Jacques Aboulin décoré de la Légion d’Honneur

Jacques Aboulin, chef des centres de formation de l’ENAC de Saint Yan et Grenoble, vient d’être promu au grade de chevalier de la Légion d’Honneur (par décret du 6 Avril 2013), lors d’une cérémonie qui s’est déroulée le jeudi 13 décembre 2012.

Entouré de sa famille, de ses amis vélivoles, de présentateurs en meeting aérien et de collaborateurs, c’est précisément à St Yan, lieu mythique pour tout le monde de l’aviation mais plus particulièrement pour lui qui y a débuté sa carrière, que Catherine Maunoury, Directrice du Musée de l’air et de l’Espace lui a remis cette distinction.

Dans un propos à la fois docte et chaleureux, soulignant trois qualités qui, pour elle, le représentent au mieux : « compétence, confiance et cœur », la double championne du monde de voltige aérienne a retracé le parcours de son ami qui, rappelait-elle, en faisant allusion à une hérédité qui l’a profondément marqué et a probablement décidé de son avenir, que Jacques Aboulin est un « vrai fils d’care. Comme le fils de Dédale, tu as revêtu une paire d’ailes dès ton plus jeune âge…(…)… tu as le vol dans le sang. Tu voles comme tu respires… »

Cette passion du vol si tôt chevillée au corps, Jacques la doit à son père, chef pilote de l’Aéroclub de Roanne puis responsable d’exploitation de l’aérodrome et à ses oncles aussi, tous pilotes aux Ailes Roannaises. Ses parents habitant sur le terrain de « Bois Combray », il a grandi avec un hangar et un aérodrome comme terrains de jeux, où les jouets étaient des planeurs et des avions. Depuis l’âge de 5 ans, souvent passager des vols familiaux, Jacques prendra officiellement les commandes à 14 ans, pour être « lâché » un an plus tard. Il devra attendre 16 ans pour être breveté pilote de planeur et, après avoir obtenu son brevet de pilote privé à 17 ans, il commencera la compétition, où il excellera rapidement dans les concours régionaux et nationaux.

Il débutera sa carrière professionnelle comme Technicien de l’Aviation Civile à Vichy, puis St Yan (déjà). A l’issue de son service militaire à Salon de Provence comme moniteur au sein la section d’instruction en vol des jeunes élèves officiers de l’Ecole de l’Air, il intègre en 1980, avec plus de 2000 h de vol, le Centre National de Vol à Voile de St Auban, où il sera successivement instructeur puis chef pilote, à partir de 1984. Débutent alors quelques années, où instruction et tâches administratives sont le quotidien de Jacques, ce qui ne l’empêche nullement de s’entrainer et participer aux grandes épreuves internationales, jusqu’à gravir la plus haute marche du podium, aux Championnats du Monde à Wiener Neustadt (Autriche), en 1989.

Lorsqu’il ne vole pas à titre professionnel, il participe dès les années 80, aux plus grands meetings aériens en mettant au point l’une des premières présentations en musique d’un planeur de voltige., Moments de sérénité apparente dans une vie quotidienne bien mouvementée qui l’amènera successivement, après une année au Centre de Montpellier, à prendre seul les commandes du Centre de formation (SEFA) de Grenoble (1997), St Yan (2008) puis Melun et St Yan (2009 – 2011) et de nouveau Grenoble et St Yan, aujourd’hui.

Le weekend venu, inlassable, il passe d’un avion à l’autre, le plus souvent au sein de l’Association Aérorétro… et en quelques années fait de la présentation de ces machines d’un autre âge, un art à part entière.
Tenter d’énumérer le nombre et le type de machines volantes, motorisées ou non, que Jacques a pilotées en quelques 16 500 heures de vol au cours de ces 40 années écoulées, relèverait de l’exploit. Il confesse pourtant avoir un faible pour le planeur, particulièrement le Discus avec lequel il a remporté tous ses titres internationaux, à titre individuel ou en équipe.
Tirer le meilleur de la machine, s’investir, manager les hommes pour les amener aussi, à so image, eux-mêmes à se surpasser, toujours… « Compétence, confiance, cœur » : trois mots qui résument, on ne peut mieux, un parcours professionnel et humain hors du commun.

Philippe Chetail