A priori, je n’avais pas envie de lire ce livre et encore moins d’en faire un compte-rendu, mais puisqu’il était dans ma pile, je me suis un peu forcé. Dès le premier soir j’en parcouru une première centaine de pages, et ce faisant découvris son intérêt.
Dans un espace dominé par la circulation des signes, où l’ennemi n’apparaît plus que sous la forme d’un symbole sur un écran, comment l’action de guerre parvient-elle encore à se distinguer ? Qu’en est-il de l’intelligence pratique des hommes, qui permet de se distancer de la réalité produite par les ordinateurs, dès lors que dominent les figures du surveillant et du gestionnaire ? Si le corps reste bien présent, il l’est surtout aux machines et de moins en moins au monde, au sens moral du terme.
Deux sociologues se sont penchés sur le « mode de fonctionnement » du pilote de chasse actuel, dans un espace « où l’ennemi n’apparaît plus que sous la forme d’un symbole sur un écran ». Pour ce faire, ils ont interrogé des pilotes de chasse, navigateurs et officiers de renseignement sur leurs métiers mais aussi leur façon d’aborder différents sujets allant de l’interface homme-machine à la prise de risques en passant par la mort. Si les pilotes d’avions de chasse sont au cœur de l’ouvrage, les opérateurs de drones ne sont pas oubliés, avec ce nouveau concept de guerre à distance. Le métier de pilote de chasse a évolué ces dernières décennies. L’importance du « bon pilote » s’est achevée avec le Mirage III avant de passer au « bon gestionnaire » du système d’armes. Le pilotage, par les aides technologiques (bombes guidées laser, écrans numériques), s’est transformé en « jeu vidéo » avec l’intervention de plus en plus marquée du machinisme (robots et drones) – d’où le sous-titre de l’ouvrage « Le spleen de l’homme machine » – l’opérateur de drone étant un « pilote sans avion ».
Je dois avouer que j’ai surtout été intéressé par le matériau brut c’est-à-dire par les très nombreux témoignages, plus que par les commentaires sociologiques. Ce n’est pas un livre facile : pas d’histoires suivies, pas d’illustrations, mais une volonté de sonder les cœurs et les cerveaux de ces nouveaux guerriers qui ne voient pas l’ennemi, qui le tirent à distance. Le mythe du chevalier des airs en prend un coup, et l’on pressent que l’avenir que la technologie prépare risque de déresponsabiliser en partie le soldat et de ce fait posera de nouvelles questions de morale.
Jean Ponsignon
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Est ce qu’un pilote de formule un actuel est moins bon qu ´un pilote des années 70.?
Un pilote reste un pilote,c’est toujours lui qui a toujours la prise de décision
1) Adrien avant de parler aviation et de critiquer les journalistes, prends des cours de rattrapage en français la fin de ta tchatche nécessite un anti-migraineux.
2) Si Stormy le mythe dispartaît ! si la tenue de pilote de chasse fait encore rêver c'est fini ou seulement pour se faire plaisir et maintenir les réflexes, le forme... , les exercices de combat où tu t'enroules pendant 1 heure comme pendant les I et II guerres mondiales.
Au "prix" où est l'humain, le métier de pilote de chasse disparaîtra à +/- long terme
selon l'influence des aviateurs sur les politiques et les drones ont l'avenir devant eux.
3) @Stormy (2) tu dois savoir que «il n'y a pas de bons pilotes il n'y a que de vieux pilotes». « Les cimetières sont pleins de bons pilotes»
Je fus aussi PN... et j'ai connu l'AA de près avant l'arrivée du Rafale...
Merci pour cet article, en tant justement que pilote de Rafale je vais le lire pour me faire mon propre avis... Et analyser mon spleen actuel :-) :-) :-)
Fou rire le premier commentaire à Stormy. Les journalistes sont des journalistes, rares sont ceux qui ont été militaires, déjà... Rares sont ceux qui sont issus des milieux professionnels dont ils parlent ! Un peu comme au Pôle Emploi, ou certains profs de lycée, BTS, DUT, qui enseignent des choses, certes intéressantes, mais qu'ils n'ont jamais appliqués eux-mêmes en entreprise. Bref, c'est dans l'ère du temps en France, de broder, faire les choses à moitiés, inventer, se faire valoir à tout prix, ...
Il fût un temps ou les journalistes sortaient de devant leur ordinateur et, allez parler avec les protagonistes, autour d'un verre ou deux, en s'empressant de raconter des vérités, bonnes à dire ou non, qu'importe ce qu'en pensera le lecteur.
On remercie quand même Aerobuzz, qui s'efforce au moins de nous faire connaître l'ouvrage en question dans cet article.
