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A. de Saint Exupéry a-t-il la place qu’il mérite au Panthéon des écrivains ?

Pour l'agrégée de Lettres classiques, Sylvie Justome, l'Education nationale a les moyens de rendre l'oeuvre de Saint Exupéry "non pas académique, mais classique…". © DR

Alors qu’est fêté en 2016 le 70è anniversaire du Petit Prince, il apparaît qu’Antoine de Saint-Exupéry est passé à la postérité plus par son engagement et sa mort tragique que par son œuvre. Alain Vircondelet est convaincu que la littérature française ne lui a pas fait la place qui lui revient. D’où cet ouvrage collectif visant à réhabiliter l’écrivain qu’il a dirigé.

« Saint Exupéry demeure l’un des écrivains français les plus aimés et l’un des moins lus, exception faite du Petit Prince. » souligne Alain Vircondelet. L’aviateur-écrivain a selon lui été « jugé un peu trop rapidement réactionnaire, voire pétainiste, machiste, aimant l’ordre et l’autorité ». Ses romans qui ont rencontré « un succès grandiose » à leur parution ont été, après sa mort, considérés comme « un témoignage d’une certaine époque et d’une littérature morale ».

Vircondelet évoque « l’épuration intellectuelle entreprise par les communistes de l’après-guerre » pour expliquer le paradoxe...

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22 commentaires

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  • « Ne gâchez pas ce que vous avez en désirant ce que vous n’avez pas; rappelez-vous que ce que vous avez maintenant, était autrefois parmi les choses que vous n’espériez même pas avoir. » (Epicure)

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    • Réponse d’Antoine Griezmann à la Lavidurev, cette phrase de Saint-Exupéry tatouée sur un de ses bras : « Fais de ta vie un rêve et de ton rêve une réalité »

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    • Malheureusement Bernard, dans notre societe devenue bien artificielle et superficielle.
      il y a bien plus de gens qui revent leur vie que de gens qui vivent leur reve..
      La vie n est pas facile, elle ne l est pour personne, meme si certain sont nes avec « une cuilliere d argent dans la bouche », ils peuvent tout aussi tout gacher, et c est bien souvent le cas, quand on n est pas conscient de la chance que l on a.
      Sur ce sujet, je vous recommande le beau film de Jaco Van Dormael ‘Toto le heros ».
      Mais effectivement, je pense, que lorsque l on veut, on peut..
      Comme disait Burie a St Ex le novice a Toulouse,
       » Dis toi bien que ce que quelqu un d autre a reussi, on peut toujours le reussir ».
      Mermoz essayait les lignes, et les Guillaumet ou autres Burie les « labouraient »..
      Moi j adorais un slogan du BSV Armee de L Air: « la chance, ca se construit ».
      La volonte et le courage sont les 2 clefs de la decouverte de soi-meme. Et on se decouvre et se construit souvent la ou precisemment nous avons peur d aller..
      La peur, n evite pas le danger de s affronter soi meme..
      Moi j ai fait pilote pour voler, car j avais le vertige en haut d une echelle ou d un toit,
      et aussi pour decouvrir le monde par le voyage, car j etais trop dyslexique pour le comprendre par les livres et les encyclopedies.
      Je vous recommande une etude sur l oeuvre de St Ex intitulee:
      « le sens d une vie » (Editions du Cherche Midi.)

