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Une volonté de relance de l’aviation générale en Tunisie

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Bruno Rivière

Sous l’impulsion d’une poignée de passionnés d’aéronautique rassemblés au sein de la nouvelle Association Tunisienne de l’Aéronautique, l’aviation générale pourrait renaître en Tunisie. Dans un contexte d’instabilité politique et sociale, des projets sont lancés.


Après avoir connu une grande époque, notamment au cours des décennies 50 à 70 durant lesquelles la Tunisie comptait plusieurs aéroclubs dont celui de Bizerte, l’aviation générale en Tunisie s’est petit à petit éteinte. Aujourd’hui, il n’y a plus un seul aéroclub en Tunisie, ni aucun avion léger, ni même aucun planeur en état de voler. Cette situation est d’autant plus regrettable que le pays dispose de neuf aéroports ouverts à la circulation aérienne et de plus de soixante-dix pistes construites lors de la dernière guerre. Ces plate-formes pourraient, à moindre frais, être réhabilitées. L’ATA, Association Tunisienne de l’Aéronautique, s’attaque aujourd’hui à relancer la pratique de l’aviation générale. Et toutes les opportunités sont bonnes pour faire parler d’elle.

C’est à l’occasion des récentes festivités du quatre-vingt dixième anniversaire de l’aérodrome de Tunis, que le président de l’Association Tunisienne de l’Aéronautique, Habib Soussia, a présenté aux autorités aéronautiques tunisienne et à la presse le vaste projet porté par son association. « Il ne s’agit pas de faire de la politique », assure le bouillonnant auteur-producteur-réalisateur et toujours technicien de maintenance avions à Tunisair, « mais nous ne pouvons que constater que l’ancien président déchu Ben Ali a littéralement « bousiller » l’aviation générale en Tunisie. Finis, les aéroclubs en Tunisie ! Le ravitaillement en 100LL n’est plus assuré que par les militaires, et sur leurs propres terrains. Et, coup de grâce, le centre de vol à voile de Djebel Ressas, à une vingtaine de kilomètres de Tunis a été fermé en 1989 à la suite d’un accident aérien mortel… La situation ne pouvait plus durer. D’où cette idée, concrétisée en juin 2013, de créer cette Association Tunisienne de l’Aéronautique. Ses sept membres actifs représentent tous les maillons d’une chaîne capable de relancer l’aviation légère : pilotes, mécaniciens, contrôleurs aériens et même professionnels du tourisme. Il faut bien assurer le réceptif si nous voulons attirer en Tunisie des pilotes et des avions. »

Concrètement, l’Association Tunisienne de l’Aéronautique multiplie les occasions de communiquer. Elle a aussi, déjà, réalisé une belle performance en accueillant en septembre 2013 la réplique du Morane-Saulnier (type G) de Réplic’Air, à l’occasion du vol commémoratif du centenaire de la traversée qde Roland Garros entre Fréjus et Bizerte (soixante kilomètres au nord de Tunis).

Lors de cet première historique, Roland Garros a dû se poser en catastrophe près d’une école aux portes de Tunis, à cause d’une panne mécanique. L’avion a été réparé dans la nuit dans l’école. Aujourd’hui, l’ATA fait pression auprès des instances officielles pour réhabiliter l’école, la faire classer monument historique et en faire un petit musée de l’aviation dédié à Roland Garros. Désormais, l’Association Tunisienne de l’Aéronautique travaille main dans la main avec d’autres association, notamment avec « Rallye Aéro France » qui sillonne la Méditerranée depuis bientôt vingt ans.

Brahim Ouerzazi, secrétaire général de l’Association Tunisienne de l’Aéronautique souhaite parallèlement nouer des partenariats avec des instances françaises reconnues, telles que l’Aéroclub de France. « Oui bien sûr, nous allons essayer d’aider l’Association Tunisienne de l’Aéronautique, confirme Louis Le Portz, le président de l’Aéroclub de France présent à Tunis pour les quatre-vingt dix ans de l’aéroport. Nous ne savons pas encore comment, mais nous le ferons. C’est la vocation de l’Aéroclub de France. »

Et puis les idées germent. « En juin 2016, révèle Brahim Ouerzazi, nous devrions organiser le plus grand rassemblement d’avions et de machines volantes jamais organisé en Afrique nord-équateurienne. Ce sera à Tabarka (tout au nord de la Tunisie) où l’aéroport nous sera entièrement et exclusivement réservé durant trois jours. Nous comptons sur la présence d’une grosse centaine d’appareils. » Assurément, si ce projet aboutit, l’Association Tunisienne de l’Aéronautique aura alors réussi son pari : celui de refaire décoller l’aviation générale en Tunisie et redonner au pays sa vraie dimension aéronautique. D’ici là, la « Sauterelle » aura peut-être pris forme.

