« Alerte en vol » : encore des histoires authentiques de Jean-Pierre Otelli

Après « Carnet de vol » et « Urgences à bord », Jean-Pierre Otelli et son complice, le talentueux dessinateur François Bousseau, présentent « Alerte en vol ». Même ton, même format, même éditeur (Altipresse) ! Mais histoires nouvelles de crashs ou d’incidents qui auraient pu être évités si…

Il faut rendre à César ce qui appartient à César, et à Otelli ce qui appartient à Otelli ! Ses multiples récits, à base d’événements aéronautiques authentiques ou de catastrophes aériennes s’étant produites présentent l’immense avantage d’être compréhensibles de tous. Disons-le sans détours, c’est même le fonds de commerce d’Otelli : faits divers – réels – de l’aérien, revisités par un pilote professionnel, et racontés comme un journaliste pour revues à sensations !

D’ailleurs, les bouquins d’Otelli sont distribués aussi bien par son éditeur que par des circuits différents qui touchent un public très large, et parfois très éloigné de la communauté aéronautique. Les dessins hyper réalistes de François Bousseau qui illustrent les récits soulignent la volonté de l’éditeur et des auteurs d’attirer un public encore plus nombreux et de rendre plus accessible encore l’ouvrage. S’il en fallait une, voici la preuve que Jean-Pierre Otelli ne cherche pas à concurrencer les rapports des experts.

Le style n’est d’ailleurs pas non plus le leurs : « La première partie du vol ne pose aucun problème. Les 450 ch du Pratt & Whithney trottinent paisiblement. Certes, l’avion n’est pas rapide mais il est d’une fiabilité à toute épreuve. Quant à la météo […] le plafond n’est pas génial mais la visibilité reste bonne… » (page 77) Voilà assurément un langage presque « parlé » qui accrédite la vision de l’auteur : toucher le grand public.

Dans son dernier ouvrage d’histoires authentiques « Alerte en vol », on découvre ainsi des crashs incroyables, qui auraient pu être évités si l’équipage avait mieux réagi. Un Citation 500 se vautre pas très loin de Farnborough. Les deux pilotes « pensent » qu’il s’agit d’un problème de panne des réacteurs. Ce n’est pas le cas. Bilan : cinq morts. Un autre Cessna Citation 500, au nord de Miami, termine son vol sur un terrain de golf tuant ses deux pilotes. Check list incorrecte, erreur d’altimétrie… Un PA-28, pourtant aux mains d’un pilote « méticuleux » mais qui oublie d’activer son plan de vol, qui change de route au dernier moment et qui percute un DC9 en plein vol… Ou encore ce 727-200 qui effectue un atterrissage beaucoup trop dur, tout simplement parce que le commandant de bord, pilote non en fonction, n’a pas repris les commandes malgré une météo très capricieuse à Hamilton entraînant un changement de piste au dernier moment… Ou enfin ce pilote australien, instructeur, qui ne prévient pas le contrôle aérien alors que son Piper Navajo vient de subir une panne d’un des deux moteurs.

« Alerte en vol » n’est pas une leçon de morale que dispenserait un pilote à d’autres pilotes. C’est un récit d’aventures réelles, décrites simplement, avec des commentaires de bon sens. Une manière comme une autre de sensibiliser les lecteurs au monde fabuleux de l’aviation et du transport aérien, ses performances, et aussi ses limites… En aucun cas, redisons-le encore une fois, les livres d’Otelli prétendent se substituer à des rapports officiels. Ceux-là, rédigés par des experts sont très techniques, exhaustifs, et visent les professionnels et les exploitants à des fins précises telle la modification de certaines procédures, la remise en question de certains process de fabrication. L’objectif étant de gagner toujours plus de sécurité. La raison d’être des récits de Jean-Pierre Otelli est le divertissement.

Bruno Rivière

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