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Adrienne Bolland, la déesse des Andes

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Jean Molveau

Dans un ouvrage qui fera date, Martine Laporte fait revivre Adrienne Bolland, une femme au caractère bien trempé, qui ne s’encombrait pas des convenances. Sa traversée de la Cordillère des Andes aux commandes d’un Caudron G3 (1921) ne fut pas le premier, ni le dernier de ses exploits aériens.


Révélé en avant-première lors de la Soirée des femmes dans l’aviation, le 6 mars dernier dans les locaux de l’Aéro-club de France, par son auteure qui a fait une conférence remarquée sur son héroïne, ce livre, je le déclare d’emblée, mérite l’un des prix littéraires de l’aéronautique tels que diverses entités en décernent chaque année ! Car il réunit toutes les qualités pour cela.

Adienne Bolland par Bernard Langet

Martine Laporte, pour rendre un juste et vibrant hommage à Adrienne Bolland, s’est faite chercheuse – logiquement jusqu’en Amérique du Sud –, écrivaine, metteuse en page (encore un domaine où elle a parfaitement réussi son coup) et éditrice (mais là encore, elle n’en était pas à son coup d’essai). Le résultat est un ouvrage très attrayant, à la limite du « beau livre » tant les photos sont de qualité et bien mises en valeur, une biographie passionnante dédiée à un personnage ô combien romanesque.

On peut se demander pourquoi « la déesse des Andes », ainsi qu’elle fut surnommée avec déférence par les Sud-Américains, n’a pas préalablement fait l’objet de récits de l’aventure de sa vie. Sans doute son caractère était-il un peu « difficile » – disons qu’elle ne s’en laissait pas compter, et qu’elle n’hésitait pas à employer un langage châtié, y compris avec des gens hauts placés, au grand dam d’eux ou de leur entourage – au moins son caractère était-il bien trempé !

Adrienne Bolland à bord de son Caudron G3. © DR

Son exploit du 1er avril 1921, lorsqu’elle franchit les Andes, reliant l’Argentine au Chili à bord d’un frêle biplan Caudron G-3, un modèle certes éprouvé durant la Grande Guerre, mais bien peu puissant pour ce genre de raid, a passablement éclipsé d’autres hauts faits : traversée de la Manche par une météo erratique, record féminin du nombre de loopings, des dizaines de meetings à son actif avec son propre « cirque aérien », constitué de son mari et ses trois avions…

Adrienne Bolland à bord de son Caudron G3. © DR

La militante féministe aussi, usant de sa célébrité pour lutter en faveur de l’émancipation de la condition féminine, ou encore la résistante durant l’Occupation ; tout cela constitue le portrait d’une dame charismatique, engagée mais libre, dotée d’une volonté de fer (elle disait souvent avoir eu peur en vol…), quelqu’un de véritablement hors normes, surtout replacée dans le contexte de son époque, même si on l’a appelée « les Années Folles ».

 

Adrienne Bolland, la déesse des Andes. Par Martine Laporte.

Artifice de style, Martine Laporte, après une préface de Marie-Vincente Latécoère, a choisi de se mettre dans la peau de son personnage, comme si c’était Adrienne Bolland elle-même qui avait rédigé ses mémoires. On s’y laisse prendre. L’aviatrice se livre (son addiction aux courses hippiques, la bravade qui l’a conduite à embrasser la carrière d’aviatrice, etc.), confesse ses émotions parfois, et promène le lecteur dans les méandres de sa vie, dont elle ne révèle que ce qu’elle veut bien révéler. Mais le résultat est un véritable roman illustré dans un volume de 198 pages au format original (22 x 27), imprimé sur un beau papier de fort grammage, qui valorise aussi une iconographie de belle tenue (photos évidemment, cartes, coupures de presse, mais aussi dessins originaux de l’artiste Bernard Lengert, réalisés spécialement pour « coller » au récit). De la belle ouvrage.

Adrienne Bolland est retournée en Amérique du sud, pour le cinquantenaire de son exploit. © DR

En tout cas, s’il était étonnant qu’Adrienne Bolland n’ait pas fait l’objet de publications jusqu’à présent – en dehors d’hommages rendus par la revue Icare, par exemple – il n’est plus la peine de s’y lancer après celui-ci. L’affaire est faite, et de belle manière.

