Les avions de chasse en opération doivent pouvoir compter sur des « contrôleurs d’appui aérien », les fameux JTAC, qui, du sol, permettent aux pilotes de régler leurs tirs sur des objectifs désignés. Dans « Appui feu en Afghanistan » (éditions Nimrod), le sergent britannique Grahame raconte six mois de campagne dans l’enfer des talibans. C’est cru, c’est dur, terriblement dur !
Ames sensibles s’abstenir ! Les récits de guerre tels que ceux décrits avec minutie par le sergent « Bommer » Grahame du régiment 2 Mercian déployé récemment en Afghanistan au nord de Kandahar, sont terribles. Parfois insupportables !
Car, bien qu’admirablement traduit par Franck Mirmont, les propos de Grahame sont ceux qu’on peut réellement imaginer sur le terrain : « … Je reçu l’appui d’un Predator Predator : Drone américain capable de rester sur zone, à 20 000 pieds, plus de 6 heures. pour une durée de six heures ; ce n’était pas mon appui aérien favori, mais je n’avais pas oublié mon score de treize ennemis abattus […] et j’étais décidé à le dépasser ! » (page 266). Il faut dire qu’auparavant, des talibans lui avaient lancé : « Soldats anglais ! Nous vous baiserons en premier, puis nous baiserons vos femmes ! Allahou akbar ! Allahou… » (page 259)… Ambiance !
« Appui feu en Afghanistan » raconte en fait les missions périlleuses, parfois kamikazes, des JTAC JTAC : Joint terminal attack controller.. Grahame explique : « En ma qualité de JTAC, […] j’avais pour rôle de coordonner les frappes aériennes. […] Il n’y avait rien de mieux pour frapper (l’ennemi) que l’A10 Fairchild A-10 Thunderbolt, chasseur américain spécialisé dans l’appui aérien rapproché des forces terrestres. tueur de chars… Je m’installai dans la cabine arrière du Vector Vector : Engin blindé de communication sol-air. et attrapai le combiné de ma Tacsat, une radio UHF sol-air… » (pages 16 et 17). Evidemment, plus le JTAC est proches des cibles à atteindre, meilleurs sont les guidages et donc les ripostes aériennes. C’est ainsi que Grahame ira systématiquement au plus près de l’ennemi, parfois à quelques dizaines de mètres seulement d’une équipe de talibans.
A partir de sa position au contact des rebelles, le JTAC décide des trajectoires des avions, de ses altitudes, des armes à utiliser (bombes lourdes, roquettes, leurres…). Un travail d’expert, confié à une élite de l’armée britannique qui ne compte pas moins de 200 JTAC. Car les connaissances des JTAC, notamment au niveau des différentes flottes engagées sur une opération, sont bien entendu vitales. Or, en Afghanistan, les JTAC pouvaient aussi bien guider des A10, des F-15, des F-16, des F-18, des bombardiers lourds B-1B, des Mirage français, des Harrier, mais aussi des hélicoptères d’attaque Apache, des Lynx, des Chinook, et même des drones Predator. Parfois, au cours d’un seul combat, avions et hélicoptères étaient utilisés simultanément par le même JTAC.
L’ouvrage ne se lit pas comme un roman : il s’agit de la « vraie » guerre. On s’émeut d’ailleurs lorsqu’un soldat (celui qui est du bon côté !) tombe. On sourit lorsque deux journalistes de Sky News (dont une femme) débarquent en plein accrochage entre alliés et talibans. Un moment croustillant pour Grahame ! On ne plaisante plus lorsque le sergent « Bommer » Grahame affirme : « je me posai la question de savoir si la mort de (cet) homme me troublait vraiment. Non. Le fait d’avoir tué cet ennemi ne me posait aucun problème. » (page 95). Pourtant, on ne peut s’empêcher d’admirer le courage de ces hommes qui, pour éviter que telle ou telle situation ne dégénère, risque leur vie. Et puis « Appui feu en Afghanistan » lève un voile sans pudeur sur une composante très peu connue des guerres hélas contemporaines.
Bruno Rivière
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A l'intérieur des missions d'appui feu en Afghanistan
Pour info, une précision sur la 3e photo :
Le sergent « Bommer » Grahame (3e sur la droite) pose avec son équipe d'appui-feu devant des Apache qu'ils viennent de guider