L’explorateur Hubert de Chevigny est décédé le 27 décembre 2022, à l’âge de 72 ans. L’ULM et l’avion furent ses moyens d’exploration de prédilection. Il est le premier pilote à avoir atteint le pôle Nord magnétique en ULM. C’était en 1982.
Difficile de résumer la vie d’Hubert de Chevigny en quelques lignes. L’étiquette qui conviendrait peut-être le mieux est celle d’explorateur, même si c’est la passion de l’aviation qui l’amena à réaliser de nombreuses premières. Il avait une attirance pour le grand Nord, et l’avion lui a permis de concrétiser ses projets. En 1982, il deviendra le premier pilote à avoir atteint le pôle Nord magnétique. En 1987, il retournera en ULM dans le grand Nord avec Nicolas Hulot. Il sera l’une des chevilles ouvrières de l’émission Ushuaïa pour laquelle il va concevoir l’avion habitable Explorer. Il en concevra un deuxième baptisé « L’Avion », pour les besoins de Canal Plus, et un troisième pour accompagner Gérard d’Aboville au pôle Nord. Chaque fois, la formule est plus aboutie. Dans une interview accordée en juillet 2021, à la Guilde, il constatait : « Quand j’y repense, je n’ai jamais croisé quelqu’un d’autre qui se baladait en avion privé en Arctique, et encore moins construit sur ses idées ! J’ai eu le privilège d’évoluer dans ces terrains de façon totalement libre, sans être tributaire des Twin Otter. » Hubert de Chevigny a présidé la Guilde pendant 15 ans.
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Je ressens cette annonce comme celle du dernier vol d’un « gentleman explorateur ». Hubert faisait partie de ces hommes posés, même apparaissant comme faussement taiseux, car sur le Pôle Nord et la conception d’avion d’exploration il était fort disert. Il avait la solidité de l’arbre en bon forestier qu’il était, mais d’un arbre qui s’était arraché de la pesanteur en se découvrant des ailes.
L’article d’AéroBuzz détaille ses mérites et ses exploits. Je n’y reviendrai pas, mais je n’oublie pas deux éléments : la manière désintéressée dont il m’a confié ses 10 000 photos de survol du Canada étant le premier à collaborer à mon projet de réalisation d’un audiovisuel sur la « Nature du Monde vue du ciel ». Son adhésion à ce projet en convainquit beaucoup d’autres . Il me recommanda aussi comme consultant pour l’Aéroport de Nantes Atlantique, ce qui me permis de vivre deux années professionnelles passionnantes.
Je pense à Valérie et à ses trois enfants privés prématurément d’un mari et d’un père attentionné, qui souvent les laissait pour s’envoler vers le Canada où un avion d’exploration de sa conception avait besoin d’être peaufiné.
Voici peu, nous avons vécu trois jours ensemble au Festival des Ecrans de l’Aventure, avec cette connivence tranquille que permet une amitié de plus de vingt ans. Il était fatigué se plaignant un peu du ventre et sans se douter qu’un cancer fulgurant allait l’emporter. Valérie, en bonne épouse d’aventurier paraissait (ou feignait) d’être sereine.
Un grand bonhomme nous a quittés, mais un grand exemple nous est resté.
Jean Ponsignon