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  • Pantheon ou pas, quelle importance??
    Je vois qu ici nous nous retrouvons tous ensembles autour de lui et de son message.
    Meme tous differents, l important c est la communion qu il est arrive a creer entre les hommes de l Air (et de la Terre) que nous sommes.. « l important est de creer des liens »
    « Rien n est plus menace que l esperance.. »
    St Ex a ete critique de toute part, techniquement,professionellement, litterairement, politiquement. Mais personne ne peut lui enlever ce talent de decrire la perspective beaute, l utilite et la finalite du vol, ainsi que cette force de penser loin et de voir les mecanismes d une societe decadante et suicidaire bien avant l epoque actuelle.
    Il est pour moi, plus qu un Philosophe. Un maitre ou guide spirituel pour d autres.
    J ai eu du mal a accepter de le voir un jour sur des billet de banque, et encore plus de voir toute les derives mercantiles des croquis du Petit Prince. (Honte a certains..)
    On a dit de lui, qu il etait un mauvais pilote? Qu importe: « l avion n est qu un outil..
    un outil d analyse avec lequel l Homme decouvre le vrai visage de la Terre. »
    On a dit de lui, qu il n etait pas ecrivain? Qu importe:
    « ecrire n est qu une consequence » « les ecrits non signes par des actes, ne sont rien »
    On lui a reproche de ne pas prendre de position politique? Qu importe:
    « Il a dilapide l heritage », et de toute facon, « Il etait fait pour etre jardinier.. »
    Entre l « explorateur/essayeur » Mermoz et le « laboureur de ciel » Guillaumet, il est « pic la Lune » le temoin qui ecrit. Trois facettes a jamais gravees dans notre metier.
    J achete souvent le « Petit Prince » dans toutes les langues des pays que je traverse, simplement pour l ouffrir comme une poignee de main a l Etranger que je Rencontre..
    Je l ai dans mes affaires en Francais, en Espagnol, en Anglais..
    Mais la « bible »c est « Terre des Hommes », (Wind Sand and Stars)
    Il est la seule bible que j ai garde et je l offre parfois a mes amis, en format de poche ou sous une vieille version Gallimard que je trouve d occasion chez Gibert Jeune ou Joseph.
    Un jour un caissier du magasin, d un age certain, s exclame devant moi et d autres gens:
    « Ahhh , Terre des Hommes, un des plus beaux livres qui soit!!! » Grand Sourire.
    Ma « journey » etait reussie. :))

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  • Oulà… On aborde plusieurs sujets concernant St-Ex, ici.

    D’abord l’écrivain.

    Ayant lu presque tous les livres de St-Ex et quelques unes de ses publications « externes » (Lettre au Général X, Lettre à un otage entre autres), je me suis forgé ma propre opinion et j’estime que l’importance littéraire conférée à cet écrivain est, pour l’ensemble de son oeuvre, très surfaite.

    Sur le plan de l’écriture, il ne respecte pas les règles grammaticales de base (un sujet, un verbe, un objet notamment. Bon, même Victor Hugo en a fait occasionnellement autant, n’est ce pas?).

    Avant Terre des Hommes, qui n’est jamais que le conglomérat de ses divers articles, mis en relation, les romans de St-Ex sont dans l’air du temps et pas particulièrement géniaux si ce n’est le thème de l’aviation que peu d’écrivains traitaient. Ce sont plus des témoignages romancés que de bons romans.

    Terre des Hommes a été couronné par l’Académie française (mention ne figurant plus dans les éditions dès le départ aux USA de St-Ex. Pourquoi?) avant d’être traduit, avec des différences, en anglais et d’être un succès aux USA. Mais il a provoqué une controverse à l’Académie: était-ce un roman ou pas? Il n’y a pas de héros, pas d’intrigue… Il est atypique.

    Il est à noter que des passages entiers de Terre des Hommes semblent être des copiés-collés de textes ou le contraire… Le début du Mermoz de Kessel correspond au passage des paysans autour de leur mère décédée, dont il ont le même visage.

    Pilote de guerre relève de la même logique mais reste un ouvrage de circonstance même si l’auteur tente d’universaliser les comportements, dans la lignée de la démarche de ses précédents ouvrages. Avec le recul, je suis toutefois surpris que St-Ex raconte très bien la débâcle de l’armée française mais occulte le fait que les militaires allemands était dopés à la méthamphétamine et que le combat, à cet égard, était inégal avec les militaires français, vaguement dopés au gros rouge…

    Reste cette pépite qu’est Le Petit Prince… Qu’on l’aime ou pas, c’est la grande réussite littéraire de St-Ex. Je regrette cependant qu’on l’impose à l’école alors que l’ouvrage exige une grande maturité pour être compris ET (le sujet n’était pas à la mode) révèle les conflits familiaux de l’auteur. En d’autres mots, ce livre est moins innocent qu’on le présente, un peu comme certains épisodes de la BD Tintin révèle les secrets de famille et les conflits d’Hergé. P.ex., le « modèle » du Petit Prince dans le champ serait l’amant de Consuelo !