Jean Molveau

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Jean Molveau

Journaliste aéronautique, Jean Molveau est le rédacteur en chef du magazine Vol à Voile dont il est l’un des fondateurs (1983). Il a également été, jusqu'en 2019, le rédacteur en chef d'Aviasport. Historien reconnu de l’aéronautique, il a signé 16 ouvrages. Il a rejoint Aerobuzz en 2009. Au sein de la rédaction, Jean Molveau traite plus particulièrement les sujets historiques.

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  • C'est un site intéressant avec de bons articles...heureusement que le shérif de l'orthographe "pelletier" est là pour rétablir l'ordre des consonnes,s'attachant à la forme et non au fond. Pas à la auteure...

  • Adrienne Bolland, la déesse des Andes
    Bonjour, je ne suis ni fan d'aviation ni experte en aéronautique, juste une lectrice "lambda". Jai lu vos commentaires après avoir écouté la radioscopie sur France Inter. Si j'en crois mon oncle, qui lui est un vrai pro en aviation (sans faire de fautes d'orhographe ; - ) depuis toujours, et qui l'a rencontrée dans les années 60 ! le livre à paraître chez Le Passeur : "Adrienne Bolland ou les ailes de la liberté" http://www.le-passeur-editeur.com/les-livres/litt%C3%A9rature/adrienne-bolland-ou-les-ailes-de-la-libert%C3%A9/ fait un portrait nettement plus fouillé et très juste du point de vue historique que tout ce qui a jamais été publié.
    Il m'a apporté les quatre livres anciens (Les Princesses de l'Air, Femmes de l'Air, Conquérantes du Ciel, Le temps des hélices) et une revue Icare, avec son interview. Là, c'est autre chose... elle y est, mais il y a plein de choses floues. Dans les livres, on dirait qu'il n'y a que les petites anecdotes qui intéressent les auteurs. Parce qu c'est une femme ? J'avoue que ces livres ne m'ont pas passionnée et que je ne comprends pas pourquoi on ne parle jamais d'elle nulle part, ni de son engagement politique avec le Front Populaire, avec la Résistance ?? Mon oncle m'a précisé qu'il faut douter de tout dans les livres "biographiques", et que souvent, ce genre d'ouvrage ne sert qu'à faire "briller" son auteur (e), et que tout ce qui est dans le livre de mme Laporte se trouve déjà dans les 4 que je viens de lire... Il m'a conseillé d'acheter le prochain qui va paraître, qui est d'une autre femme, mme Béry. D'après lui, les recherches faites sont nettement plus poussées, elle a déjà publié un essai technique, et le portrait d'Adrienne Bolland correspond à la femme qui parle à Jacques Chancel à la radio... et qu'il a connue !
    Pardon, mais la vie, le souffle, les contradictions, c'est ce qui manque dans les autres. On n'est plus au 19ème siècle..., la façon de raconter a beaucoup changée, et pour l'instant, les livres sur les aviatrices sont assez barbants, pour rester polie. Jusqu'à aujourd'hui, personne n'explique pourquoi elle a choisi cette vie de dingue : son enfance, son adolescence, sa vie pendant la guerre... ? rien. Je ne crois pas aux générations spontanées de génies. Elle était comme nous tous; j'imagine que ses parents, son milieu, et où elle a vécu l'ont influencée ? A ce sujet, désolée de vous contredire, mais le livre de mme Laporte est très décevant, superficiel.
    On nous ressasse en fac d'Histoire que le boulot d'un auteur sérieux est de creuser son sujet à fond et d'offrir une bibliographie décente aux lecteurs. J'attends ça d'une "biographie". Je ne trouve rien de tout ça au sujet de mme Bolland... elle mérite pourtant qu'on puisse fouiller les documents originaux de sa vie, non ?

