Roanne croit en son aérodrome

La communauté urbaine de Roanne investit dans la mise à niveau de son aérodrome. Des choix ciblés et raisonnés dans l’intérêt des usagers et de la collectivité. Exemplaire.

N’en déplaisent à certains esprits chagrins, tous les gestionnaires d’aérodrome ne rêvent pas de panneaux solaires, ni de Ryanair. Certains sont tout simplement attachés à leur champ d’aviation ; souvent par habitude, même si le poids de la réglementation coûte de plus en plus cher aux finances locales. C’est le cas du Grand Roanne qui a récupéré la gestion de la plate-forme aéronautique en 2004, quand la ligne régulière sur Paris a été définitivement fermée. Le nouveau gestionnaire a rapidement compris que la Chambre de commerce venait de lui faire un « cadeau » empoisonné. Ce que confirmera un diagnostic de la DGAC.

Pour maintenir un trafic commercial à Roanne, la facture s’est élevée à plusieurs centaines de milliers d’euros. Plus de 600.000 euros pour la seule tour de contrôles et les locaux annexes. Sans compter le marquage au sol de la piste et la signalétique, ainsi que le renforcement du balisage lumineux. « Notre choix était simple : soit ne rien faire et limiter l’activité aux seuls aéro-clubs, soit remettre à niveau les infrastructures afin de pouvoir continuer à accueillir un trafic commercial avec pour objectif de mettre en place une nouvelle politique destinée à promouvoir l’économie et le tourisme », explique Jean-Luc Chervin, vice-président du Grand Roanne, en charge des transports.

A aucun moment, il n’a été question d’attirer ici une compagnie low cost. Encore moins de réaliser des investissements somptuaires. « Roanne est une région industrielle sinistrée », rappelle l’élu. « C’est un choix budgétaire important que nous avons fait alors que les finances locales étaient en difficulté ». D’où la volonté d’investir raisonnablement, uniquement là où cela était nécessaire afin de pouvoir « rentabiliser les investissements ».

A aucun moment non plus, il n’a été imaginé de fermer purement et simplement cet aérodrome qui fait partie du patrimoine local. Les roannais sont attachés à leur terrain synonyme de grande fête aérienne. Tous les deux ans, les usagers locaux organisent un meeting qui réunit 15 à 20.000 spectateurs. Cet aérodrome n’est pas à usage restreint, réservé aux seuls aviateurs du dimanche. Il est ouvert à tous les gens d’ici… Et c’est cela qui fait la différence !

La volonté a été de faire de cet aérodrome un outil d’aide au développement des entreprises à travers l’avion-taxi. Mais là encore, le pragmatisme l’a emporté, en tentant de fédérer les entreprises locales autour de l’exploitation d’un monoturbopropulseur via un GIE (groupement d’intérêt économique). Le projet est en marche, il est l’une de priorité de François Repecaud, le nouveau responsable d’exploitation, recruté en 2007.

Un autre axe de développement de l’aérodrome de Roanne, retenu par la collectivité locale, est l’aviation de tourisme. Une « niche » qui vaut la peine d’être exploitée, selon l’élu local en charge de l’aérodrome. « L’aéroport accueille chaque été des groupes en stage d’aviation ou de vol à voile. Ainsi, l’été 2010 a vu la venue d’un stage d’aviation de touristes hollandais et d’un stage de vol à voile de touristes allemands ». Pour exploiter cette « niche », il faut établir des connexions entre l’aérodrome et les structures touristiques locales. Il faut surtout développer un service aéronautique de qualité d’où l’ouverture de l’aérodrome 7/7j, 24/24h. 170.000 euros ont été investis dans une nouvelle station essence.

En parallèle de cette remise à niveau, le nouveau gestionnaire a cherché à faire rentrer l’argent dans les caisses. Des forfaits mensuels ont été instaurés pour les avions privés basés. « Avant on oubliait d’encaisser les taxes », explique François Repecaud qui a aussi créé des forfaits pour les aéro-clubs voisins avec option vol de nuit. Il a également rempli le grand hangar d’avions privés. Le Grand Roanne veut également utiliser son aérodrome pour attirer dans la région des entreprises à vocation aéronautique.

En attendant, courant octobre 2010, les aéro-clubs vont emménager dans l‘ancienne aérogare, refaite à neuf. De quoi faire des envieux du côté de Romilly-sur-Seine, ou de Montluçon-Guéret…

Gil Roy