L’histoire d’une start-up du début du 20ème siècle devenue en l’espace de quelques décennies le premier constructeur aéronautique français.
De prime abord, on hésite à se lancer dans la lecture de ce livre à l’aspect un peu terne, avec des photos pas glamour du tout et de nombreuses notes en bas de page. On s’attend un peu à lire une thèse d’université. Mais dès que l’on insiste on se trouve médusé par ce que l’on redécouvre, ou plus humblement de ce que l’on apprend sur cette prodigieuse épopée industrielle.
Pendant la guerre de 14 – 18, le jeune ingénieur Potez collabore avec Marcel Bloch pour la conception et la fabrication de la fameuse Hélice Eclair. Puis ils créent ensemble en 1916 la Société d’Etudes Aéronautiques, avec comme objectif de concevoir et produire un moteur rotatif de 300 CV. A l’âge de 25 ans il conçoit son premier avion le SEA 1 (biplan, biplace à hélice tractive avec une structure de bois entoilé). Très vite suivent les SEA 2 et 3. Le SEA 4 sera le premier commandé et fabriqué en série. Mais on est en 1918 et la guerre s’achève, et seuls 15 exemplaires seront fabriqués.
A 27 ans, en 1919, Henry Potez fonde sa propre société : la Société des Aéroplanes Henry-Potez. Il transforme le SEA 4 militaire en avion civil dénommé « limousine du ciel« , et lui donne le nom de Potez VII pour la Compagnie Franco Roumaine de Navigation Aérienne. Maurice Nogués, entre autre, assure le trajet Paris – Prague – Budapest – Belgrade – Bucarest – Constantinople et parfois Varsovie, avec au maximum 3 passagers.
Suivent des prototypes sans suite industrielle, jusqu’au Potez XV – avion d’observation militaire – qui sera commandé à 455 exemplaires en France et 145 à l’étranger. Jusqu’à présent Henry Potez s’était installé dans des usines existantes en région parisienne ; mais à 31 ans il décide de construire une usine adaptée et choisit de le faire sur ses terres natales à Méaulte, dans la Somme.
C’est là que sera fabriqué le Potez 25 qui est un succès mondial ; 4.000 exemplaires seront fabriqués en France et 3.000 sous licence à l’étranger. De nombreux raids promotionnels sont réalisés, dont un de 13.000 km bouclé en 75 heures. Il devient ainsi le premier constructeur aéronautique français de l’entre-deux-guerres.
En 1929 Henry est nommé maire de Méaulte ; il le sera à plusieurs reprises. Il est insatiable en tout, mais sait cloisonner son existence : il a 3 enfants de sa femme, puis 3 autres de sa maîtresse (épousée tardivement en 1941) qui ne connaitront l’existence des premiers que 30 ans plus tard. Il devient président de la Chambre Syndicale des Industries Aéronautiques, et l’ami de Pierre Cot, ministre de l’Air. Piqué au vif par l’interpellation ironique d’un journaliste, il fait construire en 3 mois un appareil le Potez 53 qui va gagner la Coupe Deutsch de la Meurthe.
28 Potez 25 TOE vont s’illustrer pendant la Croisière Noire : 22.500 km en 35 étapes. Lors de la Guerre d’Espagne des Potez seront livrés à « l’escadrille Malraux« . Puis l’entreprise est nationalisée en 1936, mais il reste administrateur délégué. Il accomplit un voyage aux USA et découvre l’organisation de Boeing.
La guerre éclate ; l’usine est bombardée par les Allemands et le sera plus tard par les Alliés. Il est révoqué et se retire sur la Côte d’Azur. Il sera arrêté par la Gestapo, détenu à Marseille ; sa femme arrivera à le faire sortir pour raison de santé.
Après la guerre la renaissance de l’entreprise contribuera notamment à la conception du Potez 75 et du Fouga Magister, et d’un curieux Fouga Gémaux « Piméné ».
Le livre reprend intégralement bon nombre des discours politiques ou professionnels de cet homme orchestre. Vous y découvrirez également comment Jacques Chirac enfant a passé une partie de la guerre avec la famille Potez. La fin du livre est consacrée à évoquer ses relations amicales, mais aussi parfois houleuses avec Marcel Dassault.
Jean Ponsignon
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Quand même un article sur ce grand homme de l'aéronautique ,pourquoi si peu de
reconnaissance pour ce grand industriel si peu cité comme participant a l'histoire
aéronautique de la France.
Merci pour cet article.
Le Potez 63-11 reconstruit par jean Marie Garric au Texas est un très bel hommage à ce grand Monsieur.
Parlons plus souvent de ces héros qui ont contribué à faire la fierté de la France......ne les oublions pas.