    Citadelle… L’ouvrage définitif est l’ensemble des notes mis en forme par ses soeurs. En français pur, c’est difficilement lisible, regorge de redites. Je doute que le livre ait été aussi indigeste si St-Ex avait eu le temps de terminer SA version.

    A noter qu’une excellente thèse de doctorat a pointé les passages entiers qui plagient des extraits des livres de Nietzsche. J’ai aussi été frappé par des passages ressemblant énormément à Alexandre Vinet. Faute d’une étude approfondie (bonjour le travail vu l’oeuvre immense du pasteur vaudois: St-Ex y a-t-il eu accès lors de sa scolarité en Suisse?), je ne puis en dire plus.

    L’engagement

    St-Ex pétainiste? C’est complètement crétin ! Mais pas gaulliste non plus, certes… Il est notoire qu’il ne voulait pas privilégier une idée de la France plutôt qu’une autre,

    Ce n’est pas le seul qui estimait, avant l’entrée en guerre du Japon et de l’Allemagne contre les USA, que rien n’était clair… Le précédent russe de 1914-1918 (première armée théorique en hommes en Europe et premier pays à cesser la guerre) ne permettait pas d’imaginer la puissance de l’armée rouge. Pour ces Français, c’est l’engagement des USA qui changeait la donne.

    Je peux faire ici état d’un témoignage direct dont les éléments m’ont été confirmés il y a peu.

    Rappelons ici que St-Ex a passé son brevet de pilote commercial et a travaillé quelques temps à la Compagnie Aérienne Française fondée par Henri Balleyguier avec son frère André et, entre autres, l’investisseur « suisse » dont il est question plus loin.

    Mon grand-père, André Balleyguier (1896-1974), avait été très embarrassé par l’armistice, comme d’autres. Travaillant aux USA pour une entreprise suisse, il avait un regard extérieur au point d’avoir peur de l’Allemagne nazie très tôt. Il s’est mis au service du Genéral de Gaulle et, dès 1942, réunissait à New York les fonds destinés à Londres.

    Dès lors, il croisait St-Ex après l’avoir connu dans les années 1920. Et le courant ne passait pas du tout!!! Il estimait qu’il fallait faire front contre l’occupant au lieu de disséminer les Français, ce que St-Ex ne faisait précisément pas.

    A cet égard, il est net que St-Ex parlait des Français ne devant être ni de droite ni de gauche mais qu’il ne faisait rien pour les réunir. C’était un excellent discours pour le public américain qui ne prévoyait aucun avenir, en France, pour l’après-guerre.

    La famille

    Si l’enfance de St-Exupéry est largement documentée, la discrétion est de mise concernant ses relations familiales par la suite. Or la notoriété de l’écrivain tient beaucoup à la préservation du mythe.

    Avant le succès de ses premiers livres lui donnant enfin une certaine aisance financière, St-Ex passait pour un drôle de coco: étudiant dilettante, pilote de baptêmes de l’air, pilote dans une compagnie dangereuse, incapable de réaliser un beau mariage… Sans compter cette sud-américaine, veuve désargentée, qui se marie en noir !

