C’est un hommage émouvant que nous donne à lire Jacques Délémontez, fils du co-créateur des avions Jodel, du D140 Mousquetaire entre autres et mécanicien éclairé. Jean Délémontez aura marqué l’Histoire de l’aviation générale et révolutionné la pratique du pilotage dans les aéroclubs de l’après-guerre grâce à des avions simples, robustes et efficaces. Son œuvre perdure encore, 80 ans après.
Jacques Délémontez a passé 67 ans de sa vie à suivre les pas son père. Pilote et constructeur amateur, Jacques a souhaité devenir « passeur de mémoire » en rédigeant un fascicule de 54 pages, dédié à la vie de son père, auquel bon nombre d’aéroclubs et de pilotes doivent beaucoup, Jean Délémontez.
Édité avec le concours de la mission Mémoire de l’aviation civile de la DGAC, les ventes du fascicules vont au profit de l’association Flyin LFBK présidée par Béatrice de Reynal.
Après quelques mots sur sa naissance à Lyon en 1918 et son enfance à Grenoble où déjà il rêvait de construire des avions, le lecteur suit Jean Délémontez au moment de son affectation à l’escadre 2/7 sur la BA 102 de Dijon-Longvic après être sorti de l’école des mécaniciens de Rochefort.
A Dijon, le jeune mécanicien se fait vite remarquer et noue des amitiés, avec le pilote Adonis Moulène notamment. Jean travaille sur Wibaut 72, Morane-Saulnier 225, Potez 25, Spad 510, sur les avions Bloch et Nieuport. De cette période, Jacques donne à lire des lettres adressées par Jean à ses parents où il détaille son activité quotidienne, des journées longues et harassantes.
Pendant son affectation à Dijon, Beaune n’étant pas si loin, Jean se rend souvent sur le terrain d’aviation où il fait la connaissance d’Édouard Joly en 1936. Dès lors, une solide amitié va naître entre Jean et Édouard. En 1943, Jean Délémontez rejoint la famille Joly avec déjà 8 dessins d’avions dans ses cartons, sans avoir pu les concrétiser. Pour l’instant.
Le 9e projet allait être le bon. Dans les ateliers d’Édouard Joly, jusque-là dédiés à la réparation de planeurs, allait naître le D 09, autrement appelé « Bébé Jodel ». Cintres, couples et flancs de fuselage prennent forme, dessinés, selon la légende, directement sur les feuilles de contre-plaqué.
Le 21 janvier 1948, le Bébé s’envole pour la première fois depuis l’aérodrome de Beaune, acte de naissance des avions Joly-Délémontez Jodel et acte fondateur d’une nouvelle aviation légère d’après-guerre qui perdure encore 80 ans après.
A cette époque, on apprend aussi que les deux avionneurs avaient démonté un moteur VW d’une voiture allemande pour l’avionner. Une première mondiale sans doute!
Le parcours de Jean Délémontez nous fait voyager au quatre coins de France : Beaune, Toulouse, les Pyrénées et jusqu’à la Normandie. A Bernay, Jean rencontre Lucien Quérey, patron de la Société Aéronautique Normande (SAN). Avec l’accord de Jean Délémontez et Édouard Joly, et avec le concours de Pierre Michel, menuisier aéronautique de génie, la SAN commencera à produire en série le D-112 à partir de 1953, puis les D14 et D15 et fera évoluer le Jodel vers le D117. Jean s’établit en résidence à la SAN. Là, il imagine le D150, reprenant la voilure du D112, avec cependant l’ajout de volets, d’une grande soute à bagages et de réservoirs d’emplanture. Avec « un réservoir supplémentaire, l’autonomie était supérieure à celle de la vessie des occupants! En effet, une consommation de 20 litres à l’heure, cela nous emmenait à 7 heures de vol à 200 km/h » s’amusait à dire Jean Délémontez à son fils.
Près de 300 D140 Mousquetaire seront également construits à Bernay. Après 1959 et la disparition de Pierre Quérey, Jean revient à Dijon, où d’autres projets l’attendaient, cette fois avec Pierre Robin.
C’est un témoignage émouvant que nous livre Jacques avec cet ouvrage. L’absence de son père lorsqu’il était enfant n’a rien enlevé à l’admiration que le fils lui porte, et même la reconnaissance d’avoir passé tant d’heures, parfois au détriment de sa famille, à concevoir des avions qui ont révolutionné l’aviation générale.
Les tableaux et notes rédigés de la main de Jean Délémontez donnent une idée de la minutie et de la précision avec laquelle il suivait l’évolution de ses avions. La retranscription de cassettes enregistrées lors de conversations avec Jacques donnent quant à elles un côté intime, avec des anecdotes sur les réussites et les échecs, sur les premiers vols, les relations aussi entretenues avec les constructeurs avec lesquels Jean Délémontez a œuvré.
Toutefois, quelques coquilles se sont glissées dans l’ouvrage et la lecture aurait pu être plus fluide avec un suivi chronologique. En effet, on passe par exemple de la conception du Bébé Jodel au Mousquetaire pour revenir au Bébé dans une approche qui semble décousue. On reste un peu sur sa faim également, certains passages auraient pu être davantage développés, comme la partie sur Bernay et la SAN par exemple ou comment s’est passée la reprise de la formule Jodel par Pierre Robin pour les fameux avions DR (Délémontez-Robin).
Ceci étant, cela n’enlève rien au plaisir de découvrir Jean Délémontez sous un autre angle, plus intime, de trouver également des photos inédites dans ce fascicule qui ravira les pilotes de Jodel, les férus d’histoire de l’aviation et les passionnés.
Pour commander Jean Délémontez : Ce qu’un père laisse à son fils
Disponible également sur la boutique du RSA
Les hélicoptères Puma HC2 âgés d’un demi-siècle seront retirés du service en 2025. Ils seront… Read More
La tour de contrôle centrale de l'aéroport de Paris-Charles de Gaulle est en travaux. Fin… Read More
Depuis plus de quatre décennies, le Pilatus PC-7 constitue la pièce maîtresse de la formation… Read More
On a rarement vu une compagnie aérienne aussi bien préparée à déposer le bilan que… Read More
Dans un roman, Jean Rousselot raconte à la première personne du singulier la carrière militaire… Read More
Textron Aviation a livré à l'armée de l'air péruvienne le premier de 2 Beechcraft King… Read More