Lors de ses travaux de recherches historiques sur les débuts de l’aviation en Tunisie, Habib Soussia a retrouvé dans les archives des photos d’un curieux engin automobile, équipé d’un moteur d’avion. Mohamed Sadok Guellouz, directeur de l’Ecole Nationale d’Ingénieurs de Bizerte explique : « En 1912, un avion s’est crashé près de Tunis. Le moteur et l’hélice ont pu être récupérés et avec le sens du bricolage qu’on connaît des Tunisiens, et l’aide d’un jeune mécanicien français dénommé Emile Dewoitine, le groupe motopropulseur a été remonté sur une voiture qui a été utilisée pour traverser le désert ! L’engin, avec ses quatre roues libres (des roues d’avion) et son hélice à l’arrière était capable de passer les dunes en les sautant les unes après les autres, exactement comme une sauterelle… ! ». D’où le nom du projet qui mobilise aujourd’hui, cent ans plus tard, de jeunes élèves-ingénieurs tunisiens destinés à une carrière dans l’aéronautique.

Bruno Rivière
à Tunis

C'est ici, dans ce qui reste d'une école près de Tunis, que Roland Garros s'est posé le 23 septembre 1913 avec son Morane-Saulnier.
Habib Soussia (à droite), président de l'Association Tunisienne Aéronautique
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Bruno Rivière

Reporter photographe par passion, Bruno Rivière a assuré la rédaction en chef d’Aéroports Magazine pendant près de 25 ans. Il a également enseigné le journalisme en faculté. Spécialiste du transport aérien, il a rejoint Aerobuzz en janvier 2011. Bruno Rivière réalise des reportages et des recensions de livres.

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    • suis pilote planeur et ULM en retraite aimerais apporter mon soutien à une relance du vol à voile en Tunisie , voir apporter sur place de belles machines.
      les jeunes tunisiens voulant devenir pro, c est une bonne école.

      amitiés Bertrand

  • Une volonté de relance de l’aviation générale en Tunisie
    je veux devenir pilote de ligne est j'ai un bac economique est ce que c'est possible

  • Une volonté de relance de l’aviation générale en Tunisie
    Article qui me fait bien plaisir, je suis pilote privé aux ailes coupées vu l'impossibilité de voler en Tunisie. Je serai très intéressé à rejoindre ce groupe de passionné et apporter si possible ma contribution.
    Mon email: geosys@gnet.tn
    dans l'espoir de pouvoir survoler mon pays très bientôt
    cordialement

    un passionné

  • Une volonté de relance de l’aviation générale en Tunisie
    Bonjour.
    actuellement je suis à la retraite. je suis disposé pour contribuer à la relance de AG en Tunisie.

  • Une volonté de relance de l’aviation générale en Tunisie
    Il serait intéressant pour aider ce...redécollage de faciliter les passerelles voir établir des ponts entre aéronautique, aéroclubs, passionnés, pilotes etc. et éducation. Ce que fais le BIA Brevet d'Education Aéronautique, en France. Chaque année uen centaine de jeunes de 13 à 20 ans passent ce brevet hors de France via les ambassades ou les consulats. L'intérêt est d'établir un réseau solide en Tunisie avec la mantière déjà existante.
    Franck Bourgine
    Rérfarent national BIA (brevet pour les éléves) & CAEA (certificat pour les enseignants)

  • Une volonté de relance de l’aviation générale en Tunisie
    La FFA se réjouit de cette initiative de relancer l'aviation légère en Tunisie et félicite les initiateurs.
    Elle précise toutefois que si l'Aéroclub de France est un excellent interlocuteur pour toute la partie historique (et notamment Roland Garros) c'est la Fédération Française Aéronautique (FFA) qui depuis 1929 regroupe et assiste les 600 aéroclubs de France, d'outre mer et certains d'Afrique. Elle est à même de conseiller utilement les futurs aéroclubs tunisiens en gestation : http://www.ff-aero.fr
    Jean Michel OZOUX
    Président de la FFA

    • Une volonté de relance de l’aviation générale en Tunisie
      Cher M. Ozoux,

      Votre commentaire nous a fait très plaisir et nous encourage à solliciter une collaboration entre la FFA et l'ATA
      Nous vous écrirons en privé sur contact@ff-aero.fr
      Cordialement

      Habib Soussia,
      Président de l'ATA
      (+216) 9834033

  • Une volonté de relance de l’aviation générale en Tunisie
    Bonjour
    Pouvez vous me donner les coordonnées de Habib SOUSSIA ou de Brahim OUERZAZI pour nous mettre en contact avec cette association?
    Merci
    H. BELAGE
    President de la Fédération RSA.

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