Le 16 décembre dernier, à Cape Town, se terminait la première édition du Vintage Air Rallye. Pour les participants qui ont traversé l’Afrique du Nord au Sud à bord d’avions de collection, ce rallye aérien comptera parmi leurs plus intenses heures de vol. Comme promis, Alexandra Maingard et Cédric Colette qui, sur le Stampe, composaient l’unique équipage Francophone, reviennent sur cette épopée.
Le 16 décembre, à 11 heures précises, les roues du Stampe SV4 d’Alexandra et Cédric se posaient sur la piste 19 de 760 mètres de long du petit terrain de Stellenbosch, en Afrique du Sud. L’équipage franco-belge bouclait ainsi une aventure aéronautique de 35 jours. Une arrivée qui, pour beaucoup, fut riche en émotion comme en témoigne le couple d’instructeurs belge : « L’émotion était à son comble et il régnait dans les cockpits des airs de soulagements et de tristesses. A ce moment, nos larmes traduisaient une immense joie ».
Une première pour un Stampe
Et quelle aventure : 13.000 kilomètres parcourus en 95 heures de vol avec pas moins de 10 pays traversés depuis le décollage de Sitia en Grèce, ville de départ du rallye. « Nous sommes heureux d’avoir relevé ce défi ! Heureux d’avoir fait rentrer ce Stampe SV4 dans l’histoire en tant que seul exemplaire ayant jamais traversé le continent africain du nord au sud. Heureux d’avoir défendu les couleurs de la Belgique et de la France comme seule équipe francophone du rallye. Heureux d’avoir découvert ces pays extraordinaires et ces espaces grandioses à basse hauteur et faible vitesse depuis un cockpit ouvert. Heureux d’avoir rencontré et pu partager quelques moments avec ces hommes et ces femmes qui nous attendaient à nos différentes destinations avec des sourires et une générosité qu’on trouve difficilement en Europe. Si c’était à refaire ? Oui, nous le referions ! » se réjouit Alexandra.
Et pourtant, ce raid aérien fut loin d’être une balade touristique ! Au programme, il y eut des problèmes techniques, des moments périlleux et de bonheur, une logistique pas toujours au top et une bureaucratie locale délirante.
Panne de magnéto au Kenya
Sur le point technique, l’avion s’est globalement bien comporté confirme Cédric, satisfait. «Il faut dire que l’avion avait été spécialement préparé par Raymond’s Aircraft Restoration, spécialiste belge du Stampe et des avions de collection en général. Ils nous ont soutenu tout au long du périple et Raymond a effectué une inspection complète de l’avion en Crète, juste avant le grand départ. Il nous a également rejoint à Zanzibar pour la visite des 50 heures. » Malgré cette aide apportée, l’équipage numéro 13 fut victime de quelques avaries au cours du voyage.
Tout d’abord, il y eut une panne de magnéto au Kenya qui fut remplacée par une magnéto de rechange, que l’équipage avait emporté dans ses bagages, puis une panne de l’alternateur principal qui n’a jamais pu être réparé malgré les nombreuses heures passées à essayer de comprendre la cause. Ensuite, il faut ajouter la perte de l’hélice de la génératrice de secours qui avait été montée spécialement sous le fuselage de l’avion pour le rallye.
Marée noire dans le cockpit
Il ne faut pas oublier non plus que le revêtement en résine de l’hélice s’est effrité au fur et à mesure du voyage, rendant l’hélice dans un état de détérioration inquiétant. Malgré tout, aucune vibration n’a été ressentie et les aventuriers ont pu continuer à voler sans crainte.
Enfin, la consommation d’huile a triplé entre les premiers vols et les derniers. La consommation est passée d’un demi litre par heure au début du voyage à un litre et demi à l’arrivée en Afrique du Sud. « Après chaque vol, nous passions un bon moment à nettoyer l’avion. C’était la marée noire, jusque dans le cockpit » précise Cédric.
De son côté, pour avoir relayé Cédric aux commandes, Alexandra ne manque pas d’éloge au sujet du Stampe. « C’est un avion formidable ! Il vole avec une telle élégance. Une fois qu’on a appris à le manier correctement, il offre un plaisir de vol inégalé ».
