Air Mail, une BD au savoureux parfum de prohibition

Les éditions Mosquito publient en intégrale, les quatre épisodes de la série de bande dessinée aéronautique Air Mail. Un chef d’œuvre signé Micheluzzi paru au début des années 80.

Encore une fois, il faut saluer le travail de Michel Jans (Mosquito) qui exhume un bijou de la bande dessinée italienne devenu introuvable. Après avoir ressuscité le Mermoz de Micheluzzi (d’après Kessel), il propose, du même auteur, l’intégrale des aventures de Clarence « Babel » Man, pilote de l’aéropostale US, à la fin des années 20. Les quatre albums de la série Air Mail parus au début des années 80, sont en effet réunis en un seul, et c’est avec délectation que certains vont retrouver cet aventurier attachant et que les autres vont découvrir, avec étonnement, un monument de la bande dessinée aéronautique.

« C’est vrai que les gars de la compagnie postale Topeka-St-louis sont blindés, mais faut pas demander l’impossible à un coucou de toile et de tubes et à son vieux moteur Liberty de 400 cv… ». Pris dans un orage, Babel s’écrase dans un coin perdu du Minnesota. Il va être secouru par Bella, la petite amie d’un truand. Elle le fait monter dans sa Studebaker. Ce sera le début de leurs ennuis et le point de départ d’histoires de bons et de méchants, dans les années tourmentées de la prohibition. On y croise des beaux avions, des décapotables et des filles dangereuses. Fils d’un officier aviateur, Micheluzzi fait revivre de vieux biplans délabrés mais aussi de délicieuses machines comme ce sublime Junker F-13 sur flotteurs.

Micheluzzi raconte des histoires avec des mots justes et un trait d’une précision qui n’est pas sans rappeler celui de Milton Caniff. Et précisément, les éditions Mosquito ont choisi de rééditer la série Air Mail en noir et blanc pour libérer toute la puissance graphique du maître italien. Un album indispensable.

Gil Roy