    Après la guerre, par contre, entre ses soeurs qui maintiennent la flamme, « sortent » Citadelle et la génération suivante qui préserve les lambeaux du mythe, c’est très différent !!! Il est regrettable que cette partie de St-Ex conduise au paradoxe qu’on ait retrouvé l’avion, sa gourmette (qui a été confiée à la famille mais qui refusait de la produire en public), que le corps inhumé anonymement soit, avec une probabilité dépassant 50%, celui du pilote mais qu’on ne puisse l’identifier avec ADN car la famille refuse l’exhumation à cette fin !!! C’en est au point que l’usage de certains concepts a été attaqué en justice par la famille, que cette dernière entendait lancer une souscription pour que les pouvoirs publics rachètent le château Empire de l’enfance de St-Ex… Rappelons que la seule héritière des droits était sa femme Consuelo, qui a aussi contribué au maintien du mythe, discrètement, et qu’elle a institué héritier un extraneus (que j’ai rencontré).

    Alors?

    Ecrivain, il l’est incontestablement. Attachant, oui. Bon, c’est une autre question. Au panthéon des écrivains français? certes au rang des classiques. Mais… Est-il dans un courant littéraire? Non. En a-t-il initié un? Non… Son style est-il remarquable? Non…

    Mais suffisamment prolifique avec une originalité presque marginale pour qu’on en parle de temps à autre, certainement.

    C’était ma petite contribution personnelle…

    Répondre
    • par Jean-Louis Chollet

      Bonjour Luc Balleyguier,
      Jamais je n’ai lu une analyse du personnage – de l’écrivain – aussi objective. Je partage votre vision et je suis heureux de l’avoir pu lire.
      Bien sûr, la famille des héritiers n’y trouvera pas son bonheur. Comme lorsque l’on agite la thèse du suicide dont j’ai débattu avec ses représentants à plusieurs reprises.
      Le mythe, bien sûr, doit vivre… Il permet (à beaucoup) de subsister…
      Bien cordialement,
      Jean-Louis Chollet

      Répondre
      • Vous êtes très gentil. Merci. Je ne pense pas que vous ayiez un rapport avec l’ouvrage d’enseignement de la mécanique? Remarquable au demeurant…

        Répondre
  • Si l’on veut bien admettre que la Pléiade est en quelque sorte le « Panthéon » des écrivains (malgré l’objection de son directeur éditorial -H. Pradier-, objection visant à souligner que les entrants y sont littérairement non morts : « La Pléiade n’est donc pas un Panthéon, malgré le cliché bien connu. Elle publie des œuvres vivantes. »), un Panthéon littéraire en ce sens que n’y entre qu’un auteur dont les « œuvres sont pérennes, non prisonnières de leur époque mais continuent à séduire les lecteurs. » (H. Pradier), il faut souligner que Saint-Exupéry est entré dans la collection en… 1953 ! (Et a eu l’honneur d’une deuxième édition -1994 je crois).
    Dans les années cinquante et soixante, Terre des Hommes, Pilote de guerre étaient largement diffusés par Hachette Idéal-Bibliothèque, série destinée comme on le sait aux jeunes lecteurs -à l’esprit forcément malléable. Je les ai eus en prix (je vois encore l’image de couverture du second : un Potez 63-11 fort joliment dessiné) dans une école tout ce qu’il y a de plus communale, où beaucoup des instituteurs étaient tout ce qu’il y a de plus comm…unaux :-). Terre des Hommes, en extraits, était dans les Classiques Larousse, couverture violette, à l’usage des lycéens de ces années-là…
    Si donc, de nos jours, l’aviateur combattant-auteur est, quoique « classique » toujours assez apprécié, littérairement bien moins considéré, et sans doute bien moins lu que, par exemple, Céline (Pléiade en 1962) ou Giono (Pléiade en 1971), eux figurant en 1944 sur la liste noire du CNE/PCF où évidemment Saint-Exupéry n’était pas, ou que bien d’autres grands du XXe siècle, ce n’est certainement pas du fait d’un talent de moindre envergure, mais -ne cherchons pas plus loin- à cause des communistes ! qui se tenaient encore assez haut sur le pavé dans ces années cinquante et soixante où Saint-Ex accédait à la Pléiade et se voyait distribué à la jeunesse, et qui politiquement n’existent plus depuis ces trente dernières années où l’auteur est moins lu… *
    Un oukase de l’Éducation nationale arrangera ça !

