Le monde des meetings est en deuil et le Morane MS 406 (ou plus exactement le D 3801, sa version helvétique) est orphelin ! Le pilote et mécanicien suisse, Daniel Koblet, est décédé.
Daniel nous a quittés en ce mardi 14 janvier 2020, à la suite d’une courte mais fulgurante atteinte pulmonaire qui ne lui a laissé aucune chance. Il entrait dans sa 61ème année. Né dans une famille d’aviateurs depuis deux générations, Daniel dès 17 ans, s’essaya au vol à voile sur l’aérodrome de Bex, initié par son grand-père qui fonda le club vélivole de Winthertür (Suisse Alémanique), non loin de Zürich.
Doué aux commandes et avec un sens inné de l’aérologie, il s’inscrivit et participa rapidement aux compétitions régionales avec un certain succès. Mais pratiquer l’aviation seulement pour ses loisirs ne lui suffisait pas, il allait en faire sa vie et son métier ! Adroit et curieux des choses mécaniques, il sera mécanicien. Chez Pilatus tout d’abord, le célèbre avionneur, où il apprend le métier dans ses plus intimes retranchements.
Dès qu’il pose ses outils, il s’installe au manche des avions les plus divers. Les machines anciennes le passionnent surtout, moins sophistiquées que les avions modernes, il peut y exercer ses talents de mécanicien, un métier dans lequel il excelle désormais. De là à prendre les commandes de ces appareils convalescents pour effectuer essais et réglages, il n’y a qu’un pas, que Daniel franchit le plus souvent, avec délectation.
Son pilotage s’affine dans le même temps que sa notoriété auprès des collectionneurs grandit. Il devient au fil du temps le spécialiste reconnu dans le monde de l’aviation ancienne, une réputation qui dépasse les frontières puisque Aérorétro, l’association Drômoise, l’emploie fréquemment lorsqu’il s’agit de travaux délicats. C’est ainsi qu’il travaille notamment à la remise en état de vol du P51 Mustang « Jumpin’Jacques », qui fit les beaux jours de l’association basée à Saint Rambert d’Albon, pendant quelques années.
Tout d’abord implanté sur le terrain d’Yverdon, Daniel fonde Mobile Air Service, son propre atelier, qu’il déplace en 1986 sur l’aérodrome de Bex, tout proche de chez lui. Toutes les spécialités indispensables à la restauration de machines anciennes y sont exercées et les travaux de tôlerie, chaudronnerie, soudure menuiserie, entoilage, sellerie, électricité et hydraulique, rythment le quotidien.
Si ce quotidien justement lui permet de « faire bouillir la marmite », c’est à l’aventure débutée, il y a maintenant 20 ans avec la remise en vol du dernier Morane 406, que son nom sera définitivement associé. Reconstruit à grands frais et plus de 10.000 heures de travail par un passionné à partir de 3 cellules différentes et autres morceaux de Morane 406 (en réalité des D-3800 et D3801 construits sous licence en Suisse par l’usine EKW en 1942), cette épopée pourtant menée par des orfèvres, ne pourra aboutir, faute de moyens. L’avion inexploitable en l’état, sera vendu à un médecin pilote originaire de Lausanne, qui compte bien venir à bout de ce challenge en créant l’Association Charlie Fox, destinée à terminer l’ouvrage et refaire voler la machine.
Daniel sera l’homme de la situation et sur la table d’opération de Mobile Air Service, il ressuscitera ce dernier représentant de l’avion emblématique de la Bataille de France…
Ainsi depuis le tout début des années 2000, alors que nous entrions dans le second millénaire, un avion mythique du siècle précédent, le MS 406/D-3801 HB – RCF , tout d’abord décoré aux couleurs d’un appareil d’un escadron français et piloté de main de maître et tout en douceur, dans l’intime et plus profond respect de la mécanique, par celui qui lui a redonné vie, fait le bonheur des organisateurs de meetings en Europe.
Mais Daniel n’était pas qu’un excellent pilote et un mécanicien de génie, il était homme de convictions, de savoir et de valeurs, peu avare de transmission de sa culture aéronautique et de sa pratique du pilotage. Expert auprès de l’Office Fédéral de l’Aviation Civile Suisse (équivalent de la DGAC Française), il était régulièrement consulté pour des dossiers techniques.
Discret et parfois bourru dans l’approche de son prochain, volontiers goguenard aussi envers ceux qui ont pour pratique « d’étaler leur science » dans le but d’exister, il était aussi celui pour qui le culte de l’amitié n’était pas un vain mot. Tous les amis qui l’ont accompagné lors de la cérémonie d’adieu, le vendredi 17 janvier 2020, le lui rendaient bien.
Philippe Chetail
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Adrien 31 devrait relire le message qu'il interprète à l'envers pour l'aspect goguenard
c'est dommage
zénon
Je ne vois pas en quoi cela relève de l’admiration, que de qualifier quelqu’un de goguenard et peu avare de transmission des savoirs. Y’a rien de pire que les gens qui ne transmettent rien, car quand ils passent ad patres (certains oublient trop souvent qu’ils sont de simples mortels et l’humilité leur fait défaut) , les savoirs disparaissent avec, chose absurde !
Étaler ça science c’est mal ? Si elle est exacte je n’en vois pas en quoi c’est mal ! Toujours ravi d’écouter quelqu’un de passionné par un thème ou un autre, car ça permet d’apprendre !
Morts aux cons
J’ai très bien connu Daniel depuis 35 ans et ton commentaire est tout à fait déplacé, surtout le “ mort aux cons “
Pour différentes raisons un peu longues à expliquer ici , j’ai beaucoup d’admiration et de reconnaissance pour l’aviation Suisse et pour l’OFA en particulier ?. Le mort aux cons est stupide et déplacé ?. Un proverbe s’adapte très bien à ce genre d’individu «le chien aboie, la caravane passe»
Comme en aviation , réfléchir au moins 4 secondes , avant d’agir, dire ou d’écrire des conneries monumentales ... surtout quand on est au sol !
Si on ne comprend pas le français on peut relire, si on ne comprend toujours pas , ben restez au sol, et ne dites rien , c’est mieux!
Peu avare = généreux
Goguenard vis à vis des "spécialistes de bar" = Pro qui connaît l'étendue de ses connaissances sans les étaler.
Mon interprétation et ma compréhension perso de ce bel article.
Je pense que vous vous méprenez sur le sens de mon écrit Monsieur Adrien31 ! je vous engage vivement à relire cette partie de l'article, ce qui vous permettra sans doute de mieux comprendre ce que j'ai voulu dire... enfin je l'espère car votre interprétation de ma pensée est tout à fait erronée et en détourne le sens !
Bonne lecture. Cordialement - Philippe Chetail
Bel hommage en effet . C’est aussi l’occasion de saluer le travail de l’association Charlie Fox et d’Eric Chardonnens notre médecin accoucheur lausannois pour leur travail passionné de maintien du patrimoine aérien romand sans qui, certainement, cet inestimable D-3801 aurait quitté les cieux européens ..
Bel hommage mérité pour un très grand Monsieur ... Tout est dit ... Tu vas nous manquer Daniel ...
Merci Philippe pour ces belles lignes sur cette personne au combien attachante ... À qui je dois la remise en Vol du Pilatus P2 basé à l’époque à Valence...