La Française triple championne du monde de voltige, catégorie Unlimited, a dévoilé son nouvel avion : un MX « voltige », un appareil aussi beau que moderne, avec lequel elle compte bien se hisser une nouvelle fois au sommet de la voltige mondiale.
J’ai toujours aimé relever de nouveaux défis ! déclare Aude Lemordant. En effet, la Française multiple championne du Monde et d’Europe de voltige Unlimited est une battante qui ne cesse de relever de nouveaux challenges.
Son premier, c’était en 2013 lorsqu’elle devenait championne du monde sur le Cap 332 de l’Amicale de Voltige Aérienne. Son second, en 2015 lorsqu’elle remportait un deuxième titre avec un autre appareil : un Extra 330SC. Son troisième, c’était en 2019 lorsqu’elle devenait la première française triple championne du monde après une longue période sans compétition et sans entraînement pour cause de maternité.
Enfin, cette année, à l’heure où le plateau aérien de la catégorie Unlimited tend vers le monotype avec l’écrasante domination des Extra 330SC – même les Russes s’y sont mis, c’est dire ! – Aude se lance un nouveau défi avec un nouvel appareil : un MX « voltige », une machine ultra moderne construite en Australie qui, à vrai dire, n’est pas si australienne que ça…
Construits par MX Aircraft, d’abord aux USA, puis en Australie, les MX ont surtout été vus sur les courses aériennes Red Bull Air Race, notamment aux mains du Français Mika Brageot. C’est un avion puissant, petit, léger et affûté comme une lame de rasoir.
Grâce à l’Américain Rob Holland qui possède le MX « voltige » n°1, Aude Lemordant a pu essayer la machine aux USA. La Française a tout de suite été séduite par ses performances et les sensations ressenties à son bord. Et puis, le MX a aussi du sang français : son fuselage est l’héritier du Cap 222 (qu’Éric Vazeille, ancien entraîneur de l’équipe de France, présente encore en meeting, avec la patrouille « Carnet de vol ») :
« J’aimais beaucoup piloter des Cap. Ils étaient très agréables et performants à l’époque, et puis ce sont des avions français. Avec le MX, je retrouve une partie des qualités de vol que je connaissais et que j’appréciais avec ces avions-là ! »
Il n’en fallait pas plus pour convaincre la Française qui, une nouvelle fois, se sera démarquée des autres voltigeurs en passant une commande à MX Aircraft pour faire construire le MX « voltige » n°2.
En mai de cette année, le MX est arrivé démonté à Darois depuis l’Australie dans un container, mais avec beaucoup de retard à cause de la crise sanitaire. C’est Bruno Ducreux d’Aéro Restauration Service, et Helmut Reichert qui l’auront réassemblé dans les règles de l’art.
L’avion n’est pas certifié en France, mais les Australiens ont fait les choses très sérieusement, allant jusqu’à récemment « casser un fuselage » en usine lors de tests d’efforts, ce qui aura contribué à étoffer les dossiers de calculs afin que la DGAC délivre un Laissez-passer à la Française pour voler (et voltiger !) avec un avion classé « prototype ». Dans cette affaire, tout le monde y trouve son compte : la DGAC prouve qu’elle n’est absolument pas fermée à la nouveauté, et les Australiens de MX Aircraft ont désormais une ambassadrice de prestige en la personne d’Aude Lemordant qui, de son côté, disposera d’une nouvelle machine ultra performante sur les prochaines grandes compétitions internationales.
Le MX est beau en l’air, beau au sol et il a un très gros domaine de vol. En Aresti, l’Extra est parfait, très sain et équilibré mais, en Freestyle, le MX fait la différence. Il suffit de voir Rob Holland qui domine ces vols-là depuis 5 ans ! explique Aude.
Et puis, surtout, le MX, c’est aussi un avion résolument moderne : intégralement construit en fibre de carbone, il dispose d’une avionique de type glass cockpit avec un large écran Garmin de dernière génération. Oui, à bord, on est bel et bien en 2021 !
