Lauréate du Prix Guynemer décerné par l’Union des pilotes civils de France, Charline Malaval a consacré son 3e roman aux femmes pilotes soviétiques envoyées combattre la Luftwaffe en 1941 sur des avions dépassés. Un roman au récit dynamique qui aborde un sujet, pourtant largement documenté dans la littérature, d’une manière originale.
Les « sorcières de la nuit » font l’objet d’une littérature abondante, que ce soit sous la forme de récits historiques ou de bande dessinée. Charline Malaval, qui a eu accès aux archives personnelles de l’une de ces femmes pilotes, a choisi de traiter le sujet d’une manière originale, dans un roman à double temporalité, édité aux éditions Préludes (Le livre de Poche).
Par le jeu des analepses, procédé que l’auteure a déjà utilisé dans ses deux romans précédents, Charline Malaval fait découvrir en parallèle deux histoires distantes de près de 80 ans, et qui semblent a priori n’avoir aucun lien entre elles. Des chapitres courts, d’une dizaine de pages au plus, rendent les deux récits dynamiques.
Dans l’ouvrage de Charline Malaval, qui se veut donc être un roman et non un récit historique, le lecteur retrouvera toutefois des personnages réels ayant contribué à la légende des sorcières de la nuit. La première d’entre elle, Marina Raskova, est présente tout au long de l’ouvrage. Le récit s’articule autour de la protagoniste, Ania Lioubovna, qui ne connaît rien au pilotage et qui rêve de devenir pilote de chasse à bord d’un Yak-9. Elle fera finalement partie de l’unité de bombardement, sur des Polikarpov Po-2 déclassés et dépassés face aux avions de la Luftwaffe.
Le lecteur suit l’évolution de l’apprentie pilote, de ses premières leçons improvisées jusqu’aux combats acharnés contre un ennemi mieux préparé et mieux équipé. Malgré quelques approximations et erreurs de vocabulaire, Charline Malaval réussit à rendre crédible l’aspect aéronautique, elle qui avoue ne rien connaître au sujet.
Après le compte-rendu d’un interrogatoire d’une femme pilote soviétique en 1943, le récit débute en 2018, à Moscou, où deux jeunes adultes, Sacha et Pavel, essaient de donner un sens à leur vie en se filmant en direct sur les réseaux sociaux en train d’escalader des buildings du centre des affaires moscovite. Un moyen pour les deux amis, qui aiment le décharge d’adrénaline que leurs escapades procurent, de devenir populaires tout en bravant l’interdit et le danger.
Mais un drame va subvenir qui va bouleverser la vie d’un des protagonistes. celui-ci va trouver refuge chez son oncle. Un homme austère en apparence, archéologue amateur et chasseur d’épaves. Leur histoire commune va bientôt croiser celle d’une sorcière de la nuit, dont ils retrouve le squelette à bord de l’épave d’un avion caché par la forêt dans la réserve de Tsimliansk, à mi-chemin entre Volgograd et Rostov-sur-le Don. Les deux hommes vont alors mener une enquête à la recherche de l’identité de cette femme pilote et des raisons du crash de son avion.
Charline Malaval dépeint dans les chapitres de son ouvrage qui se déroulent en 2018, un groupe d’hommes passionnés d’histoire, dont certains d’entre eux nostalgiques de la période soviétique qui s’habillent en tenue de soldat de l’époque. Si l’époque contemporaine du roman est quasi exclusivement masculine, la période des années 40 met largement en avant les femmes et la condition féminine.
Dans ce récit sombre, où la nuit et la mort règnent, une lueur d’espoir et d’humanité se dessine, Au cours de cet ouvrage, le lecteur retrouve les notions de camaraderie et de courage qui ont lié ces sœurs d’armes au cours d’un des moments les plus sombres et les plus sanglants de l’Histoire moderne. Et si d’habitude ce sont les hommes qui sont mis en avant, Charline Malaval contribue à réhabiliter le rôle des femmes au cours de la Deuxième guerre mondiale.
C’est aussi un roman sur la condition de la femme dans un milieu et à une époque où l’homme et le patriarcat sont hégémoniques. Humiliées, faisant la risée des hommes, dédaignées par les soldats soviétiques et conspuées par les civils, ces femmes pilotes vont finir par prouver leur valeur et leur héroïsme. A tel point qu’elles semaient la terreur parmi les soldats allemands qui les ont baptisées « sorcières de la nuit. »
Pour commander Sorcière de la nuit
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Lire "Les sorcières de la nuit" paru chez Albin Michel qui relate l'histoire exacte de ces femmes et, si vous voulez approfondir, "La rose blanche de Stalingrad" qui raconte l'histoire d'une des plus célèbres d'entre elle.
Une aventure héroïque et peu connue.