    Petite remarque finale : l’aviateur occulte aujourd’hui l’écrivain, c’est regrettable ; il est donc très logique que la photo de couverture du livre voulant l’inverse représente… l’aviateur.

    *Cette (relative) désaffection pour l’écrivain Saint-Exupéry, ce ne serait pas un coup de Poutine, des fois ?… Actuellement ça vendrait mieux. (lol)

    Répondre
    • Bravo pour vos lignes… Vous omettez qu’en dédicaçant le Petit Prince à Léon Werth, St-Ex a coupé l’herbe sous le pied de tous les censeurs.
      On parle maintenant de cet écrivain méconnu avant les années 2000… Pour autant que je sache, Léon Werth avait le défaut d’être un vrai communiste non inféodé à l’URSS, et non partisan de la guerre. Un des articles l’opposait à Aragon qui acceptait la guerre avant la boucherie de 1939-1945, ce qui permit au second de rester membre du PCF au lieu d’en être exlcu comme le premier

      Répondre
  • Bonjour à tous, et même à celui qui n’a pas lu Saint-Ex, dit qu’il n’a pas d’avis et finit par en donner un d’iconoclaste…
    J’ai lu tout Saint-Ex et presque tous les livres de ses biographes.
    Je suis aussi l’auteur de deux ouvrages sur cet étonnant personnage, très étonnant même… unique. Oui, unique, car il n’a pas d’équivalent.
    Je ne suis malgré tout pas de ceux qui prétendent l’avoir compris. Je me suis jusqu’ici contenté de parler du pilote car j’ai l’immodestie de penser avoir des choses en commun avec lui : pilote de ligne, écrivain, service militaire au Maroc, affection pour l’Argentine, le désert… Mais bien des choses nous séparent : l’esprit du sacrifice, l’universalité de son oeuvre, et aussi le fait que je m’étais émancipé de ma mère à un âge bien plus précoce que le sien.
    Je voudrais laisser ces quatre remarques :
    – Saint-Ex avait hésité entre Londres et New-York (et certainement pas Vichy où il était simplement allé chercher son visa pour les États-Unis. Mais il fut facile de l’accuser d’avoir reconnu l’utilité de Vichy afin d’éviter la destruction complète du pays). Il avait préféré NYK pour une seule raison qui touchait à ses qualités de visionnaire : alors que beaucoup ne voyaient que la haie à franchir au bout du champ, lui voyait la colline. Traduction : il savait que les British seuls seraient incapables de repousser Hitler. Pour lui, un seul salut : l’entrée en guerre des Américains. Sa notoriété l’avait aussi incité à faire ce choix d’ambassadeur improvisé. Oui, il s’était opposé aux Gaullistes de Big Apple ; mais ceux-là n’étaient-ils pas des planqués ?… vous pourrez rajouter « aussi », si vous n’aimez pas Saint-Ex. Sauf qu’une belle plume, c’est aussi une arme ! Et « Flight to Arras » avait grandement contribué au changement d’opinion de l’intelligentsia US sur ces Frenchies qu’on avait facilement accusés là-bas de n’avoir pas combattu en 40. Voilà pour M. Henriot, qui par bonheur ne se prénomme toutefois pas Philippe…
    – Saint-Ex avait des c… Lisez « Le temps des cocardes » de Pierre Salva, pour la mission sur Arras. Et piloter un P-38 en guerre à 44 ans n’est pas donné à tout le monde. D’ailleurs, il n’y en eut qu’un : lui ! Les autres avaient au maximum 32 ans. Dernière petite mise au point : Saint-Ex a cassé moins de machines que Mermoz… (pub : lisez mon « Mermoz, ses vols, la vérité »).
    – Saint-Ex fut rejeté par presque tous ses confrères de plume pour une raison évidente : ces messieurs ne pouvaient concevoir qu’un intellectuel fût aussi un homme d’action, quoi !
    – Enfin, un mot sur « Citadelle ». L’été dernier, le sympathique salon du livre de Tarascon sur Ariège – vous voyez, je suis vraiment un modeste écrivain – me permit de rencontrer un prêtre, jeune, le visage éclairé. Je n’ai pas tout de suite compris ce qu’il attendait de mes livres étalés sur ma table de dédicaces. Et de fil en aiguille nous parlâmes de Saint-Ex. « Parlâmes » est bien le mot, car le prélat d’une trentaine d’années, en vacances dans sa famille, mais en mission du Vatican auprès des artistes new-yorkais, en vint à évoquer l’âme de Saint-Ex. Et, sans réfléchir plus avant, je lui dis à un moment : « Mais Citadelle ? Verriez-vous cette oeuvre comme une sorte de testament qu’il voulait laisser aux hommes ? » Et sans hésiter, il me répondit : « Tout à fait, c’est un testament ! » « Le troisième ? » répondis-je quelque peu provocateur. Et j’entendis le religieux me dire « Pourquoi pas ? C’est recevable comme idée. » J’en fus interloqué… Et je retrouvais mon interlocuteur un quart plus tard au stand d’une japonaise échouée en Ariège. Il conversait avec elle en japonais ! J’ai réussi à me raccrocher au wagon en énonçant toutes les gares de la ligne circulaire de Tokyo, la Yamanote Line.
    Oui, Saint-Ex fait beaucoup parler et… permet de faire de belles rencontres. Sayonara… Amen.

