Biblio – Rêves d’Icare, pionniers et aventuriers du vol non motorisé

Ce n’est pas parce qu’on a mis au point des moteurs fiables et sûrs pour voler loin, longtemps, haut et vite que certains ont renoncé à se compliquer la vie en essayant de s’en passer pour voler. C’est cette étonnante quête que raconte avec talent Gérard Guerrier.

Ils occupent souvent les premières pages des livres d’histoire de l’aéronautique. On leur reconnaît le mérite d’avoir ouvert la voie en se lançant du haut d’une colline au prix de leur vie. Mais très rapidement, ils sont éclipsés par les progrès de la technologie et disparaissent du récit. Et pourtant, à toutes les étapes du développement de l’aviation, ils sont là, animés par la même détermination originelle de chercher à voler sans moteur.

Dans son livre « Rêves d’Icare », Gérard Guerrier compose une galerie de portraits de pionniers et d’aventuriers du vol non motorisé. L’auteur retrace une sorte d’histoire parallèle de l’aviation, de l’empereur chinois qui au 22^ème siècle avant notre ère trouve son salut dans un saut dans le vide, jusqu’aux basejumpers du 21^ème siècle. S’y côtoient des personnages étonnants, plus ou moins célèbres : Dédale et Icare, les frères Montgolfier, Auguste Piccard, Jean-Marie Le Bris, Otto Lilienthal, Hanna Reitsch, John Dickenson ou encore Paul Mc Cready.

La préface de ce livre est signée Bertrand Piccard, pionnier du deltaplane et détenteur du plus long vol sans moteur. Il souligne notamment que « Depuis un siècle, on assiste à l’émergence de plusieurs sports aériens : le vol à voile initié dans les années 1930, l’aile delta en 1970, le parapente quelques années plus tard, enfin de base jump et le saut en wingsuit dans les années 2000. » Il fait remarquer : « Il est intéressant de constater qu’à chaque fois, les pratiquants d’une nouvelle discipline ont ignoré les leçons des anciens. Les premiers deltistes, puis les parapentistes ont ainsi découvert à leurs dépens les mystères de l’aérologie et de l’aérodynamique. Idem pour les premiers base jumpers, issus du parachutisme, qui se sont rendu compte sur le tard (après de nombreux accidents) que les lois de l’aérodynamique étaient incontournables. »

C’est peut-être là un trait de caractère commun à ces irréductibles rêveurs : réinventer en permanence une nouvelle forme de vol libre. Vous prendrez plaisir à les découvrir en lisant le livre que leur consacre Gérard Guerrier et que met en lumière le travail soigné des éditions Paulsen. Une chose est sûre, les descendants d’Icare ne compte pas en rester là. « Comme eux, n’abandonnons jamais nos rêves de vol, de liberté et de bonheur brut. » conclut Gérard Guerrier.