Airbus, passion et savoir-faire

Un ouvrage hagiographique sur le consortium aéronautique européen. Un pari éditorial discutable…

Qu’Airbus possède un savoir-faire. Cela est indéniable. En revanche, le terme passion n’est pas celui qui vient spontanément à l’esprit lorsqu’on pense au constructeur européen. Non pas que les hommes et les femmes qui y travaillent soient dépourvus de passion, (il suffit de lire le dernier livre de Gérard Desbois pour s’en convaincre), mais ces dernières années, les dirigeants d’Airbus et d’EADS ont donné l’impression qu’ils se passionnaient moins pour les avions que pour les dividendes. Ces chasseurs de primes ont fait un tort à cette société que ne parviendra pas à redresser un livre, même si de toute évidence, c’est la mission impossible qui a été confiée à l’auteur.

Le parti pris de l’éditeur semble d’avoir été d’essayer de construire une filiation entre les grands industriels du passé et Airbus, en établissant un parallèle iconographique entre les programmes d’hier et ceux d’aujourd’hui. Entre le noir et blanc d’un côté, et la couleur de l’autre… Blouse grise et béret d’un dessinateur industriel en contrepoint d’un ingénieur devant un écran de conception assistée par ordinateur. Casquette et cigarette aux lèvres d’un mécano en regard d’un technicien auscultant un réacteur. Essais statiques d’un chasseur Dewoitine en 1939 et « iron bird » d’A380.

Le livre s’appuie sur le passé prestigieux de l’industrie aéronautique française pour valoriser le travail des personnels Airbus. La ficelle est grosse. Qui doute que l’A380 n’aurait jamais vu jour si Concorde n’avait pas existé ?

Gil Roy