Les C-47 sous nos cocardes

C’est à l’usage militaire sous les cocardes tricolores, donc au C-47 Skytrain ou Dakota, que ce volume (qui mérite ô combien cette appellation, 450 pages au format 21 x 29,7 cm, un beau bébé accusant 1,8 kg sur la balance) est consacré. C’est courageux de s’être attaqué à un tel sujet, et peut-être est-ce la raison pour laquelle ils se sont mis à trois pour concocter cette somme extraordinaire de renseignements sur cet avion légendaire.

Quelque 300 exemplaires de C-47 sous différentes versions ont servi tant dans l’Aéronautique navale, dernier utilisateur en date, que dans l’armée de l’Air.

Ces machines assurèrent de multiples types de missions, portant les couleurs de notre pays dans tous les recoins de la planète, tant il est vrai, au début de l’histoire, que la France possède encore un empire colonial. Dès la paix revenue au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, les C-47 se révélèrent indispensables pour compléter (avant de suppléer) les Junkers Ju-52 aux capacités limitées, lors du conflit d’Indochine.

On se souvient de ces avions assurant ravitaillement, avec atterrissages ou parachutages de la « cuvette » de Dien-Bien-Phu. Et puis l’Afrique, sans oublier « les événements d’Algérie« . En métropole, les C-47 ont été la première cheville ouvrière du Transport aérien militaire naissant ; bref, les C-47 français furent de toutes les aventures, avant de trouver un ultime usage dans le civil, et cet ouvrage retrace cette épopée avec force détails et anecdotes.

C-47 : cheville ouvrière incontournable

L’ouvrage, très abondamment pourvu de photos, mais également de profils couleurs, débute évidemment par des « généralités« , c’est-à-dire un rappel historique de l’histoire de cet avion fabuleux qui  effectua son vol inaugural le 17 décembre 1935. Y sont détaillées les multiples variantes du DC-3/C-47 (planeur, hydravion…), les productions certes américaines mais aussi soviétiques et… japonaises. D’ailleurs, au moins un « Dak » japonais a porté les cocardes françaises, apprend-on !

Grâce à la loi du prêt-bail, les premières livraisons à la France ont débuté dès septembre 1944.

Les auteurs ont fait le choix d’articuler leur propos autour de l’historique des unités qui ont opéré l’avion. Anecdotes et témoignages voisinent les opérations et les évocations des pertes, le tout étant illustré de myriades de photos. Cela constitue un document de premier ordre, et l’on comprend aisément qu’il a fallu le travail de trois complices pour parvenir à collecter cette masse incroyable d’informations.

Une réussite éditoriale à tous points de vue

Admiration, d’autant que cela n’empêche pas le texte de se lire avec une rédaction « vivante« . Des formations plus spécifiques, comme le CIET (Centre d’instruction des équipages de transport), le GLAM (qu’on ne présente pas) ou le GAEL (Groupe aérien d’entraînement et de liaison) ne manquent pas à l’appel, tout comme les groupes sahariens, les Groupes aériens mixtes d’outre-mer, etc. On voyage avec les C-47 militaires français ! Bref, la moindre unité ayant opéré un C-47 est répertoriée et ses opérations mentionnées et illustrées.

Et même traitement, naturellement, pour la Royale, qui récupéra des C-47 supplémentaires en provenance de l’armée de l’Air à leur retrait du service, ainsi que ceux cédés aux anciennes colonies. Grand intérêt de la partie « que sont-ils devenus ? » On y voit apparaître la « crevette » d’Air-France (Postale de nuit), on y voit des machines « turbinisées » – et certaines sont toujours actives aujourd’hui…

En fin d’ouvrage, une partie technique avec des dessins issus des manuels de l’avion, et, une liste des C-47 ayant volé de près ou de loin au sein de l’armée de l’Air. On ne voit pas bien ce qui pourrait faire défaut à ce livre qui est une réussite à tous points de vue et qui enchantera les passionnés de cet avion de légende.

Jean Molveau