Et non Stormy, t'es pas pilote de Rafale donc des bon à jeter à la casse,... C'est ça la France d'aujourd'hui, arrogance de la jeunesse, persuadé de tout savoir sur tout, d'avoir tout inventé, alors qu'ils n'ont rien inventé du tout ! Bref, j'ai 31 ans et je suis d'accords avec (certains) Vieux !
De se distancer ou de se distancier
Puis-je me permettre de rajouter une excellente piste de lecture dans la même veine que ce qui vient d'être proposé par mes collègues volants.
Au fait je suis l'un des derniers instructeur sur Fouga et l'un des premiers pilote (ou presque) sur M2000 C au 1/2 (hélas disparu --->>> chtite larme) Cigognes de l'escadron de ce Grand Ainé Fonck (qui a survécu au premier conflit, si si);
Bref je vous incite donc également à lire Chasseurs, mes Frères de Marc Lissy, livre rarissime qui vous, j'en suis certain, fera voyager au coeur de ces temps déjà anciens mais remplis de dignité, de confiance partagée et de don de soi pour les autres.
Comme mon respecté collègue de l'ALAT ci-dessus (mon défunt papa en faisait également partie) je suis maintenant en plein dans ce monde numérique où calculateurs embarqués et liaisons de données temps réel sont mon quotidien.
Bonne lecture
Je ne sais pas si l'importance du "bon pilote" s'est achevée avec le Mirage III, mais ce qui est sûr, et on le constate partout dans le milieu aéronautique, c'est qu'un bon pilote est un pilote qui ne la "ramène" pas en permanence!
Merci Stormy, que je ne connais pas, pour ce commentaire.
La guerre presse-boutons, cela fait des décennies que l'on nous rebat les oreilles avec ce concept.
Que ces brillants exégètes viennent vivre quelques semaines dans un escadron de chasse, et ils verront que notre métier est avant tout et restera une histoire d'homme et de ... quelques femmes.
Quant aux opérateurs de drones (je n'ai pas dit pilote de drone), c'est un vrai sujet qui n'a rien à voir avec le métier de pilote de chasse.
Vautour 33
Pourtant je modère les propos de stormy, certes il peut me dire qu'après tout à part le Rafale il a piloté tous les avions de chasse français que l'on connait de nos jours. Mais faut-il avoir piloté un Mirage 2000 pour comprendre que l'image du dog figting semble s'estomper et que le pilote n'est plus l'image du seigneur sur son Spit ou son Messersmith. Depuis la fin de la guerre du Vietnam, nos avions évoluent en ciel clair, les ennemies ne sont heureusement plus qu'au sol, l'image du super pilote s'en trouve modifiée. Juste avant de répondre à ce post lu par hasard, je m’apprêtai à rédiger un point de vue sous le titre : le pilote de chasse actuel est-il devenu un pilote de drone, mais à bord de l'appareil ? Pour ma part je ne suis pas pilote de chasse, mais j'ai été pilote sur hélico de combat (ALAT) et par la suite spécialiste en "robotique" au titre du CNRS en qualité d'ingénieur, et ma vision de l'aviateur s'en trouve profondément modifiée. Le numérique qui est devenu ma préoccupation principale me pose des problèmes dans lesquels non seulement le pilote de chasse mais les aviateurs en général doivent imaginer des révisions déchirantes sur leur métiers. Bon, je n'ai pas lu le livre en question sur le pilote de chasse, mais son rôle peut bien être discuté. C'est le moment. http://astro-notes.org/memo/numerique/Les arcanes du numérique.pdf
" Le mythe du chevalier des airs en prend un coup " ... cliché que l'on entend régulièrement, et pour des raisons diverses. Il semble que cela fasse presque plaisir de le répéter à ceux qui ne font pas partie de la boutique.
Alors de grâce laissez-nous un peu tranquilles, et ne vous en faites pas pour nous : nous n'avons aucun spleen, mais si cela fait plaisir à certains de le croire, pourquoi pas ?
Lisez plutôt des récits de la 2° GM (je suggère "Feux du Ciel" de Clostermann, ou alors "Pilote de Stukas " de H.U Rudel, la bible... non, pas "le grand Cirque" pas la peine )
" L’importance du « bon pilote » s’est achevée avec le Mirage III "... diable, on sent le spécialiste. Alors avant de discuter plus, j'ai été qualifié sur Mirage III, Mirage F1, Jaguar, Mirage 2000 et Super-Etendard, la guerre sur trois théâtres d'opérations, et vous ? désolé, pas fait de Rafale, alors je dois être nul...
" Si le corps reste bien présent, il l’est surtout aux machines et de moins en moins au monde, au sens moral du terme." Rien compris. Si tout le bouquin est comme ça ....