    Répondre
    • Bonjour Monsieur. Vous vous laissez aller à la facilité (« Philippe Henriot ») en m’insultant donc indirectement. Or…
      1. Je n’ai aucun lien de parenté avec Ph. H., pas plus qu’avec le champagne ou les faïences. 2. Je n’ai pas dit que Saint Ex était vichyste. 3. J’ai simplement fait preuve d’humilité et d’honnêteté. 3. Amen.

      Répondre
    • Non, je n’ai pas lu tous les ouvrages de ses biographes. Je me suis arrêté avant!
      Mon grand-père n’était pas un planqué de Big Apple… L’histoire est un peu plus compliquée même si elle colle à la réalité.
      Quand les frères Balleyguier ont créé la C.A.F., mon grand-père y était secrétaire général car sans emploi et a continué après avoir trouvé un petit emploi au sein de la Société Générale.
      Je l’ai dit ailleurs, il est tombé amoureux de la fille aînée d’un investisseur fondateur, Léon Renard. Ce dernier, issu d’une famille gérant une entreprise de couvertures, avait quitté Orléans.
      Sorte de surdoué, il avait fait fortune en achetant à 25 ans, une petite entreprise régionale de chocolat (évidemment, avec le recul, les histoires en font une grande entreprise mais restons modestes: elle était régionale avec de bonnes filières d’exportation) puis en lançant en France sous ce couvert, le chocolat en poudre. Simultanément, il a lancé une chaîne -on dirait en partenariat de nos jours- de cinéma avec la Gaumont avec plus de 120 salles créées en 2 ans. En 1910, il était le premier chocolatier de France en chiffre d’affaires. Les entreprises en question s’étendaient de la Grande-Bretagne à l’Egypte. En 1919, il s’est expatrié en Egypte, partant de l’idée que les Allemands étaient venus en France en 1870 et avaient failli recommencer en 1914. Jamais 2 fois sans 3, n’est ce pas? Autant partir dans un pays où on ne les verrait jamais.
      Voulant prendre du recul après 1918, il s’est associé à un groupe qui désirait créer un conglomérat européen du chocolat. Ce groupe a mêlé l’entreprise de Renard avec les autres de telle sorte qu’elles étaient indissociables. En juin 1929, le résultat était mauvais: malversations, comptabilité frauduleuse. Léon Renard avait senti le vent venir et avec son gendre, André Balleyguier, avait mis le groupe à genoux grâce à la CAF: en prenant l’avion (imaginez: André Balleyguier à Paris, Léon Renard en Tunisie, la banque à Bruxelles, etc.), les deux hommes sont allés en Belgique où se trouvait la banque dépositaire des titres des diverses sociétés et, quand ils attendaient d’être reçus par le Directeur responsable des dossiers, celui-ci s’est tiré une balle dans le coeur.
      Vu l’interaction entre les sociétés du groupe, le choix était simple: tout perdre ou sauver les deux entreprises qui avaient une usine et une image de marque forte. Les deux hommes ont décidé de sauver les meubles.
      D’un côté, il y avait donc le chocolat Poulain (en France), de l’autre le chocolat Suchard (en Suisse).