    • Étant donné que votre oncle a lu un livre avant sa sortie officielle en librairie, il n'avait peut être pas sous les yeux la version que j'ai eu moi l'occasion d'acheter récemment.
      Comme vous, Pauline B , je suis une lectrice lambda, juste passionnée d'aéronautique.
      Ayant lu les deux livres, je ne partage pas du tout l'avis de votre oncle, ni le vôtre. Permettez-moi de m'exprimer à mon tour :
      Le livre de Mme Laporte est clair, précis, bien documenté et agréable à lire (et à offrir).
      Celui de Mme Béry est surprenant dans la façon d'écrire : je ne parle même pas de " style", car peu clair, pompeux : on perd très vite le sens de la phrase, et on se demande si elle ne se contente pas de se faire plaisir en alignant des mots, des verbes, des adjectifs qui finissent par devenir une véritable " logorrhée écrite", avec Adrienne Bolland comme prétexte d'écriture.
      Au bout de quelques chapitres " fumeux", j'ai fini par vite feuilleter le reste avant de le ranger et regretter de l'avoir acheté.
      Tous les goûts sont dans la nature, et vive l'aéronautique !
      PS : votre façon d'écrire " Pauline B " ressemble fortement à celle de "Coline B"......promotion pour la sortie de (votre )livre??...

  • Adrienne Bolland, la déesse des Andes
    Rassure-toi Jean ! On t'aurait pardonné encore milles fote d'ortografe après que tu nous aies présenté le livre de Martine Laporte.
    Un de mes plus beaux cadeaux reçus en 2015 et dédicacé par Martine elle-même.
    Et pour ceux qui ne le connaîtraient pas encore l'occasion de découvrir la peinture et les dessins de Bernard Lengert, peintre de talent présenté dans Aerobuzz en 2013 je crois ?
    Pour le plaisir une image du Caudron G3 de La Ferté-Alais, merveilleuse réplique de l'AJBS, qui vole régulièrement pour le plus grand plaisir de ses pilotes et des visiteurs. Non non, l'hélice n'est pas arrêtée, c'est juste qu'elle tourne très lentement...
    En pensant à la déesse des Andes...

  • Adrienne Bolland, la déesse des Andes
    Merci Martine pour cette bibliographie sur Adrienne Bolland, promise et plus que prometteuse, même après lecture. La subjectivité, la valorisation faite sur iconographie d'archives, comme tu le fais si bien avec d'autres fonds iconographiques aéronautiques,
    et la précision des faits historiques sur Adrienne Bolland, en font un ouvrage réussi ! Quel plaisir j'ai eu de le lire.
    Je serai très honoré d'avoir la signature de l'auteure très bientôt.
    Bravo ! Arnaud Montoya

  • Adrienne Bolland, la déesse des Andes
    Un superbe livre qui mérite d'être lu par tous ceux qui ont rêvé dans leur jeunesse à cette épopée de la conquête de l'Air et par tous ceux qui admirent l'audace, le courage, et l'imagination.
    Beau papier, très belle documentation, style d'écriture qui me semble bien adapté à la personnalité d'Adrienne Bolland,
    En bref tous les ingrédients d'un très bel ouvrage.

  • Adrienne Bolland, la déesse des Andes
    Tout simplement superbe. Je l'ai acheté le soir de la conférence à l'AéCF et j'en suis à la 4e lecture. Vous m'avez fait rêver.

  • Adrienne Bolland, la déesse des Andes
    Comme tous les passionnés d'aviation je me suis plongé dans ce livre et n'en suis pas encore tout à fait sorti. Très bien documenté. Je recommande

  • Adrienne Bolland, la déesse des Andes
    Ouvrage exceptionnel que je viens de terminer de lire. Bravo à Martine Laporte qui a je pense réalisé un travail colossal et de très longue haleine. Et à ceux qui critiquent toujours, qu'avez vous fait vous ? Et vive Adrienne Bolland !

    • Adrienne Bolland, la déesse des Andes
      Merci Monsieur Julien de votre commentaire. Si vous saviez comme j'ai été heureuse, pendant deux ans, de "vivre avec Adrienne" (c'est l'un de mes prénoms...)
      Bien à vous,
      ML

  • Adrienne Bolland, la déesse des Andes
    Je constate que le règne des esprits chagrins a encore de beaux jours devant lui. J'ose toutefois espérer que la critique qui m'est faite ne nuira en aucune manière à l'excellent ouvrage de Martine Laporte et aux efforts qu'elle a déployé pour faire connaître cette femme d'exception que fut Adrienne Bolland !

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