La filière drone se cherche. Elle possède un potentiel indéniable, mais elle continue de susciter plus d’interrogations et d’attente qu’elle n’apporte de réponses. Entre évolutions réglementaires, faillites, regroupements, expérimentations et levées de fonds, François Baffou, celui qui depuis une dizaine d’années incarne UVA Show, le seul véritable salon professionnel du drone en France, nous aide à faire le tri.
La cinquième édition du salon biennal du drone professionnel aura lieu les 10, 11 et 12 octobre 2018 à Bordeaux-Mérignac. Depuis son lancement à la fin des années 2000, UAV Show La première édition a eu lieu en 2010s’est rapidement imposé comme le salon de référence de la filière naissante. Il est le seul à ne pas faire l’amalgame entre drone professionnel et de loisir et ainsi offrir aux acteurs l’occasion de se rencontrer sur les dossiers chauds du moment.
Les stands sur lesquels les entreprises exposent leurs produits et présentent leurs services, ne constituent, en effet, qu’une facette de ce salon. UAV Show c’est aussi des ateliers, des conférences et des débats. Tous les thèmes d’actualité sont traités. C’est ici aussi que se dessinent les tendances ou qu’émergent de nouvelles pratiques. Cette année, une journée entière (vendredi 12 octobre 2018) sera consacrée exclusivement aux présentations des matériels en action.
Le salon de Bordeaux-Mérignac a toujours proposé des démonstrations en vol, mais la nouveauté cette année est qu’elles sont dissociées de la convention d’affaires. « Il est important que les sociétés puissent montrer ce qu’elles sont capables de faire. Il est important aussi que les clients puissent voir évoluer des drones », explique François Baffou, directeur général de Bordeaux-Techowest, organisateur d’UAV Show. « Une dizaine de démonstrations devraient être réalisées par des constructeurs de drones français et étrangers, notamment des luxembourgeois et des japonais. Il y aura aussi des prestataires de services. Enedis va montrer comment elle procède aux inspections du réseau électrique ; une ligne haute tension sera installée pour la démonstration ».
UAV Show est d’une certaine manière la somme de toutes les promesses. Mais c’est aussi le lieu où l’on ne se ment pas. « Le drone est une activité très communicante qui fait toujours beaucoup parler », reconnaît François Baffou. C’est un fait que depuis une dizaine d’années, les médias et le grand public se passionnent pour les possibilités offertes par ces petits engins volants. Les professionnels n’ont pas besoin d’en faire beaucoup pour faire rêver. La réalité est toute autre et les premiers à en être conscients sont évidemment les acteurs de la filière.
« On constate que les marchés se développent au fur et à mesure que les technologies évoluent. Il y a de plus en plus de possibilités. Les freins sont moins sur le côté réglementaire que sur la technologie », déclare le patron d’UAV Show, prenant à contrepied ceux qui ont tendance à estimer que la réglementation entrave l’essor de l’activité drone. « La réglementation a permis d’ouvrir le marché à des prestations. Même si elle impose des limites en termes de poids, le cadre actuel offre des possibilités. Le scénario 4 de la réglementation autorise les vols de grande élongation, c’est-à-dire de plusieurs dizaines de kilomètres, hors de vue du télépilote. Dans ce domaine, le frein est avant tout technologique. »
Le drone est une activité économique jeune. Beaucoup s’accorde à admettre que l’année 0 est 2012, l’année de la première réglementation française. D’emblée, les plus optimistes lui ont prédit un développement stratosphérique. Même si ces prévisions ne se sont pas réalisées, certains économistes demeurent étonnamment confiants.
« J’ai découvert récemment une étude qui prévoit, au niveau mondial, un chiffre d’affaires de 11 milliards d’euros pour 2020. Pour ma part, je reste prudent », déclare François Baffou. « L’activité est croissante, mais elle ne croît pas aussi vite qu’espérée ».
Le directeur général de Bordeaux Technowest est également trésorier de la Fédération professionnelle du drone civil (FPDC). « 88% des adhérents de la FPDC réalisent un chiffre d’affaires annuel inférieur à 100.000 euros. Les entreprises de plus de 40 salariés se comptent sur les doigts de la main ». La taille modeste est le handicap de ces sociétés surdouées qui ont besoin de fonds pour se développer dans l’attente d’un plus ou moins lointain, voire hypothétique, retour sur investissements.
Les plus en vues ont recours aux levées de fonds. « C’est important et nécessaire pour intégrer les compétences, mais en parallèle, il faut générer du chiffre d’affaires. L’erreur est de croire que le drone est une filière de Recherche et Développement ».
Des pépites qui possédaient une technologie et un savoir-faire unique ont été liquidées ou ont été absorbées, malgré des levées de fonds spectaculaires, faute de générer un chiffre d’affaires suffisant. C’est le cas tout récemment de Xamen, la seule au monde à proposer un drone ATEX capable d’évoluer dans un environnement explosif et qui a été liquidée cet été par le Tribunal de commerce de Pau.
C’est le cas aussi de Pixiel qui a été reprise au printemps 2018 par Delta Drone qui fait figure aujourd’hui de poids-lourds du secteur, mais qui malgré un chiffre d’affaires en forte progression du fait de sa croissance externe continue d’enregistrer de gros déficits (un peu plus de 9 millions d’euros de pertes en 2017 pour un chiffre d’affaires légèrement supérieur à 6 M€). Skeyetech, pur produit de la pépinière d’entreprises bordelaise Technowest est passée sous le contrôle d’Azur Drones qui renforce ainsi son volet R&D.
Autre poids-lourds, Delair (7,1 M$ de CA en 2016, 110 salariés et 25 M$ de levée de fonds) s’est positionnée sur l’agriculture, la construction, l’énergie, le transport, la sécurité et la défense avec une offre de service unique. En partenariat avec Intel, l’entreprise toulousaine a, en effet, développé la plateforme cloud de traitement d’images Intel Insight. Cette plateforme de référence à l’échelle internationale gère, traite, analyse et partage les données issues de drones ou de tout autre mode d’acquisition d’imagerie aérienne.
En parallèle, Delair prévoit de produire 1.000 drones en 2018 sur ses deux sites de production de Toulouse et de Gand (Belgique). Jusqu’à présent son « best seller » était le DT-18, appelé à être remplacé rapidement par l’UX-11 dont le cycle de production a été ramené à seulement deux jours.
En face de ces start up créées pour la plupart au début des années 2010, les grands donneurs d’ordres que sont Altametris (filiale de la SNCF), Enedis ou encore Engie développent en interne leurs propres solutions drones adaptées à leurs besoins. Le modèle économique est évidemment ni le même, ni aussi fragile. Ces départements drones sont aussi des acteurs utiles pour la filière en ce sens qu’ils lui pèsent de tout leur poids dans sa crédibilité, notamment vis à vis des pouvoirs publics et du législateur.
Les 10 et 11 octobre 2018, à Bordeaux-Mérignac, UAV Show réunira environ 70 exposants. C’est moins que lors de la précédente édition, mais la surface d’exposition sera équivalente. A l’image des entreprises de la filière, les stands ont gagné en surface au cours des deux dernières années.
Gil Roy
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