Si cette machine semble être taillée pour le Freestyle, pour être performant en Aresti, tout n’est qu’une affaire de réglages. Et, sur ce point, on peut faire confiance à Aude ainsi qu’aux spécialistes qui gravitent dans sa sphère. Par ailleurs, le MX, dont le domaine de vol est véritablement insolent, a une particularité qui pourrait en faire LA machine parfaite pour la compétition : on peut facilement changer ses réglages grâce à des trappes stratégiquement placées. Ainsi, une fois les set up principaux définis, l’avion pourrait être capable d’être aussi sain et équilibré qu’un Extra 330SC pour les programmes Aresti, et moyennant quelques petites heures de mécanique, voltiger avec panache et dynamisme sur les vols Freestyle pour, qui sait, peut-être aller tutoyer Rob Holland sur son terrain de chasse.
La livrée est superbe et, comme souvent sur les avions d’Aude Lemordant, elle est parfaitement « lisible » pour les juges en compétition qui n’auront aucun mal à distinguer la « Face A » de la « Face B » ! Le bleu mat contraste avec les autocollants brillants et, sur l’extrados des ailes de la machine, la forme circulaire du bleu, blanc, rouge français semble évoquer une cocarde de l’Armée de l’air.
Sur cette livrée, on retrouve bien entendu ses sponsors, le Groupe ADP, Jet Fly, Beringer et Total. De son côté, Dassault Aviation n’apparaît que sur la combinaison de la Française.
Pour l’heure, Aude enchaine les vols pour, bien entendu, trouver les bons réglages, mais surtout apprendre à piloter son MX. C’est un gros challenge car c’est un avion très différent. C’est une remise en question totale : je dois apprendre de nouveaux gestes puisque je volais sur Extra depuis 2014, confie la championne. L’avantage, c’est que c’est un avion qui a été conçu sur-mesure pour moi.
Un avion ? Non ! Un monstre plutôt car le MX « voltige » n°2 est plus petit et plus léger qu’un Extra 330SC, mais son moteur (une base de Lycoming 540 qui a été préparé) est également beaucoup plus puissant et dispose d’une hélice MT Propeller développée spécialement pour lui. À la question « Quelle puissance développe ton avion ? », Aude botte en touche et se contente de répondre en riant : « Il est vraiment très très puissant ! ». On n’en saura pas plus…
Les prochains championnats d’Europe de voltige se dérouleront du 18 au 28 août 2021 en Pologne. Aude y participera si elle est prête, son objectif étant cependant les championnats du monde qui se dérouleront l’année prochaine. Ambitieuse, battante, surdouée, mais réaliste. C’est de ce bois que sont faits les champions. RDV en 2022 !
Bastien Otelli.
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Good luck Aude! Fly high the French colors👍
Pourquoi les femmes et les hommes concourent-ils séparément ?
Si je ne m'abuse, hommes et femmes volent de manière "mélangée", au hasard du tirage de l'ordre de vol. Il n'y a pas de concours "homme" d'un coté et "femme" de l'autre sur un autre terrain ou une autre date. Ça se passe le même jour, au même endroit, avec les mêmes juges, selon l'ordre de vol du tirage. Avec un classement global, et séparé, au même titre qu'on séparerait des juniors de séniors par exemple.
Souvent ces compétiteurs partagent le même avion d'ailleurs...
Si vous voulez imposer la parité en concours, va falloir former beaucoup d'aviatrices à la voltige ! Quel monde...
Bonne question ! La force physique, peut-être ? Ceci dit, les femmes et les hommes ne concourent pas séparément, à proprement parler. Car, s'il y a effectivement un classement "hommes" et un classement "femmes" , il existe aussi un classement général mixte (nous parlons des compétitions internationales). Et qu'adviendrait-il si une femme se hissait dans le top 3 du "général" ? Recevrait-elle une médaille supplémentaire ? De mémoire, aucune femme n'y est jamais parvenue, mais je n'ai pas la science infuse…
Bastien O, Svetlana Kapanina a été plusieurs fois sur le podium général final, et sur des podiums de programme.