Le jour de ses 90 ans, Emmanuela de Certaines, est sortie de son élégante réserve, pour recevoir la Médaille de l’Aéronautique. Cet événement a permis à ses amis et ses admirateurs de découvrir la vie remplie avec courage et détermination de cette étonnante personnalité.
A 15 ans, en lisant le journal local, dans la Nièvre, elle apprend que des baptêmes de l’air vont avoir lieu dans les environs. En tant que mineure, il fallait l’autorisation paternelle ; celui ci écrit sur une carte de visite qu’il autorise sa fille à recevoir le baptême de l’air et inscrit la date. Enthousiasmée par cette expérience, Emmanuela, pleine de ressource efface, la date et obtient un deuxième vol, puis un 3ème. Au quatrième essai, la supercherie est éventée et on lui explique que ça suffit !
En juillet 1945, elle obtient son brevet de secourisme, et à ce titre va accompagner des convois de réfugiés jusqu’à la fin de l’année. En cinq mois, la section de Paris, aidée par celle de Bordeaux, accomplit 961 missions et permit de ramener en France 9098 déportés politiques, 7 512 prisonniers de guerre et 3 517 STO (Service de Travail Obligatoire). Une année plus tard, elle obtient le diplôme d’infirmière de la Croix-Rouge. En 1949, elle obtient le diplôme I.P.S.A. (Infirmières Pilotes Secouristes de l’Air) et commence les accompagnements en vol aussitôt. quelques semaines plus tard, elle est lâchée sur Stampe et sur Piper.
Quelque jours après son diplôme, elle embarque donc sur le vol de la SATI Paris – Alger – Abidjan sur un « Liberator.
La SATI, Société Aérienne de Transports Internationaux, fut créée fin 1948 par trois équipages d’Air France, à l’initiative de Roger Loubry et de Jean Combard : Loubry, Combard, Stéphano – Veillard, Talbot, Fallou – Villacèque, Montet, Gay, dans l’ordre pilote, mécanicien, radio-navigateur quittèrent tous Air France avec un congé sans solde de six mois. L’équipe de la SATI comprenait 48 personnes, dont 14 navigants et 32 personnels au sol, techniciens et administratifs, se mit en place le 15 novembre 1948 sur l’aérodrome de Cormeilles-en-Vexin.
Le premier vol de la SATI partit le 15 avril 1949 vers Alger, Kano et Fort-Archambault (transport de coton, puis d’autres vols vers Madagascar, le transport des Pélerins de Brazzaville et Dakar vers La Mecque).
Son premier vol se déroula dans des conditions spartiates. Au retour elle trouvait la carlingue encombrée par des cartons vides, et pour faire le ménage elle les jettes en Méditerranée par la porte arrière. Mais à l’arrivée, oups, on lui demande de fournir les cartons …
Elle ne reste qu’un mois à la SATI car la voilà embauchée pour 3 mois d’été par Air-Transport. Elle a 23 ans ; elle assure les vols quotidiens en tant qu’hôtesse sur le trajet Londres – Dinard – Londres – Le Touquet sur DC3. La veille de la fin de son contrat, elle effectue le vol Dinard – Londres.
Le DC3 n’était pas en bon état. Les horizons artificiels tombent tous les deux en panne. L’équipage cherche une piste pour se poser et pense à la base aérienne désaffectée de Querqueville à côté de Cherbourg. Le pilote atterrit sans voir la fusée rouge qu’on lui a lancé. En fait il s’était posé sur le taxiway plus court, au bout duquel courrait un pipe line. L’appareil heurte le pipe qui arrache le train d’atterrissage. L’avion poursuit sa course, saute la digue et se retrouve dans l’eau de la mer sur les galets.
Il y avait 21 passagers et les portes de sortie de la carlingue étaient bloquées. En dépit de son poids plume Emmanuella défonce une porte avec son épaule qu’elle abime fortement, et fait sortir les passagers. « Après un crash, dit-elle, c’est comme après une chute de cheval on remonte tout de suite sinon on ne remonte plus. » Elle reçoit la « Croix de Bronze » de la Croix Rouge remise par son président assisté du Généra Vallain. Elle est remontée et va accumuler 5 000 heures de vol jusqu’en octobre 1954.
Moins d’un mois plus tard, elle est embauchée à la TAI (Transports Aériens Intercontinentaux) et embarque sur DC 4 à destination de l’Afrique, de Madagascar, du Moyen et de l’Extrème Orient.
Elle arrive à Saïgon le 10 mai 1954, 3 jours après la chute de Dien Biên Phu. Il y a plus de blessés qu’on ne peut en évacuer. Les Viets cherchent à achever les blessés. Elle n’est pas d’accord sur le choix des blessés sélectionnés pour être rapatriés, mais elle doit obéir. Elle est affectée sur DC 6, dans lesquels les blessés étaient empilés sur 3 étages de brancards. Ils étaient dans un état déplorable, elles n’étaient que 2 infirmières et il fallait 3 jours pour gagner la France. A peine arrivée elle repart pour une autre rotation. Elle n’arrêtera pas pendant 18 jours. A la fin du mois elle quitte la TAI pour préparer son mariage.
Plus tard elle participe à la création de l’Association Française des Hôtesses et convoyeuses de l’Air, puis à la Fédération Internationale. Elle est Chevalier de l’Ordre National du Mérite, et reçoit la médaille d’Or des Vieilles Tiges. Toujours soucieuse de s’engager et d’être utile, elle participe à plusieurs commissions de l’Aéro-Club de France.
Jean Ponsignon
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Au cours de ma carrière il y a fort longtemps, j'ai fait la connaissance de Madame de Certaines ; Elle nous a laissé, à mes collaborateurs et moi-même, un excellent souvenir, de par sa gentillesse, sa vivacité d'esprit, sa franchise et sa joyeuse humeur en toutes circonstances. J'ai partagé avec elle sa passion pour l'aviation et la chasse. Elle mérite grandement ces marques d' honneur, je l'en félicite et m'en réjouis.
Excellent article !
Il est de fait que lorsque l'on voit que la Légion d'Honneur (et d'autres décorations) semble bradée, et donné pour presque rien, tandis qu'ici, que d'activités honorables et risquées, sans récompenses !
Mais la Médaille de l'Aéronautique est tout de même la plus belle de toutes !
Excellent ?
Je dirai très intéressant. Il aurait été excellent sans ces fautes de français et d'orthographe difficiles à accepter. On ne peut pas être excellent sans respecter la langue dans laquelle on écrit. Cela arrive hélas trop souvent.
Le contenu est intéressant, à l'évidence. La façon de l'exprimer lamentable.
La langue française est très belle...
Rassurez-vous, Je crois qu'elle est déjà décorée de la Légion d'Honneur.
Jean Ponsignon
Bonsoir mr Ponsignon
Je prends connaissance de votre article publié sur internet Emmanuela n as pas reçu la légion d'honneur par contre elle a reçu la grande médaille d or des vieilles tiges
Merci pour ce que vous avez fait pour elle
Hubert
Merci, je dormirai cette nuit... ;-D !
Par contre, une information importante, ne connaissant pas la date d'anniversaire de cette dame, peut-on connaître quel fut le jour de cette remise ?
Merci d'avance.
On aurait pu penser à elle pour la Légion d'Honneur !
Tout vient à point à qui sait attendre sans dévaloriser les autres.