      L’entreprise qui faisait souci était Suchard. Les familles Renard et André Balleyguier (à ne pas confondre avec ses frères/cousins: tous officiers, certains tués pendant le conflit, de 1914-1918) s’est donc expatriée. Entre 1930 et 1935, ils ont imposé des règles comptables drastiques. Puis, dès 1936, ils ont lancé de nouveaux produits (comme Léon Renard l’avait fait avec Poulain en 1895-1910). En 1939, la situation était expurgée des dettes d’avant 1930.
      Or donc, André Balleyguier s’est retrouvé face à ses copains d’études, l’armistice, des choix. Il a créé un réseau de distribution des surplus de lait suisses (vu la guerre, la production de chocolat était réduite) vers Lyon.
      Il fallait aussi mettre l’entreprise suisse hors de porté des Allemands, s’il leur venait à l’idée de s’en emparer: quiconque consulte le registre du commerce verra une modification des statuts de la Holding Suchard en 1941. L’actionnariat suisse (dont Léon Renard) crée des actions nominatives avec plusieurs droits de votes.
      En 1941, tout étant en ordre, André Balleyguier pouvait penser à son pays. Etant donné qu’un de ses frères connaissait Charles de Gaulle et qu’un autre membre de la famille avait été proche en 1914-1918, il s’est logiquement mis au service de Londres.
      La suite appartient à l’histoire.
      Je précise que, comme avec d’autres participants de cette époque, ils ne m’en ont JAMAIS parlé eux-mêmes. Ce sont mon père, une de mes tantes, des documents sortis d’archives diverses qui ont mis les faits en évidence.
      Ceci pour dire que mon grand-père n’était pas un planqué. Ses parents, ses frères survivants de 1914-1918 (dont un résistant avéré) étaient en France. “Par hasard”, sa femme et ses enfants étaient en Suisse, pays qui n’a pas été envahi par les armées de l’Axe parce que l’Armistice a arrêté leur jonction (Eh si… les deux armées avaient le programme d’envahir la Suisse dès l’occupation totale de la France en 1940).
      Il avait cependant le sens d’appeler l’argent où il se trouvait: s’étant aperçu que les grands chefs de la gastronomie étaient français aux USA, il a organisé des banquets dont les bénéfices servaient la France Libre.
      Pour revenir au sujet St-Ex, sans critiquer quiconque, je ne vois pas, avec le recul, d’autre “contre-pouvoir” à Vichy après l’entrée en guerre des USA en décembre 1941 contre l’Allemagne, que l’autorité de Charles de Gaulle. Si St-Ex n’avait pas tort de ne pas vouloir privilégier un “camp” plutôt qu’un autre en 1940, c’était différent dès que les “camps” étaient définis.
      Bref, on ne refait jamais l’histoire.

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  • La bataille des « politiquement correct » ou pas est de plus en plus vaine et finalement… politiquement correcte.
    Saint Ex au Panthéon des écrivains? J’avoue avoir été, jeune, fort peu attiré par ce Petit prince que mes aînés cherchaient à me faire adorer. Depuis, je n’ai rien lu – pour le moment – de cet homme. Donc: pas d’avis.
    Saint Ex et la Seconde guerre? Aux Etats-Unis, il a semble-t-il agi pour ne pas recommander aux Français de rejoindre de Gaulle… Avant, il est vrai, de s’engager dans la bataille, et d’y laisser sa vie. Donc: il ne fut pas du tout un résistant de la première heure, mais n’a évidemment pas manqué de courage. Comme d’autres, heureusement.

