« Nous, les vivants » (Albin Michel) est le nouveau roman de l’écrivain-voyageur français Olivier Bleys. Il met en scène un pilote d’hélicoptère qui ravitaille des refuges dans la Cordillère des Andes, à la frontière de l’Argentine et du Chili. Jusqu’au jour du drame…
L’histoire est racontée à la première personne du singulier, et celui qui parle est pilote d’hélicoptère. On ne saura rien de son grade, mais à quelques détails distillés au fil des pages, il semble qu’il soit pilote militaire. Il s’appelle Jonas Muñoz et travaille au sud de l’Argentine, à la frontière du Chili. Ses missions consistent à ravitailler les refuges perchés sur les hautes altitudes de la Cordillère des Andes.
Un métier dangereux, que Jonas Muñoz pratique avec un grand professionnalisme. Du moins le lecteur le suppose car Jonas Muñoz parle finalement assez peu de lui. Par petites touches, il renseigne le lecteur (qui va vite devenir son compagnon de route, voire qui va s’identifier complètement à lui) sur sa vie : il a une expérience de 3.600 heures sur son hélicoptère ; sa machine doit être un gros monoturbine capable de lever des charges importantes ; il a rencontré celle qui allait devenir sa femme au cours d’un vol de sauvetage avec hélitreuillage en haute montagne ; il connaît bien le vol en montagne puisqu’il le pratique quotidiennement.
Pourtant, un jour, à 4.200 mètres sur le refuge de Maravilla où il vient ravitailler son gardien, c’est l’accident. On ne dira rien de plus de l’histoire, sinon que cette dernière mission entraîne le lecteur dans un tourbillon physique, spirituel, voire métaphysique hallucinant ! Un peu comme un personnage happé par le souffle des pales de l’hélicoptère, impossible de bouger, mais forcer de regarder vers le haut les hélices mortelles. Une attirance incontrôlée vers le vide, ou plutôt le néant. Le vertige impossible du pilote qui ne regarderait que le ciel…
C’est un très grand roman. La scène où Jonas Muñoz, seul à bord de son hélicoptère, se bat contre des vents violents, des rabattants bien connus des pilotes de montagne, est de très haute tenue. Il y a du Victor Hugo chez cet écrivain (en référence au célèbre combat de l’homme contre un canon sur un navire, dans le chef d’œuvre « Quatre-vingt-treize »), mais aussi du Frison-Roche qui savait si bien décrire l’inouï et le fascinant des déserts et des cimes, et aussi même du Saint-Exupéry le pilote toujours en quête de nouveaux cieux…
« Nous, les vivants » n’est pas un roman ordinaire. C’est un long cheminement initiatique vers quelque chose que seuls les explorateurs (au sens propre comme au sens figuré) peuvent comprendre : la recherche du dépassement de soi. Jonas Muñoz appartient à cette catégorie d’homme attiré vers toujours davantage de connaissance. Connaissance du monde ? Connaissance de soi ?
Un très bel ouvrage écrit avec une plume mystérieusement excentrique, à lire lentement pour en apprécier chaque passage. Car Olivier Bleys sait parfaitement manier le suspens : le dernier vol de Jonas Muñoz en est une magistrale démonstration.
Bruno Rivière
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