Ingénieur aéronautique de formation (Supaero), Jean-François Georges a effectué toute sa carrière professionnelle au sein de Dassault. En une centaine de pages, il revient sur quelques épisodes de ses quarante années riches en programmes les plus variés.
Pour certains, Jean-François Georges est d’abord un ancien président de l’Aéro-club de France. Celui qui a succédé à l’ébouriffant Gérard Feldzer. Opposition de styles. Il garde de ces huit années, le regret de ne pas avoir réussi à faire aboutir son projet d’un institut consacré à la sécurité de l’aviation générale. Les fédérations sportives ne l’ont pas suivi…
Avant d’enchainer ces deux mandats, Jean-François Georges a consacré l’intégralité de sa vie professionnelle à Dassault. Recruté aux essais en vol, en 1963, à sa sortie de l’école Supaéro, par la Générale aéronautique Marcel-Dassault, il quittera le groupe en 2003 ; il était alors directeur général des avions civils. Ce livre est aussi l’occasion de revenir sur l’effervescence qui régnait au bureau d’études de Dassault pendant ces décennies et l’ingéniosité des équipes, à quelque niveau que ce fut. Le fondateur était encore aux commandes et il ne s’interdisait rien. De l’avion de combat à décollage vertical (Balzac) à l’avion de ligne de 150 passagers (Mercure) en passant par le biturbopropulseur civil (MD-320 Hirondelle) ou les biréacteurs d’affaires (Mystère 20 et 10), Dassault était sur tous les marchés, sur tous les fronts. Il y aura aussi des projets de coopération sans suite comme la capsule spatiale Hermès qui laissera un gout amer en interne.
Et ce n’est pas parce que les débouchés industriels et commerciaux n’ont pas toujours été au rendez-vous, que les travaux ont été vains. Bien au contraire. Le Mercure qui a occupé une place importante dans la carrière d’ingénieur de Jean-François Georges en est un exemple. Bien avant l’Airbus A320, le Mercure a été certifié pour être piloté à deux. Il était également équipé d’un Head-up Display en place gauche. Dassault n’en a finalement produit que 11 exemplaires qui volèrent sous les couleurs d’Air Inter.
Les succès actuels du Rafale à l’export et la réussite de la gamme Falcon découlent directement de tous les programmes militaires et civils qui ont précédé ces avions « made in Mérignac ». Le Rafale et les Falcon sont considérés, à juste titre, aujourd’hui comme les fleurons de l’industrie aéronautique française. Et Jean-François Georges, à travers des anecdotes savoureuses, démontre ici dans un style direct et avec humour combien les années qu’il a passées chez Dassault ont été exceptionnelles pour l’ingénieur qu’il est fier d’être. Il y avait matière à faire plusieurs volumes. L’auteur a aiguisé notre curiosité avec une centaine de pages seulement. Vous pouvez compter sur Aerobuzz.fr pour y remédier…
Ce livre est aussi à conseiller à tous ceux qui doutent du rôle qu’est celui de l’ingénieur dans la recherche, le développement et l’industrialisation d’un programme aéronautique. Aux yeux des profanes, les pilotes d’essais dans leurs combinaisons orange, éclipsent les ingénieurs. Sans dénigrer les premiers, Jean-François Georges réhabilite les seconds avec ce livre. Dans la préface, Yves Kerhervé, ancien chef-pilote d’essais de Dassault, décrit la répartition des rôles de chacun : « Ils avaient la science et nous la pratique, ils passaient un bout de leur science, qui nous ouvrait des horizons nouveaux, ou au contraire, nous empêchaient de rêver trop, nous leur apportions notre pratique qui parfois canalisait les enthousiasmes et nos « exigences » qui les forçaient à la créativité ! Il en sortait, je crois de beaux avions, mais aussi une grande camaraderie et un grand respect mutuel ! ».
Il est aussi questions de rencontres avec des personnalités remarquables dans le livre de Jean-François Georges.