    Répondre
    • Francois,
      S il vous plait, osez lire « Terre des hommes » et vous serez peut etre reconcilie avec Lui.
      Lisez une belle etude sur sa vie: « Le sens d une vie » (editions du cherche midi)
      L important ce n etait pas la litterature mais son contenu et donc son message.
      Citadelle est un fantastique puit de reflections sur notre perdition progressive actuelle.

      Répondre
  • Une œuvre littéraire puissante et pleine d’humanisme.
    Et aussi un grand soldat ; on n’oubliera pas qu’il aurait pu passer la guerre
    planqué dans un bureau à Washington et qu’il a préféré se jeter dans la bataille au côté de ses camarades.

    Répondre
  • par Jean-Louis Chollet

    Bonjour,
    Tant n’est pas de savoir si l’œuvre d’Antoine de Saint Exupéry mérite sa place au Panthéon des écrivain que de souligner l’avidité mercantile de ses héritiers qui en a quelque peu occulté la valeur littéraire, déjà controversée il me semble.
    “Citadelle”, sa grande œuvre inachevée, a certainement emporté également la bonne volonté de beaucoup de lecteurs et donné à la perception de son œuvre un flou littéraire malvenu. C’est d’autant plus dommage qu’elle annonçait une œuvre philosophique au contenu puissant.
    Quant aux titres classiques – Lettres à un otage”, “Terre des Hommes”, “Vol de nuit”, etc. -habituellement cités, en dehors du Petit Prince, ils restent – osons le dire – des romans plus proches à mon sens de la rubrique littéraire de “Modes et travaux” que de véritables chefs d’œuvre littéraires. Mais il n’est pas politiquement correct de le dire… Surtout aujourd’hui !
    Quant à l’avidité mercantile… Je vous propose des éléments de réflexion.
    http://www.bvoltaire.fr/jeanlouischollet/petit-prince-question-de-lessentiel,197247

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  • L’aviateur mélancolique :
     » Tous ceux qui sont passés par là sont morts et je n’ai plus personne sur terre avec qui partager mes souvenirs. Me voilà vieillard édenté et seul, qui remâche tout cela pour lui-même.
    Et d’Amérique du Sud, plus un seul, plus un… je n’ai plus un seul camarade au monde à qui dire « te rappelles-tu ? »

    Le philosophe désabusé :
    «Si je suis descendu, je ne regretterai absolument rien. La termitière future m’épouvante. Et je hais leurs vertus de robots. Moi, j’étais fait pour être jardinier.» »

    Oui, je le verrai très bien au panthéon … il le mérite bien !

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  • Pétainiste, c’est ridicule. « Citadelle » est inachevé.
    Quand à « l’épuration intellectuelle des communistes », je ne vois pas où.
    Ceci dit, dans les annèes 60-70, à Air France, les syndicats (CGT surtout) n’appréciaient guère le patron de la maintenance Didier Daurat qu’ils accusaient d’avoir sacrifié des hommes au courrier alors qu’il dirigeait l’aéropostale.
    On peux ne pas être sensible à la mystique de la ligne !
    Je me demande si Vircondelet n’est pas en train d’exploiter son petit filon…

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  • Sans doute a-t-il été ostracisé à cause de son testament « politique » et « spirituel » majeur : Citadelle, oeuvre touffue témoignant d’un écrivain marqué par l’expérience du désert. Il est surprenant qu’il soit considéré comme « pétainiste » alors qu’il s’est plutôt tenu à l’écart des joutes politiques et n’a toujours cherché qu’à servir.

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  • Je n’ai pas les compétences littéraires pour savoir s’il est apte à être au Panthéon des littéraires mais pourquoi pas !
    En qualité d’ancien aviateur pour moi c’est un personnage qui fait parti de ceux et celles qui se sont illustrés au cours de l’histoire de l ‘ aviation française
    !

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