C’est un exemplaire unique au monde d’une version spéciale du biréacteur d’affaires MS760 Paris développée par Morane-Saulnier dans les années 50 qui va être remis en état par les élèves du nouveau centre de formation DITECH, jouxtant l’aéroport de Tarbes.
L’association Héritage Avions Morane-Saulnier a réceptionné (19 septembre 2019), sur le site de DITECH, à Lannes (Hautes Pyrénées), un avion unique : le Morane-Saulnier MS 760C Paris III. Il s’agit en quelque sorte d’un retour aux sources pour cette vénérable machine puisque c’est ici, sur l’aéroport de Tarbes, que le biréacteur d’affaires français, effectua son premier vol voici 55 ans.
L’arrivée de cet avion s’inscrit dans le cadre d’un partenariat entre l’UIMM Occitanie Adour-Pyrénées, le site DITECH (Développement de l’Industrie dans les Territoires en faveur de l’Emploi et des Compétences dans les Hautes-Pyrénées) du Pôle Formation Adour et l’association. L’association a ainsi un lieu pour préserver une pièce unique du patrimoine aéronautique du plus vieil avionneur encore en activité, successivement Morane-Saulnier, Socata puis aujourd’hui Daher. Pour le centre d’apprentissage, il s’agit d’un outil pédagogique qui va permettre aux élèves de mettre en pratique leurs connaissances au travers du chantier de remise en état de ce jet.
L’idée est de le remettre dans un état proche de l’état de vol. Tous les espoirs sont ensuite autorisés… C’est donc un projet passionnant qui est proposé aux apprenti(e)s bac professionnel Aéronautique (deux options : aérostructure et systèmes) La spécialité « aérostructure » offre des débouchés dans la fabrication, la maintenance et l’assemblage de pièces ou sous-ensemble de structure métallique et/ou composite. La spécialité « systèmes » quant à elle, prédestine les stagiaires à se spécialiser dans les systèmes des aéronefs, tant dans la construction de la cellule que la maintenance des systèmes., du site de formation par apprentissage du Pôle Formation Adour.
Le MS 760C Paris III est une évolution du quadriplace MS 760 Paris, premier jet de liaison à voler en juin 1954. 157 appareils ont été produits dans l’usine Morane-Saulnier de 1956 à 1962.
Le modèle Paris III devait répondre aux remarques de la clientèle potentielle nord-américaine recueillies lors d’une tournée commerciale en 1955 : un fuselage plus long pour accueillir une cabine pressurisée confortable pour accueillir 4 passagers et une porte latérale, plus pratique pour accéder à bord.
Après le décès de son concepteur, l’ingénieur René Gauthier, en 1956 et par suite de difficultés financières, le Paris III restera à l’état de projet jusqu’au début des années 60. Le programme est finalement lancé à la faveur de la reprise des établissements Morane-Saulnier par Henry Potez, illustre pionnier de l’aviation. Le prototype effectue son premier vol le 28 février 1964, sur les pistes de Tarbes-Lourdes-Pyrénées avec pour équipage Lucien Colomes, pilote et Jean Burolleau, ingénieur navigant.
Après la cession de Morane-Saulnier à Sud Aviation en 1965, le programme Paris III est abandonné au profit d’un autre projet de jet d’affaires. Toutefois le prototype connaît une nouvelle carrière comme avion de liaison. D’abord au sein de Sud Aviation, qui devient Aerospatiale en 1970, où le MS 760C sert de navette entre Toulouse, le centre d’essais en vol d’Istres et les sites britanniques du programme Concorde. Les pilotes d’essais André Turcat, Jean Pinet, Gilbert Defer et bien d’autres se relaient à ses commandes pour faire avancer l’aventure à une époque où les visio-conférences relèvent encore de la science-fiction.
Après son utilisation par la division Hélicoptères d’Aerospatiale à Marignane, l’avion est cédé en 1983 à Euralair, présidée par Alexandre Couvelaire, pionnier de l’aviation d’affaires et du charter en France. Une compagnie aérienne bien connue dans la région pour avoir assuré des vols au départ de l’aéroport de Tarbes-Lourdes-Pyrénées. Partenaire du programme TBM à la fin des années 80 Alexandre Couvelaire a bien voulu confier à l’association le soin de restaurer ce maillon de l’évolution de l’aviation d’affaires, qui préfigurait l’avion Daher TBM aujourd’hui en production sur l’aéroport bigourdan.
