Les 61 concurrents des championnats du monde 2019 de voltige (Châteauroux 22-31 août 2019) se mesurent dans trois programmes « Inconnu-Libre » consécutifs. Un programme qui est l’art de compliquer la vie de ses adversaires, en leur imposant les pires figures.
Le programme Inconnu-Libre est composé de manière collégiale par les 10 nations les plus représentées dans la compétition. Il ne faut en déduire pour autant que l’épreuve est le fruit du consensus. C’est tout le contraire !
La création de programme respecte un cérémonial bien rodé. Dix nations doivent ainsi commencer par proposer chacune une figure. Si il y a plus de dix nations participantes, comme c’est le cas cette année à Châteauroux, les pays ayant les équipes les plus importantes auront la priorité. Pour composer un programme, il faut que les figures respectent, là-encore, certains critères : figures issues du catalogue Aresti, certaines familles de figures doivent absolument être représentées, etc…
Imaginé par le colonel espagnol José Luis de Aresti Aguirre en 1961, ce catalogue répertorie en effet toutes les figures de voltige aérienne en les dotant d’un système de notation, le fameux K. Ce dernier aspect n’est pas négligeable car c’est sur celui-ci que repose tout le principe de jugement de la voltige aérienne moderne.
La philosophie Aresti se base sur la composition de figures élémentaires. Si on compose deux figures pour en créer une troisième, il suffit d’ajouter les points pour obtenir la note de la figure finale. La boucle a un K de 10, le tonneau a un K de 8. Si on réalise une boucle avec un tonneau à son sommet, cette figure vaudra 18 points. CQFD.
Tout commence donc par un tirage au sort pour déterminer l’ordre les 10 équipes. Etant données les contraintes imposées dans les choix des figures, il est évident qu’il vaut mieux faire partie des premières équipes à choisir les figures afin d’avoir le plus de possibilités.
Pour le choix de la figure, la stratégie pourrait être de mise. On pourrait penser que chaque équipe peaufine pendant un an une figure compliquée afin d’avoir une avance sur ses concurrents en la proposant pour l’Inconnu-Libre. Que nenni ! La réalité est souvent plus basique. Plus la figure proposée sera compliquée, moins de pilotes pourront la réaliser et plus elle permettra à nos pilotes expérimentés de creuser l’écart avec leurs adversaires.
En fonction des contraintes qu’il nous reste dans le choix de la figure (voir étape tirage au sort ci-dessus), l’habitude est donc de choisir la figure la plus technique possible. Cette escalade de la violence a même mené des petites équipes à proposer des figures qu’aucun de leurs membres ne pouvaient décemment passer… Le vertige de l’outsider sans doute…
Une fois toutes les figures proposées, chaque équipe se met à la conception d’un programme Inconnu-Libre, d’où le terme « Libre ». Le but, désormais, est d’ordonner les figures les unes par rapport aux autres. Pour les lier ensemble, il est en outre possible de choisir jusqu’à quatre nouvelles figures. Il existe donc, au final, autant de programmes Inconnu-Libre qu’il y a d’équipes dans la compétition.
Pour finir, une fois ces programmes validés par le jury, chaque pilote choisi un programme parmi le panel présenté. Un pilote d’une équipe peut ainsi choisir un programme conçu par une autre équipe. Les programmes ayant tous le même nombre de points, le jugement et le classement peuvent ainsi se faire à l’issue des vols.
Si la météo le permet, cette procédure sera ainsi répétée trois fois pendant la compétition puisque trois programmes Inconnu-Libre sont prévus. Le règlement impose d’ailleurs qu’aucune figure ne soit proposée deux fois pendant la durée de la compétition.
De par leurs spécificités, les programmes Inconnu-Libre creusent les écarts. La difficulté de réalisation des figures permet aux pilotes les plus entrainés de démontrer toute l’étendue de leurs talents. La compétition promet d’être passionnante.
Guillaume François
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