Dans le but de simplifier les conditions techniques de certification des aéronefs légers et d’harmoniser les règles entre l’Europe et le Etats-Unis, professionnels et usagers ont eu jusqu’au 27 mai 2015 minuit pour se prononcer sur l’avant-projet de réglementation proposé par l’Agence Européenne pour la Sécurité Aérienne (A-NPA 2015-06). Pour les européens, le risque est que l’EASA se repose sur l’industrie américaine pour l’écriture et la diffusion des règles techniques.
L’Agence Européenne pour la Sécurité Aérienne (AESA) a publié l’A-NPA 2015-06 le 27 mars 2015. Cet avant-projet règlementaire précède la future proposition d’évolution règlementaire (NPA) Une A-NPA est un Advanced Notice for Proposed Amendment, un avant-projet règlementaire. La proposition d’évolution règlementaire (NPA) suivra. visant à simplifier les conditions techniques de certifications des aéronefs légers et l’harmonisation des règles entre l’Europe et le Etats-Unis est grandement inspiré (sic) par les travaux effectués aux Etats-Unis. Le fait d’avoir un règlement mondial est un rêve qui se réalise, les constructeurs devraient dépenser moins d’énergie et d’argent à obtenir des validations de leur certification.
La catégorie Light Sport Aircraft (LSA) aux Etats-Unis répond à un régime déclaratif. Les règles techniques sont établies par l’entreprise privée ASTM International qui utilise un système de commentaires par Internet et organise des réunions de travail régulières. Les concepteurs, les constructeurs, les ateliers d’entretien, les utilisateurs et les Autorités sont invités à participer à ses travaux.
La nouvelle structure règlementaire est intéressante : objectifs de sécurité, règles techniques et guides de démonstration de conformité sont dans trois livres différents. Cette future règlementation devrait pouvoir laisser aux concepteurs d’aéronefs une certaine liberté pour proposer des conditions techniques applicables à leur produit.
Les objectifs affichés par l’AESA sont excellents. Toutefois, la proposition de l’AESA consiste à proposer de confier à l’industrie américaine l’écriture et la diffusion des règles techniques applicables aux avions légers. En effet, les membres des groupes de travail ASTM sont principalement américains. Participer aux travaux de l’ASTM représente un coût important que même des constructeurs bien établis ne peuvent pas se permettre. La proposition de l’AESA impose également aux entreprises européennes d’être clients d’ASTM International. Enfin, les règlements aujourd’hui gratuits vont devenir payants.
Cette évolution semble à l’opposé de la mission originelle de l’AESA dont la création avait pour objectif de créer un contre pouvoir à la FAA au niveau mondial.
Il faudrait que les constructeurs européens réussissent à peser dans le débat à l’ASTM, qu’ils travaillent ensemble, financent ensemble la participation aux travaux… cela semble utopique ! En conséquence, la seule solution qui nous semble réaliste serait que le futur règlement européen autorise un constructeur à proposer comme un code technique de son choix pour son aéronef qui pourrait être un règlement actuel, un ancien règlement publié par un pays reconnu ou un standard industriel (Eurocae, ASTM ou autre). Bien entendu, cette position devrait être défendue par l’AESA à la FAA afin que les Etats-Unis d’Amérique prennent la même position.
L’AESA a prévu de publier sa proposition de règlement au deuxième trimestre 2016. Nous avons donc quelques mois pour réfléchir et faire passer des messages. En attendant, avant le 27 mai 2015 à minuit, il vous reste quelques heures pour déposer vos commentaires sur l’A-NPA 2015-06 !
Hugues Le Cardinal
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Vers une certification mondiale des aéronefs légers
Bonjour,
Jaimerai savoir si ce texte concerne les ULM à la française ??
Vers une certification mondiale des aéronefs légers
A chaque fois que l'on laisse les Américains s'occuper d'écrire les réglementations, ils se débrouillent pour qu'elle favorise l'industrie américaine. Si en plus il faut payer pour avoir accès aux textes réglementaires, ça ne va pas favoriser l'éclosion de nouveaux constructeurs.
Ajoutez à cela que l'on paye des fonctionnaires européens pendant des années à réfléchir à un problème, pour qu'au final ils proposent que quelqu'un d'autre s'occupe de tout à leur place, on va finir par se poser des questions sur leur utilité... D'autant plus que ce n'est pas la première fois.
Cher Hugues, vous nous avez donné l'information objective, mais je serais curieux d'avoir votre avis de spécialiste sur la question.
Vers une certification mondiale des aéronefs légers
Bonjour
Hugues le Cardinal a raison quand il déplore l'absence des industriels Européens dans les instances de l'ASTM.
Mais ceci n'incombe en rien ni à l'ASTM ni à l'EASA.
Le principe retenu en commun (et ça c'est à la fois nouveau et satisfaisant) consiste à faire écrire les spécifications de certification par les industriels.
L'organisme retenu pour organiser tout cela est l'ASTM.
Certes d'origine US mais dont la moitié des membres sont hors US (ce ratio global est probablement plus faible pour les groupes de travail aviation générale).
Et l’internationalisation de l'ASTM le conduit à organiser le moitié de ses meetings en Europe (pour l'aviation générale, toujours).
Le précédent a donc eu lieu à Friedrischafen (en début de la semaine d'Aero).
Nous étions un grosse quarantaine dont seulement une dizaine d'européens !
J'attier alors l'attention sur les 30 (et quelques) autres participants qui pour la plupart venaient des USA .
Cherchez l'erreur ?
A qui cette erreur est-elle reprochable ? A l'ASTM ? probablement pas. vu l'effort de main tendue vers l'industrie Européeene.
A l'EASA ? la solution alternative évoquée par Hugues repose sur l'EUROCAE (en gros l'équivalent Européen de l'ASTM - du moins pour l'aviation) qui s’appuie sur la participation volontaire des industriels.
Pourquoi les industriels européens (à quelques notables et trop rares exceptions) qui ne participent pas aux travaux de l'ASTM, participeraient-ils aux travaux de l'EUROCAE ?
Je ne comprends pas ici la position d'Hughes.
Je suis encore plus dubitatif devant l'idée de proposer un choix "à la carte" de la spécification de certification ... belle pagaille en perspective.
Non la véritable solution conduit aux constructeurs à cesser de se plaindre de règlements ineptes (et ils ont souvent raison) pour se réunir et multualiser leurs forces pour PARTICIPER à ces travaux.
On commence quand ?
Bons vols à tous et à toutes.