une solution évidente mais qui semble peu envisageable avec un préavis aussi court.  Faudra-t-il passer par la location saisonnière d’avions étrangers ?

Reste une dernière question, peut-être secondaire, celle de la préservation des machines. Plusieurs organismes s’étaient manifestés pour pouvoir exposer ces avions à l’issue de leur carrière avec, notamment, le T07 préempté par les ardéchois pour une exposition statique à Aubenas. Il aurait été simple de les convoyer vers leurs lieux de retraite en vol mais avec des avions désormais cloués au sol, il ne faudrait pas que recommence le pathétique feuilleton qu’on avait connu avec les CL-215.

Entrés en service en France en 1982, ces avions ont connu une carrière longue de 37 années où ils se sont avérés d’une efficacité indiscutable. La fin brutale de leur histoire française est particulièrement amère.

Frédéric Marsaly

 

 

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Frédéric Marsaly

Frédéric Marsaly, passionné par l'aviation et son histoire, a collaboré à de nombreux média, presse écrite, en ligne et même télévision. Il a également publié une douzaine d'ouvrages portant autant sur l'aviation militaire que civile. Frédéric Marsaly est aussi le cofondateur et le rédacteur en chef-adjoint du site L'Aérobibliothèque.

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  • J'ai eu l'immense privilège de faire partie de l'expérience "Observateur Aérien Embarqué" à bord de ces bijoux dans les années 90. Une semaine sur la BASC et une saison sur Carcassonne. Que du bonheur. Avec une légende... Le Col (e.r.) Robert Raibaud, précurseur incompris des HBE Lourds.
    En ce qui concerne l'accident de 2005 en Ardèche, l'un des deux pilotes était, comme beaucoup, un ancien de la PAF. et c'est à ce titre que je l'ai connu sur le Cap d'Agde dans les années 90 et retrouvé ensuite sur la BASC lors de la mise en place des Aéros avec son Altesse Perso 1er et l'Amiral. Une sacrée machine le CS2F.... En motorisation pistons, on passait partout...J'ai des souvenirs plein la tête...

  • mais une recommandation est juste une recommandation, ce n'est pas le retrait du certificat de navigabilité par l'autorité...

    • Il n'est pas question d'enlever le certificat de navigabilité du Tracker, mais de poser une consigne de navigabilité "obligatoire" du genre "Si la jambe de train est criquée à tel et tel endroit (avec inspection obligatoire de toute la flotte), alors l'avion concerné est interdit de vol jusqu’à remplacement de la pièce défectueuse".
      Si tous les avions de la Sécurité Civile s'avèrent concernés par cette faiblesse, et que le proprio de l'avion n'a pas les moyens de changer les pièces, ou n'a pas la volonté de le faire, alors les avions de la SC ne peuvent plus voler.
      Ce qui ne veut pas dire qu'un autre Tracker sous immatriculation Française qui n'a pas de faiblesse n'a pas le droit de voler.
      Le Boeing B737 Max a perdu son certificat, lui, car le problème complexe n'est pas juste un problème mécanique, mais un problème de conception, imposant de modifier tous les avions (mécanique + câblage + soft), qui sont tous, intrinsèquement, dangereux actuellement.

    • Très juste. Mais entretemps on m'a confirmé qu'il s'agit d'une consigne de navigabilité "valant interdiction de vol."

    • Musée serait moins pire que chez un ferrailleur.

      Je pense qu’ils vont trouver une nouvelle vie dans leur pays d’origine.

  • bye bye aux vénérables Firecat (étrange quand même car les californiens [CALFIRE] ont les même trains d’atterrissage et n'ont pas prévu de tout arrêté subitement) ,a priori 4 DASH (où en est le MILAN 77 ?) seulement pour faire tout le GAAR tout l'été et donc moins de moyens "lourds" mobilisable pour les renforts sur les feux prenant de l’ampleur, ça va être funky, en espérant que la saison ne soit pas trop chargée sinon ça risque de se compliquer pour la SC.

    • En phase Bob, la signature des 6 Dash par G. Collomb a été son seul unique acte fort pour la sécurité civile. Pour autant dans la stratégie de lutte et nonobstant l'arrêt prématuré des Trackers il y aura des trous béants dans la raquette sur le plan national et sans parler de la coopération européenne..... bien triste.

    • Les avions californiens sont plus récents, ont moins de cycles que les notres. Et comme ils veulent les garder encore une bonne vingtaine d'années, si le problème devait survenir chez eux, pas de soucis pour construire des jambes de train neuves prêtes à servir 60 ans de plus. Avec la retraite prévue dans deux ans, l'investissement ne se justifie pas autant même si les deux saisons à venir vont être forcément assez tendues.

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