La Méditerranée à 2.000 pieds
Un rallye aérien est avant tout un prétexte pour la recherche de l’aventure. Malgré tout, une aventure n’existe pas sans quelques moments périlleux dont Alexandra et Cédric ont fait l’expérience. Le moment le plus stressant fut la traversée de la Mer Méditerranée confit Cédric.
« Nous avions décidé que nous volerions entre 6.000 et 8.000 pieds, pour autant que les vents ne soient pas défavorables. Le jour de la traversée, il s’est avéré que les meilleurs vents se trouvaient entre la surface de l’eau et 2.000 pieds. Nous avons donc volé à 2.000 pieds ! L’air était calme, il ne faisait pas froid. Tout s’est finalement bien passé. »
Le Stampe n’aime pas les terrains élevés
Parmi les autres moments délicats de l’aventure, on compte aussi le décollage de Eldoret et de Nairobi au Kenya. La chaleur combinée à l’élévation des aéroports rendait en général les décollages très périlleux, explique Alexandra. « A Eldoret, l’avion ne parvenait pas à prendre de la vitesse sur la piste. Il a fallu rouler presque 2.000 mètres pour atteindre la vitesse de décollage. Et une fois en l’air, le taux de montée était tellement mauvais qu’on s’est demandé à plusieurs reprises si on allait pas finir par toucher un arbre. L’atterrissage à Gaborone au Botswana était également particulièrement difficile à cause d’une forte composante de vent arrière et de travers. »
Le crash du Stearman de Team Eagle
De son côté, Cédric affirme que, malgré tout, le moment le plus dur émotionnellement fut d’apprendre le crash de Team Eagle et de leur Stearman. Pas de blessé grave, mais un avion détruit.
« Cette terrible nouvelle nous a subitement fait redescendre sur Terre. Voler en Afrique en petit avion, quel rêve ! Mais il ne faut pas oublier que cela reste un jeu qui comporte un certain danger, surtout avec un avion ancien ». Alexandra rajoute « Il n’y avait pas de place pour le romantisme. Il fallait se battre ! Et tant que l’avion le permettait, hors de question d’abandonner le rallye. Nous avions tous accepté les risques lors de notre inscription. »
Des émotions inoubliables
Le rallye en lui même fut un moment de bonheur me dit Cédric. Bien entendu, dans les moments phares, il faut compter l’atterrissage au pied des pyramides de Giza, le 13 novembre, ou encore le survol en formation du Cap de Bonne-Espérance à 200 ft au dessus de la mer. « Nous avons fait le dernier vol de clôture autour du Cap de Bonne Espérance dans un silence radio total. Mais il n’y avait rien à dire, c’était tellement magnifique. Tous les biplans volant ensemble à 200 pieds au dessus de la mer. Énormes émotions ! »
L’intendance a eu du mal à suivre
Durant les 35 jours en Afrique, Cédric reconnaît que la logistique a été à la hauteur du rallye. « A chaque escale, nous avons eu de l’huile et du carburant grâce à une logistique bien rodée. Les hôtels étaient plutôt confortables, et nous avons toujours très bien mangé. », confirme Alexandra.
« Le transport de nos bagages dans le Cessna Caravan et dans l’Antonov 2 a en revanche été quelque peu chaotique. Nous sommes partis de Crète sans nos valises, et nous n’avons récupéré qu’une partie de nos affaires à Nairobi, soit deux semaines plus tard… A revoir donc » ajoute Cédric. Le plus difficile à supporter selon le couple fut la bureaucratie Africaine.
Il y eut, tout d’abord, cette arrestation par les autorités Ethiopiennes à Gambella. « Ce fut vraiment éprouvant ! Il faut aussi rajouter les continuelles attentes parfois interminables au point d’attente sous un soleil de plomb quand le contrôleur aérien devait « encore vérifier quelque chose » avant de nous donner l’autorisation de décollage. Avec des nuits de six heures, on devient sensibles à ces petites choses » fait remarquer Alexandra.
La prochaine édition du rallye aura lieu en mars 2018 et reliera Ushuaia à New-York. L’équipage Franco-Belge ne devrait pas y participer sauf si un ou deux partenaires pouvaient les aider à financer le projet. A bon entendeur…
Jean-François Bourgain
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