Gil Roy
Jean-François Georges n’est pas seulement ingénieur aéronautique. Il est aussi aviateur, montagnard et musicien. Trois domaines d’activité dans lesquels il a excellé. Il aurait pu être musicien de jazz, s’il n’avait pas construit des avions. Dans un ouvrage beaucoup plus personnel que « ingénieur et fier de l’être », et paru quasi simultanément, il exprime ses passions avec un plus grande liberté. Les deux livres sont complémentaires et permettent de mieux cerner cette personnalité riche et étonnante qui peut vous parler avec la même érudition et le même enthousiasme, d’alpinisme ou de jeu à XV, ou de Duke Ellington ou du Marsupilami.
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Dassault Mercure
https://www.museeairespace.fr/aller-plus-haut/collections/dassault-mercure-100-n4-f-bttd-air-inter/
Un echec complet
Le dixième et dernier exemplaire de série entra en service le 19 décembre 1975. La trop faible production augmenta substantiellement le coût des pièces détachées. Air Inter demanda à l’état de payer les dépassements. Cette fois encore le contribuable dût s’exécuter, mais l’Etat avait auparavant décidé de ne plus aider Dassault qui souhaitait lancer une nouvelle version mieux adaptée au marché. Le refus d’autant plus facilité qu’Airbus qui avait alors bien des difficultés à prendre son envol, semblait autrement prometteur.
Finalement le Mercure accomplit une carrière obscure au sein d’Air Inter jusqu’en 1995.
Dassault Mercure
https://www.museeairespace.fr/aller-plus-haut/collections/dassault-mercure-100-n4-f-bttd-air-inter/
Si cela vous intéresse, j'ai rédigé un article sur le court moyen-courrier Mercure dans le cadre de l'histoire du CMM (Centre Montage Mercure) d'Istres.
Interessé
Michael
Vous vous trompez sur le Loockedd 1011 !!
Que malheureusement, sa volonté d'innovation a indirectement Tué en entraînant un retard considérable vis a vis du DC 10 !!!
Il a été tuer par Rolls Royce qui fournissait les moteurs et avait imaginé et conçu des pales de Soufflantes en Composites sans les avoir tester au préalable et lors de la Qualification du Moteur, celles ci n'ont pas tenues à l'envoi des Poulets . Donc nouvelles études et définition des Pales de Soufflantes et Retards !!!!!!
Puis par le Kevlar ( fibre Aramide ) et indirectement par Airbus !!
Loocked avait conçu l'Habillage Intérieur avec un Composites à base de Kevlar au lieu du Verre afin de gagner du poids.
Mais à la différence des test de feu ASTM ( Américain,) Airbus a introduit dans sa norme de feu, une analyse des Gaz de combustion et l'on a découvert de l'Acide Cyanhydrique d'ou l'abandon et redéfinition de l’Aménagement Intérieur !!
Heureusement l’étude et la réalisation d'un tissu hybride Verre - Carbone équivalent en matière de comportement mécanique au tissus de Kevlar , a permis, tout du moins en France, de rapidement refaire la définition des Aménagement Intérieurs.
Mais entre temps le DC 10 s’était imposé !!!!!
Oui mais ingénieur ça compense...
Le Mercure qui illustre l'article ne fut pas le meilleur cru de Dassault, un peu comme ee L1011 de chez Loockeed. Les 2 constructeurs ont vite compris que le fait d'etre un tenor en avions de combat, n'assure pas un succes dans le domaine civil.
Mais il n'y a pas eu que ce fait qui a empêché que le Mercure se vende. Le directeur de l'époque d'AIR FRANCE n'a pas arrangé les choses avec sa lettre ouverte sur le cout engendré par l'exploitation d'un nouvel avion autre que ceux de BOEING. De plus Mercure arrive avec le choc pétrolier et ses réacteurs sont gourmands. Et le troisième facteur c'est l'arrivé d'un certain AIRBUS dans le transport. Par contre le mercure 200 ressemblait étrangement au premier airbus de l'époque.
Le Mercure était très apprécié des pilotes .C'était un excellent avion.
Il y avait un projet de Mercure 200 qui n'a pas été poursuivit car il fallait laisser la place au futur Airbus. Pourtant, il y avait des compagnies US intéressées.
Le mercure n’a peut être pas été un succès commercial, mais il a un Safety record sans la moindre tâche. Aucun accident avec les 11 exemplaires pendant toute leur carrière commerciale. C’est pas si mal tout de même. On a vu pire comme conception