Un autre regard sur la guerre de 14-18, à travers les échanges de courriers entre l’As de l’escadrille des Cigognes Albert Deullin, et son cousin, Henri Meunier, médecin major au service de santé des armées. Un témoignage exceptionnel de cette guerre, à travers deux personnages qui ne se rendaient pas compte qu’ils écrivaient pour l’Histoire.
Jacques Resal est un ingénieur BRGM à la retraite et cousin issu de germain de l’historien Pierre Allorant. Il est le dépositaire d’un corpus d’une dizaine de milliers de lettres familiales réparties sur 3 ou 4 générations. Pierre Allorant est Doyen de la faculté de Droit, d’Économie et de Gestion de l’université d’Orléans.L’ouvrage, L’As et le Major : Lettres du ciel de la Grande Guerre (1914-1918), publié en 2017 sous la direction de Pierre Allorant et Jacques Resal, constitue leur dernière collaboration en date avec une parution aux Éditions Encrage, dans la collection « Vécu », douzième et dernier opus de cette collection
L’ambition de cet ouvrage, conçu à partir d’une sélection de 135 lettres, est de relater la vie quotidienne des pilotes de chasse sur le front de l’ouest, durant la Première Guerre mondiale, à travers la correspondance de l’As français de l’aviation Albert Deullin avec sa sœur Élisabeth (98 lettres) ainsi que les écrits épistolaires de leur beau-frère Henri Meunier (37 lettres), médecin pneumologue de son état et passionné d’aviation, avec son collègue et ami le docteur Henri Meige. Le nombre des notes en bas de page montre le travail d’historiens chevronnés.
La première partie, « I-Un apprentissage d’oiseau : Lettres de l’As Albert Deulin à sa sœur Élisabeth » (p. 31-84), couvre la période allant du 31 juillet 1914 au 15 novembre 1918.
On débute la lecture en craignant une certaine lassitude devant cette somme épistolaire et puis très vite on est pris par la spontanéité et l’honnêteté des textes. Il n’y a pas d’effets de plumes artificiels mais deux hommes qui se livrent sans détour. Le pilote jeune, sans état d’âme, qui parle à peine de ses vingt victoires. Il a débuté la guerre dans la cavalerie, mais au bout de 9 mois aspire à la nouveauté.
Breveté pilote militaire en mai 1915, il pilote un avion Maurice Farman. Muté à l’escadrille MF 62 en juillet 1915, il y apprend la reconnaissance et le bombardement. Il descend son premier avion le 10 février 1916 avant d’être muté à l’escadrille N3 où il vole sur Nieuport et remporte plusieurs victoires avant d’être blessé. Fin février 1917, fort de onze victoires à son actif, il est nommé commandant de l’escadrille Spa 73, où il vole sur Spad. Il rédige alors « La chasse en monoplace » et « Les patrouilles de chasse » dans lesquels il préconise de tirer les leçons des pertes cuisantes éprouvées depuis la bataille de la Somme quand « le monoplace isolé était roi » pour systématiser la coordination des patrouilles.
Avec lui on côtoie Brocard, Heurtaux, Guynemer, … On change tout le temps de cantonnement, on râle contre le mauvais temps qui empêche de voler, on déplore la perte de jeunes recrues qui décrochent au décollage. On joue avec son chien et admire sa collection d’objet symbole de sa chance : balle dans son casque de cuir, hauban sectionné par un tir, … Le vécu quotidien nous est transmis sans fard, mais avec beaucoup de détail de terrain. La Chance l’abandonnera après-guerre, le 23 mai 1923, où Il se tuera en essayant le prototype d’un nouvel avion de guerre, un De Marçay.
La deuxième partie, « II-Observatoire des Pyrénées : Lettre du major Henri Meunier au docteur Henry Meige » (p. 85-132), couvre la période allant du 30 juillet 1914 au 19 février 1919.
Le docteur Henri Meunier (1865-1943) est médecin pneumologue à Pau, père de famille nombreuse et devient veuf de son épouse Geneviève Deullin, le 17 janvier 1914. La correspondance d’Henri Meunier est adressée à son collègue et meilleur ami le docteur Henry Meige, rencontré dans l’entourage de Charcot, qui poursuit à la Salpêtrière des études sur les neuropathies.
Ce qui est fascinant dans cette correspondance, est d’être plongé dans les réflexions d’un hyper actif scandalisé par le manque de patriotisme de ceux de l’arrière : les bourgeois, mais aussi les ouvriers et même les réfugiés des département du Nord de la France. Dans ses examens d’incorporation il fait la chasse aux faux malades et autres affabulateurs.
Mais il est sur tout les fronts, crée des écoles d’infirmières, installe un laboratoire d’analyse, perfectionne les traitements contre les maladie vénériennes, travaille 14 à 16 heures par jour. Pour se détendre il monte au front et se fait emmener dans un avion d’observation. Il se sent vieux, alors qu’il a à peine passé la cinquantaine (ce qui montre bien la différence d’époque). Le souvenir de sa femme morte jeune le hante et le soutient.
Voilà un livre où les consciences des deux intervenants se livrent sans fard dans leur intimité. Ce qui en fait un témoignage exceptionnel de cette guerre, à travers deux personnages qui ne se rendaient pas compte qu’ils écrivaient pour l’Histoire.
Jean Ponsignon
Acheter en ligne : L’As et le major
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Mon grand-père fut plusieurs fois observateur d artillerie en cage a poule peut être près de Compiègne ! Je ne saisplus a quel moment de 14 18 ,mais on doit avoir des mémoires , a rechercher ...!
Bonjour
Peux-t-on se contacter?
Merci
Claude
asoublies1418@hotmail.fr