Avec « Les combattantes », un livre de près de 500 pages puisé aux sources mêmes des archives soviétiques, Liouba Vinogradova apporte un éclairage nouveaux sur celles que leurs ennemis baptisèrent « les sorcières de la nuit ». Elle dresse en particulier un portrait sans concession de la plus célèbre d’entre toutes, Marina Raskova, commandante et agent du NKVD.
Voici un ouvrage profus, même un peu confus ; au début on se pert un peu dans tous ces destins mêlés, ces noms russes qui pour nous se ressemble tous un peu et ces jeunettes qui portent toutes ou presque des nattes blondes qu’il va falloir couper à ras. On est stupéfait de constater le niveau de pauvreté généralisé de la Russie en 1941.
Sous la plume de Liuoba Vinogradova, on découvre l’influence du Parti. On découvre en effet que la fameuse Marina Raskova était certes une héroïne, mais que sa familiarité avec Staline lui a ouvert tous les passe-droits. Lors du fameux vol Moscou – Vladivostok, elle n’était que navigatrice avec 30 heures de vol, et pourtant commandait l’expédition. Toutefois elle obéit au commandant de bord quand à court de carburant il fallu poser l’avion dans un marais. Le poste du navigateur étant sous l’appareil, on lui donna l’ordre de sauter pour ne pas être écrasée. Elle sauta mais l’appareil vola encore un peu et elle du parcourir la taïga pendant 10 jours avant de retrouver l’avion et ses deux compagnes. Elle survécut pendant ces 10 journées avec une tablette de chocolat et demi. Staline la nomma première femme Héros de l’Union Soviétique.
Mais simultanément, cadre supérieur du NKVD elle fit condamner de nombreux aviateurs (même des généraux) pour manquements aux règles du Parti. Le grand public ne le savait pas et ne voyait que l’héroïne qui allait créer trois régiments aériens entièrement féminin.
Bien que pilote peut aguerrie, elle se força à piloter des multi-moteurs rétifs et à prendre tous les risques. Elle mourut, à un peu plus de 30 ans, en 1943 victime de son entêtement se perdant dans le brouillard et s’écrasant avec ses 4 équipiers. Son corps ramené à Moscou (ses compagnons eurent droit à la fosse commune) eut des obsèques grandiose. Son urne funéraire repose au pied u mur du Kremlin.
A la lecture du livre de Liouba Vinogradova, on découvre aussi qu’un autre familier de Staline, Yakolef allait jouer un rôle bien trouble. Certes il fut bien le génial concepteur des Yak, mais il se fit nommer Vice-Commissaire du peuple à l’Aéronautique et en profita pour éliminer les projets des bureaux d’études concurrents, ce qui affaiblit la défense nationale.
Bien entendu c’est un ouvrage qui relate la lutte des femmes pour conquérir leur place au combat dans un monde d’hommes, où rien n’était prévu pour elles, en particulier les uniformes qu’elles devaient retailler en urgence ; mais ça ne marchait pas pour les bottes ! Lydia Litvak était jolie, ce qui lui fut reproché, et il fallut plus de 20 ans pour que sa mémoire fut réhabilitée et son corps recherché.
Le livre est épais : 480 pages, et trimbale le lecteur de terrain en terrain, on en change presque à chaque page, et l’absence de cartes est pénalisant, même si l’essentiel se déroule aux environs de Stalingrad et du Dombass. Mais on est pris par le chaos permanent de l’improvisation, on a froid, on a faim, on est écœuré de sang, de boue. Simultanément on est stupéfait du patriotisme sans faille de cette jeunesse russe. C’est un livre d’histoire plus qu’un livre d’aviation car le futur lecteur doit savoir qu’on y parle peu des appareils et de leurs performances.
Jean Ponsignon
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"Waouh! -"C’est un livre d’histoire plus qu’un livre d’aviation car le futur lecteur doit savoir qu’on y parle peu des appareils et de leurs performances."- [ Les sorcières de la nuit, mythes et réalités.]
Quel travail d'histoire nous donne Madame Liouba Vinogradova !
Remarquablement traduit par la famille Clarinard, en particulier Dacha....
Cela doit très intéressant à lire mais pourquoi si tardivement je sais que les russes sont dus à la détente en plus parler de Staline il me faudra trouver ces livres