Avant de profiter des joies de la balade en Piper Cub, il faudra au pilote passer le rite de passage du train classique. © Aéro-club de Bernay
La transition d’un avion à train tricycle vers un train classique peut apporter son lot de complications, d’autant plus lorsque l’élève a appris sur un avion moderne où le lacet inverse et le roulis induit ont presque disparu. C’est pour démystifier les « traîne queue » et leur comportement au sol que François Bergeon a publié ce guide clair, drôle, accessible et utile dont c’est la deuxième édition parue récemment chez Cépaduès.
François Bergeon enseigne l’art du pilotage des « traîne queue » depuis plus de trente ans. On peut en effet parler d’art dans ce domaine où la précision du geste compte, où il faut composer avec les éléments et une configuration particulière, tout en étant réactif aux commandes. D’où le sous-titre « l’art de la finesse agressive. »
Avec un humour qui coure tout au long de son ouvrage, François Bergeon parle à juste titre de Dr Jekyl et Mr Hyde en évoquant le comportement d’un avion agréable en vol, qui peut tout à coup se muer en petit démon à l’atterrissage.
Celles et ceux qui redoutent le cheval de bois, qui appréhendent la mise en pylône, cet ouvrage est fait pour vous. Le guide de François Bergeon avait fait l’objet d’une première édition chez JPO. Cépaduès vient de sortir la seconde édition en novembre 2023.
Ni meilleur ni moins bon qu’un avion tricycle pour apprendre à piloter, le train classique est différent, plus démonstratif et, une fois son comportement compris et maîtrisé, c’est une source de plaisir et de grande satisfaction. En outre, la variante train classique donne accès à beaucoup d’avions anciens tels les Piper Cub, sans parler des Jodel et des avions de voltige.
Mais il faut bien reconnaître que pour les élèves ayant appris sur train classique, la transition se fait quasiment sans efforts sur train tricycle. L’inverse, en revanche, peut être plus complexe!
C’est peut-être d’ailleurs à cette dernière catégorie de pilotes auquel l’ouvrage de François Bergeon s’adresse. Ce livre permettra aussi à l’élève en quête d’une variante « tailwheel » d’éviter le coup de carte sur la tête de la part l’instructeur assis en place arrière d’un Piper Cub par exemple… « Manche au ventre à l’atterro! »
L’auteur débute par faire un long mais salutaire rappel des différents effets rencontrés sur un avion à train classique. Entre la position du centre de gravité, le lacet inverse, le roulis induit, l’instabilité latérale inhérente au train classique rappelle aussi à l’élève à quoi servent les palonniers.
L’auteur décrit également les phénomènes et les actions du pilote qui contribuent à ce que tout pilote de traîne-queue redoute : le cheval de bois et la mise en pylône. En démystifiant ces deux résultats d’une instabilité non contrôlée, François Bergeon permet de comprendre comment s’en prémunir et comment réagir si le pilote sent que c’est mal engagé.
Après la théorie, François Bergeon donne des conseils au pilote pour passer à la pratique. Son objectif est toujours de faciliter la prise en main d’un avion à train classique et préparer l’élève. L’auteur ne prétend à aucun moment que son livre puisse prendre la place d’un instructeur. Il est à prendre comme un complément à la formation.
L’auteur passe ainsi en revue les différentes techniques, de la mise en ligne de vol pour le décollage à l’atterrissage trois points ou l’atterrissage de piste.
S’il n’est pas avare en anecdotes sur les mésaventures de ses amis avec les avions à train classique, l’auteur n’hésite pas non plus à faire part de ses propres erreurs de pilotage ou de jugement. L’humilité est un ingrédient indispensable au pilotage et François Bergeon ne manque pas d’en apporter de nombreuses preuves.
Pour les pilotes plus expérimentés, l’ouvrage se poursuit sur des techniques avancées, comme le vol en patrouille.
Le lecteur apercevra de nombreuses personnalités de l’aviation au fil de cet ouvrage. Baptiste Salis, qui signe la préface, Adam Shaw, Jean Zilio… Mais c’est sans doute la référence à Dorine Bourneton qui est la plus émouvante. L’auteur avoue son « admiration sans bornes » pour celle qui, non seulement surmonte son handicap, « mais arrive à régaler les spectateurs avec des évolutions acrobatiques harmonieuses. »
Enfin, François Bergeon rappelle que la majorité des pertes de contrôles sont dues au pilote et non à une cause extérieure. Se former au train classique c’est relever un nouveau défi, mais c’est aussi avoir envie de perfectionner sa technique de pilotage. Quitte parfois à se remettre en question, même avec 500 ou 1.000 heures de vol au compteur.
« Etre pilote d’avion à train classique, ça se mérite. L’obtention d’une variante tailwheel est beaucoup plus qu’une simple mention sur un document officiel. C’est un rite de passage, un changement d’état d’esprit. »
Pour commander Apprendre à maîtriser un avion à train classique
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Au tout début de ma carrière, j'étais commandant de bord sur DC 3 et je le posais "3 points". Des avions à roulette de queue au DC3 je n'avais connu que le N262 de Saint-Yan.
Les autres pilotes, tous issus de l'Armée de l'Air n'osaient pas s'y aventurer et le posaient en "atterrissage de piste" , sur le train principal.
Il est très rare de voir des DC3 posés 3 points. Pourtant l'avion s'y comporte très bien.