Le champion du monde de vol à voile Jacques Aboulin explique ici comment il « chargeait » son planeur pour faire la différence. Evidemment, cette stratégie a beaucoup intéressé Jean Barbaud…
J’ai volé pour la première fois en LS4 quelques jours avant le championnat de France de 1982. Et ce, sur le planeur du champion du monde de Paderborn 1981, Marc Schroeder. Ça t’oblige à te transcender un peu ou tout du moins à ne pas faire n’importe quoi !
Dès le premier vol je me suis senti très à l’aise pour plusieurs raisons : décollage avec un planeur dont le train est amorti, je n’avais pas connu çà depuis le Bijave ! (1.200h de place arrière comme instructeur à Roanne), assis comme dans un grand fauteuil qui me soutient du dos jusqu’aux cuisses avec un appui tête douillet, et enfin l’impression d’avoir voler dans ce planeur depuis plusieurs années tellement tout semblait facile.
A titre de comparaison, il m’a fallu plus de 100h de vol pour profiter pleinement du Discus et en tirer son maximum.
Je n’ai plus quitté ce LS4 en compétition de 1982 à 1986. Les premières années, je ne le « chargeai » pas trop, ne volant qu’avec 80 litres d’eau. En 1986, ce sera autre chose !
J’ai plein de beaux souvenirs dans ce planeur comme quelques podiums en championnat de France ou en inter-régionaux. Deux me restent en mémoire plus que les autres.
En 1985, à Issoudun, dès la première épreuve, je me suis retrouvé en tête du classement sur un grand coup de chance. En effet, après une traversée hasardeuse de la Sologne entre Bourges et Briare, nous devions redescendre sur la proche banlieue ouest de Nevers. Je me suis retrouvé seul, à un peu plus de 200 mètres sol, dans un vario 0, dans mon fauteuil pendant un peu plus de 45 mn, trop bas pour rejoindre Cosne sur Loire et trop « haut » pour décider de me poser dans le champ magnifique qui me tendait les bras, juste au-dessous de moi.
Pendant ces trois quart d’heures, de nombreux concurrents m’ont rejoint, quelques mètres dessous, ce sont ceux qui se sont posés dans le champ, ou juste un peu plus haut, ce sont ceux qui se sont posés à Cosnes en direct ! Après 45 mn mon vario est devenu positif. Je n’ai retrouvé qu’un autre LS4 piloté par Yves De La Casinère, près du deuxième point de virage. Passant 1.500 mètres en montée, j’ai contacté mon dépanneur et ami Henri Paire qui m’a confirmé que nous n’étions plus que deux en vol. Le lendemain Yves s’est posé aux vaches et je comptais déjà 450 points d’avance sur le deuxième au classement général. Un championnat sans pression et sans « vache » dans mon fauteuil volant …que du bonheur.
L’année suivante, c’était le championnat de France à Blois directement qualificatif pour les championnats du monde en Australie 6 mois plus tard.
« Mon » LS4 ayant subit pendant l’hiver, une cure de jouvence (regelcotage complet des ailes) dans les mains des techniciens de Castelnaudary, c’est avec un planeur flambant neuf que j’ai commencé ce championnat toujours dépanné par Henri. Remonté à bloc, dès le premier jour et en concurrence avec les premiers Discus, je suis passé de 80 à 120 litres d’eau dans les ailes. Le LS4 est resté toujours aussi facile à piloter.
Les deux pilotes de Discus, Gabriel et Alain n’ont compris qu’à la fin du championnat pourquoi, avec seulement 100 litres d’eau chacun, ils n’arrivaient pas à me « larguer » en transition alors qu’ils ne me prenaient pas un mètre dans les ascendances. « Mon » LS4 et moi ne faisions qu’un !
J’ai laissé ce LS4 avec regret pour participer aux championnats du monde et d’Europe en Discus, avec 140 litres d’eau dans les ailes, mais ça ce sont d’autres souvenirs.
Aujourd’hui, nous avons deux LS4 au centre de vol à voile Roannais, qui sont utilisés par les débutants pour leurs premiers vols en monoplace jusqu’à, leurs premiers « grands circuits » de 100 à 200 km !
Jacques Aboulin
© Dessin : Jean Barbaud / Animation : Martin Roy
Les hélicoptères Puma HC2 âgés d’un demi-siècle seront retirés du service en 2025. Ils seront… Read More
La tour de contrôle centrale de l'aéroport de Paris-Charles de Gaulle est en travaux. Fin… Read More
Depuis plus de quatre décennies, le Pilatus PC-7 constitue la pièce maîtresse de la formation… Read More
On a rarement vu une compagnie aérienne aussi bien préparée à déposer le bilan que… Read More
Dans un roman, Jean Rousselot raconte à la première personne du singulier la carrière militaire… Read More
Textron Aviation a livré à l'armée de l'air péruvienne le premier de 2 Beechcraft King… Read More
View Comments
Merci Jacques pour ce partage de cette expérience unique que tu nous avais partiellement racontée! J'adore!?
A très bientot j'espère!
J'ai connu Jacques à ma sortie de l'ENAC (1er poste au SEFA Melun) Un aviateur déjà appréciable dont j'ignorais alors le parcours !
Amitiés
Paulin