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Culture Aéro – brèves

Paroles d’avionneurs

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Jean Molveau

La culture d’entreprise est un élément important de la vie d’une société. Elle est le socle, elle constitue « la tradition » sur laquelle se bâtit le présent et cimente son personnel… Paroles d’avionneurs entre dans cette logique, de rappeler à un groupe dynamique du XXIe siècle, qu’il puise ses racines dans les fins fonds de l’histoire des ailes tricolores…

La plupart des sociétés qui ont pignon sur aérodrome aujourd’hui se sont édifiées sur des firmes qu’elles ont englobées, et dont les noms chargés d’histoire ont malheureusement disparu. On peut regretter que des emblèmes prestigieux comme Zodiac ou Snecma se soient dissous au sein de Safran, ou bien – ce ne sont que des exemples – que Morane-Saulnier ne survive plus que dans le souvenir de certains du groupe Daher. Idem pour la Socata, qui déjà avait « repris les traditions » de cette entreprise créée jadis, en 1911, par les frères Léon et Robert Morane et l’ingénieur Raymond Saulnier…

Le devoir de mémoire

Il est heureux qu’au sein de ces entités nouvelles, toutes entières ancrées dans la réalité industrielle et capitalistique, quelques-unes souhaitent rappeler, en premier lieu aux personnels d’aujourd’hui, que leur quotidien repose sur un passé illustre, sur des réalisations aujourd’hui affadies mais de leur temps éclatantes. C’est motivant d’appuyer compétence et savoir-faire sur un « background » important, d’avoir l’impression que l’aventure continue telle une grande œuvre inscrite dans la durée…

Le succès de Daher, en tant qu’avionneur, s’appuie sur l’incontournable programme TBM, né d’une idée d’Alexandre Couvelaire alors dirigeant de Mooney… © Daher

Car Daher s’est construit sur deux piliers importants de l’aéronautique tricolore, fameux à leur époque, Morane-Saulnier et la Socata… Daher, qui n’a qu’un passé récent dans l’aviation, construit son identité en s’appropriant des historiques de sociétés disparues. Et en voyant avec bienveillance vivre l’association Héritage Morane-Saulnier, qui, avec des personnels actifs ou retraités de « l’usine » de Tarbes, en est à la seconde réplique à l’échelle 1 du premier « parasol », le Morane-Saulnier type L de 1914…

Des vies professionnelles

Publié en auto-édition, Paroles d’avionneurs et un ouvrage collectif de 240 pages au format 15 x 21 qui rassemble les impressions de personnes, de l’ajusteur au directeur en passant par l’ingénieur, l’infirmière ou le pilote d’essai, qui y ont travaillé voire qui y travaillent encore. Pas vraiment chez « Morane » pour les plus anciens, c’est déjà (trop) lointain – dommage que les archives n’aient pas pu révéler quelque récit pris au hasard des ateliers de l’époque ! – mais au moins du temps de la Socata.

Paroles d’avionneurs, collectif, édité par l’association Héritage Morane-Saulnier. Prix : 22 €. ISBN : 978-2-9567994-0-5.

Après un éclairage chronologique, qui mène des frères Morane, de l’ingénieur R. Saulnier (le vrai père du Blériot XI de la traversée de la Manche de 1909, faut-il le rappeler) au TBM du groupe Daher d’aujourd’hui en passant par les gammes Rallye et TB de nos aéro-clubs, un « échantillon représentatif » des personnels qui ont déroulé (ou le font encore) leur carrière « chez Morane », à Tarbes, se sont donc confiés et ont raconté leur vie, leur ressenti par rapport à l’entreprise, mais pas que. Plus qu’au nom même de leur employeur, on ressent au fil de ces pages un attachement certain à l’usine, qui, à vrai dire, a façonné leur vie.

Des témoignages sympathiques, laissés dans leur jus, et agréables à lire.

Jean Molveau

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Jean Molveau

Journaliste aéronautique, Jean Molveau est le rédacteur en chef du magazine Vol à Voile dont il est l’un des fondateurs (1983). Il a également été, jusqu'en 2019, le rédacteur en chef d'Aviasport. Historien reconnu de l’aéronautique, il a signé 16 ouvrages. Il a rejoint Aerobuzz en 2009. Au sein de la rédaction, Jean Molveau traite plus particulièrement les sujets historiques.

View Comments

  • Et bientôt Bombardier rejoindra ces avionneurs, juste un souvenir . La première erreur commise par leur dirigeant a été de démolir le sentiment d'appartenance, de tradition qui soudait une merveilleuse équipe. En coupant les possibilités des employés a gravir les échelons en engageant a l'externe les gestionnaire sans expériences en aéronautique, ils ont couper l'oxygène au poumon de la compagnie. Et de la, les mauvaise décisions, qui ont voit maintenant,son fatale. Ils doivent revenir à la case zéro, revendre la compagnie au ancien propriétaire.

    • Quel gâchis que de voir autant de fautes dans un si petit texte pourtant très accrocheur et d'une évidente pertinence...

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Jean Molveau

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