Voltige : la relève pousse

Depuis 2009, la France domine sans partage la catégorie Advanced. Elle a remporté sans exception tous les titres mondiaux et européens par équipe. La sélection française a rendez-vous le 4 août 2016 en Pologne, pour confirmer sa suprématie à l’occasion du championnat d’Europe.

La catégorie « Advanced » considérée par certains comme une sous-catégorie de l’ « Unlimited » est en passe de devenir, en France, un réservoir riche pour le sélectionneur national. Le niveau relevé du championnat de France Advanced 2016 qui a réunit 26 concurrents à Darois (28 juin-1er juillet) laisse présager que la domination tricolore sur la voltige mondiale au plus haut niveau est appelée à durer grâce à une approche judicieuse de l’Advanced.

Un exemple ne constitue pas une règle, surtout quand le voltigeur en question est membre de l’Equipe de voltige de l’armée de l’air (EVAA) et bénéficie de ce fait de conditions d’entrainement supérieures à la moyenne. Il n’en demeure pas moins, qu’un an après avoir été sacré vice-champion du monde de voltige en catégorie Advanced, Alexandre Orlowski, alias Popov, est devenu champion du monde de voltige Unlimited.

La manière avec laquelle il vient de remporter le championnat de France 2016, le 1er juillet 2016 à Darois, fait de lui l’un des favoris du futur championnat d’Europe qui aura lieu, en août, en république Tchèque. A ses côtés, d’autres jeunes pousses qui se sont illustrées en Advanced, visent le podium. C’est le cas de Baptiste Vignes, champion du monde 2010, Louis Vanel, champion du monde 2014, Simon de la Breteche, vice-champion du monde 2012 et champion d’Europe 2013, Romain Fahl, vice-champion du monde 2014. Tous ont été champions du monde et d’Europe par équipe à plusieurs reprises. La France domine la discipline depuis 2009, sans interruption. Et le hasard n’y est pour rien.

Très rapidement, la Fédération française aéronautique, en effet, sous l’influence de ses directeurs techniques nationaux successifs, soutenus par les élus, a pris au sérieux la catégorie « Advanced », en mettant en place un championnat de France digne de ce nom, en lui octroyant un encadrement technique dédié et en lui affectant des moyens propres pour participer aux rencontres internationales. La plupart des autres nations ont traité cette catégorie émergeante pour ce qu’elle était dans l’esprit de la Fédération aéronautique internationale, une catégorie de seconde division, ouverte aux compétiteurs qui n’avaient ni les moyens financiers, ni le niveau technique pour se frotter à l’ « Unlimited ».

A l’origine, l’Advanced était limitée aux avions monoplaces bois et toile de moins de 300cv, et au biplace carbone de moins de 300 cv. On y retrouvait les Extra 230, les Cap231 ou encore les Pitts, autant d’avions surclassés par les nouveaux modèles. En 2010, ces restrictions ont été levées. Les seules limitations qui sont demeurées sont liées aux figures de voltige et aux coefficients qui leur sont attribués ; pas de déclenchés verticaux montants, ni de cloches, ni de déclenchés négatifs en Advanced et les coefficients n’excèdent pas 40. Les programmes sont moins infernaux qu’en Unlimited.

Chacun s’accorde pour reconnaître que la marche entre les deux catégories est haute. Pour beaucoup de pilotes à travers le monde, ce sont deux championnats parallèles, autrement dit, un pilote peut naturellement effectuer une carrière sportive internationale en Advanced sans jamais ambitionner de passer en Unlimited.

En France, depuis le début des années 2010 et l’abolition des limitations concernant les avions, l’Advanced est au contraire appréhendé comme une manière de permettre à un plus grand nombre de voltigeurs de gouter à l’adrénaline d’une compétition internationale et s’ils en ont les capacités, mais aussi la volonté, d’envisager à terme de viser l’Unlimited. C’est la raison pour laquelle, il a été décidé, au niveau de la FFA, qu’un compétiteur ne resterait pas plus de trois ans en Advanced. Sauf exception.

Même si la marche est haute, force est de constater que grâce à la politique de haut niveau mise en œuvre par la FFA, les pilotes la négocient plutôt bien. Leurs résultats sont là pour en attester. Sur les six titulaires de l’équipe de France Unlimited 2016, trois sont passés par l’Advanced, et sur les cinq qui se sont disputés, au championnat de France, les 3 places restantes, 3 également ont suivi le même chemin.

Jusqu’au départ forcé de Coco Bessière, les deux équipes de France Unlimited et Advanced avaient le même entraineur. Depuis, l’Unlimited est entrainée par Eric Vazeille, et l’Advanced, d’abord par Olivier Masurel et depuis cette saison par Baptiste Vignes, champion du monde Advanced en 2010, vice-champion d’Europe Advanced en 2011 et 9ème au championnat du monde Unlimited, en 2015.

Outre un entraineur national et un capitaine d’équipe (Manuel Foulon), les jeunes pilotes Advanced ont la possibilité de participer à trois stages d’entrainement d’une semaine chacun encadré par l’entraineur national. Pour les voltigeurs français qui ont la compétition dans le sang, l’Advanced apparaît de ce fait comme l’un des moyens d’accéder rapidement au plus haut niveau, d’où une forte participation au championnat de France. Cette année, à Darois, ils étaient 26, autant qu’en 2013 à Moulins. C’est vraiment à partir de 2011, quand les règles ont changé et que les limitations concernant les avions sont tombées, que cette compétition a d’une année sur l’autre connu le succès.

Le fait de pouvoir partager un même avion entre plusieurs compétiteurs des deux classes permet évidemment aux écuries de voltige de jouer sur les deux tableaux sans avoir à entretenir un parc avion trop large. Vendée Sports Aériens place un pilote sur le podium Elite (Olivier Masurel) et deux sur le podium National 1 (Thomas Libaud et Loïc Lovicourt), sans oublier Xavier Dorey qui décroche le titre en Excellence. Tous volent sur Extra 330SC qui règne en maître, en Unlimited comme en Advanced.

Pour la sélection française Advanced, le point culminant de la saison sera le championnat du monde qui se déroulera à Radom (Pologne) du 4 au 14 août 2016.

Gil Roy