Le 28 janvier 2021, Antonio Sena, jeune pilote brésilien, survole l’Amazonie à bord d’un monomoteur pour un ravitaillement d’un campement d’orpailleurs niché au cœur de la plus grande forêt du monde. Et c’est la panne moteur. Le crash. Et trente-six jours de survie…
« Rester vivant jusqu’au bout » (Editions XO) est une histoire authentique. Elle est racontée sobrement et avec des mots et des phrases simples par le héros malgré lui. Un héros qui sortira vivant de cette aventure totalement invraisemblable. Comment survivre seul, sans eau, sans vivre et sans matériel, trente-six jours dans ce que les Brésiliens eux-mêmes appellent « l’enfer vert » ?
Tout commence par la prise en main du vieux Cessna 210, monomoteur de 300 CV, à bord duquel Antonio Sena devra voler seul jusqu’au campement d’orpailleurs. Des orpailleurs pas tout-à-fait dans la légalité mais « tolérés » par le gouvernement. Après une heure de vol, soit 200 kilomètres, le moteur du Cessna s’arrête net.
Les procédures de remise en marche parfaitement appliquées ne servent à rien. Reste la seule annonce « mayday, mayday, mayday ! » qui n’aura aucun écho. Antonio Sena vole à 3.000 pieds en régime VFR, ce qui ne lui laisse pas beaucoup de temps avant l’impact. Train rentré, à la limite du décrochage, le pilote parvient à « crasher » son avion dans les arbres… et s’en sort miraculeusement sans blessure.
En revanche l’avion, qui transportait des jerricans de pétrole, brûle complètement moins de cinq minutes après le crash. Juste le temps pour Antonio Sena de récupérer 2 litres d’eau, un couteau suisse, et une corde de 3 mètres.
Avant même de réaliser qu’il est vivant, Antonio Sena comprend que la forêt s’est refermée sur l’épave et que si les secours ne le localisent pas dans les 48 heures, voire 72 heures, il sera mort de faim, de soif, de morsures de serpents, de piqures de moustiques ou tout simplement dévoré par un jaguar ou autre prédateur…
Au terme de sa première semaine de survie, durant laquelle Antonio Sena campe à proximité de l’épave et mange des fruits en observant ceux que mangent les singes, il entendra une fois un avion – un Airbus – des FAB (Forces Aériennes Brésiliennes) qui, malgré ses équipements sophistiqués, ne le localisera pas. Alors Antonio Sena décide de marcher vers l’est, vers un fleuve, à la recherche d’éventuelles habitations.
Commence alors une longue progression à travers la forêt primaire : à peine un kilomètre par jour pour quatre à cinq heures de marche ! On n’en dira pas plus.
Il est évidemment question d’avions ici. D’ailleurs, notre pilote raconte qu’avant son aventure brésilienne, il était copilote sur Embraer 120 au Tchad. Et aujourd’hui, il rêve de passer sur Airbus ou Boeing. Mais il est surtout question ici de courage – de foi ? – du pilote qui restera en toute circonstance, habité d’une soif de vivre pour retrouver ses proches.
L’ouvrage est aussi un magnifique hymne à la forêt. Antonio Sena ne cesse de le répéter : la forêt est fragile, il faut la respecter et la protéger.
Bruno Rivière
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