Anthony Pecchi : « Déplacer des montagnes, pour réussir à aligner les calendriers »

Début 2017, Anthony Pecchi a l’idée de réunir sur une même image les derniers nés d’Airbus : hélicoptère H160, transport militaire A400M, gros-porteur A350 et chasseur Eurofighter : le meilleur de l’avionneur européen rassemblé dans un vol en formation. Du jamais vu…

« Techniquement, la principale difficulté était de rassembler au sein d’une même formation un hélicoptère et des avions aux performances si dissemblables» raconte Anthony. « J’avais déjà photographié le X3 en formation avec la Patouille de France, mais le X3 avançait tout de même à 190 nœuds. Avec le H160, il fallait descendre à 145. C’était un tout autre défi… »

Mais le plus complexe était sans doute ailleurs : la réunion des appareils en vol passe d’abord par le rassemblement… des énergies, des budgets et des bonnes volontés au sol.

Le H160 appartient à Airbus Helicopters, l’A400M et l’Eurofighter  à Airbus Defense & Space et l’A350 est signé Airbus Commercial Aircraft. Chaque appareil à sa vie propre, ses engagements et ses contraintes…  « Il a fallu déplacer des montagnes, pour réussir à aligner les calendriers… six mois d’efforts et de travail préparatoire qui m’ont valu quelques cheveux blancs » glisse Anthony.

« J’avais le soutien inconditionnel d’Yves Barillé et de Gaël Smadja, du service communication d’Airbus Helicopters et de Guillaume Faury, le PDG de la société. Marie-Noëlle Cabanié, (responsable de l’audiovisuel d’Airbus), Maggie Bergsma (chef de la communication d’Airbus Defense & Space) et Eric Isorce (chef des essais en vol d’Airbus Defence & Space), ont cru également à ce projet. Et bien entendu tous les équipages et les responsables des différents centres d’essais en vol du Groupe poussaient fort pour que cela se fasse ! »

Les zones d’essais au-dessus de la Camargue, à proximité de Marignane où niche le H160, font un cadre idéal. L’A350 décolle de Toulouse, l’A400M de Séville et l’Eurofighter, vient quant à lui du centre d’essais d’Airbus à Getafe, à côté de Madrid. Sans ravitaillement en vol, l’avion ne pourra offrir qu’une vingtaine de minutes de playtime sur zone. Il faudra faire vite…

Le 18 mai 2017 à 14h, le Nord 2501 de l’association Noratlas de Provence s’arrache de la piste de Marignane. Débarrassé de ses demi-coquilles fermant le compartiment cargo, l’avion fait une excellente plateforme photo. A son bord, une équipe vidéo, Anthony Pecchi et quelques happy few qui seront aux premières loges pendant toute la durée du vol.  Des équipes vidéo placées sur les différents terrains de départ et des nuées de GoPro installées dans les différents appareils complètent le dispositif.

A l’heure dite, tous les avions se retrouvent dans la zone réservée allant d’Istres à Montpellier ! Le léger voile nuageux d’altitude a laissé place à un soleil éclatant. Ca se présente bien…

Les contrôleurs d’essais et de réception d’Istres assurent le guidage et la sécurité de la formation. Altitude de vol 5.000 pieds, vitesse 145 nœuds. Le rassemblement des quatre appareils et du Noratlas débute pour la première séquence. La manœuvre est complexe et dure une bonne vingtaine de minutes. Installé derrière les deux moteurs Hercules du Noratlas, le H160 se fait vigoureusement brasser. Plus bas, les A400M et A350 affinent leur trajectoire pour se positionner au mètre près. L’Eurofighter se glisse dans la formation, assis sur ses réacteurs.

« Une fois les appareils correctement positionnés, l’idée était de commander l’éclatement pour introduire du mouvement dans l’image » raconte Anthony Pecchi. « Mais le playtime de l’Eurofighter ne nous donnait pas le droit à l’erreur. Les appareils ont breaké avec le bon tempo, le bon timing… C’était dans la boite ! »

L’éclatement effectué, l’Eurofighter remet le cap sur Madrid. Quelques images supplémentaires sont effectuées avec l’A400M avant que celui-ci reparte également vers l’Espagne. Restent alors en lice l’A350 et le H160 qui terminent la session avec quelques manœuvres coordonnées. Puis, au bout de 90 minutes de vol, le Noratlas remet le cap sur Marignane où il se repose à 16 h.

Le résultat de ce travail d’équipe et de passionnés européens tient dans cette image incroyable, publiée en double page dans Paris Match, mais aussi dans une collection tout aussi spectaculaire de photos et de vidéos reprises dans de nombreuses campagnes de communication et de publicité d’Airbus, avec les slogans « we are one » et « we make it fly ». Des slogans ayant pour la première fois pris une forme concrète dans le ciel de Provence…

Frédéric Lert

Anthony Pecchi

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