Gil Roy
Les hélicoptères Puma HC2 âgés d’un demi-siècle seront retirés du service en 2025. Ils seront… Read More
La tour de contrôle centrale de l'aéroport de Paris-Charles de Gaulle est en travaux. Fin… Read More
Depuis plus de quatre décennies, le Pilatus PC-7 constitue la pièce maîtresse de la formation… Read More
On a rarement vu une compagnie aérienne aussi bien préparée à déposer le bilan que… Read More
Dans un roman, Jean Rousselot raconte à la première personne du singulier la carrière militaire… Read More
Textron Aviation a livré à l'armée de l'air péruvienne le premier de 2 Beechcraft King… Read More
View Comments
Bonjour. Mon fils est scolarisé dans ce centre d'apprentissage et m'a parlé de la réception de cet avion et de sa rénovation qui débute. Il y aurait apparemment beaucoup de travail et l'objectif de le revoir voler serait très lointain voire impossible. En tout cas, belle histoire qui a été marquée par la visite de certains de ces concepteurs et monteurs sur le site de Lanne.
cet avion était stocké sous des bâches jusque a 1972 date a laquelle il a été décidé a la demande de Aérospatiale de le remettre en état de vol.un chantier a donc était organisé avec rénovation de la planche de bord et montage d'un radar météo et rénovation de tous les accessoires ,nouvelle peinture.Il a ensuite était livré aux essais en vol de toulouse ou il a fait un carrière d'avion de liaison.
Dans les années 80-90, cet avion était rangé à l'abri dans le hangar du Bourget où Euralair avait ses bureaux: du bureau d'Alec où on négociait les contrats A330 et A321, on avait l'oeil sur le magnifique Paris III !
Merci Alec!
BD
C'est l'occasion de saluer le travail remarquable effectué par les bénévoles d'Armor Aéro Passion... http://www.aeropassion.fr/
Dans les années 60 - 61 l'escadron de reco 2/33 base à Strasbourg disposait pour ses liaisons d'un MS 760 Paris, suite a une explosion de la verriere en vol (elle etait en une seule piece ) l'appareil est retourné en usine a Tarbes et malheureusement n'est jamais revenu , l'appareil etait tres aprecié des pilotes de RF.84 en + des mecanos qui ont put voler à bord, il etait tres bruyant avec sa motorisation "Fouga" ( le sifflet à roulette...) la consommation...boof le MS 760 900l/h le RF.84 5000l/h.....
Quel bel avion ! J'ignorais son existence.
Certains MS760 ont démarré une nouvelle vie aux Etats-Unis, avec une avionique et des réacteurs modernes:
https://www.youtube.com/watch?v=YCBdEh_k3TQ
Un truc que l'on a oublié : un avion tres gourmand en carburant aux performances mediocres...
A l'aune des progrès technologiques réalisés en 65 ans, vous avez raison.
Mais ramené en 1954, année de la conception de cet avion, vous avez tort.
Prenez un peu de recul Pif : en 1900 on peinait à arracher du sol un plus lourd que l'air, et 70 ans plus tard on marchait sur la Lune!
On ne peut pas juger nos anciens à la lumière de connaissances dont ils ne disposaient pas.
Normal, il utilise des moteurs créés à son époque...
C'est vrai que cette machine a une ligne intemporelle (Cf Jaguar type E)
Reste à savoir si le nombre de cellules encores utilisables, le coût du job de de revamping et le marché donneraient suffisement de perspectives pour qu'un entrepreneur s'y mette...
Je me demande s'il n'y a pas une erreur de dates.
Il me semble que cet avion était garé dans les hangars nords de Marignane, dans les années 1970; il était "la propriété" d'Euralair déjà à l'époque, enfin ce me semble.
J'étais ITT (FI maintenant) à l'époque à l'aéroclub de l'aéroport.
Luc Gramsch
Merci pour ces merveilleuses chroniques