A travers la rigueur de ses présentations en Europe et le professionnalisme de sa patrouille acrobatique aux couleurs de ses sponsors successifs, Jacques Bothelin a donné au PC-7 de Pilatus ses lettres de noblesse.
J’ai choisi aujourd’hui de vous parler du Pilatus PC-7.
J’ai vécu avec cet avion une aventure intense pendant 15 ans, en parcourant l’Europe et le Maroc dans tous les sens, pour réaliser des centaines de démonstrations sous les couleurs de mes sponsors successifs.
Mais ma relation à cet avion tient autant du fantasme que de l’audace.
J’avais la chance au début des années 80 de voler sur ce que nombreux appellent la « Ferrari de l’air », le SF260. Mais ma vocation contrariée de pilote de chasse, entretenue par la lecture des récits de combats aériens des héros de la seconde guerre mondiale, me faisait rêver de voler sur un avion à nez pointu qui ressemblerait aux chasseurs de mes rêveries.
Si vous superposez les plans d’un PC-7 et celui d’un P-51 Mustang, vous verrez que l’on peut y trouver bien des similitudes, même si ce dernier évolue bien sur dans une gamme de performances différentes.
Quand il vous est donné de rêver quelque chose, il existe un chemin pour y parvenir, et c’est au salon du Bourget que j’ai eu l’occasion de contacter Pilatus, et de les convaincre de me confier trois avions neufs (dont le prix unitaire serait aujourd’hui de plusieurs millions d’Euros).
Je n’avais pas d’argent, mais probablement la force de conviction de la passion.
Quelques mois plus tard, vous ne pouvez imaginer l’émotion de voir, sur la chaine de montage de l’usine de Stans, naitre ces avions a « mes couleurs ». En fait les bandes bleues et rouges Martini sur un fuselage blanc.
C’était le début d’une tranche de vie pour moi puisque je volerai pendant 15 ans sur ces avions, amassant plus de 3.500 heures de vol aux commandes du numéro 519.
Passer l’Atlas à 31.000 pieds (pas pressurisé mais sous oxygène). Aller inaugurer l’aéroport de Madère là-bas au milieu de l’Atlantique, avec des bidons plus les fumigènes sous les ailes (soit 4 charges) : effectuer quotidiennement deux démos par vol sur des plages espagnoles différentes. Faire une démo plein complet en Hollande et enchainer le départ en IFR pour me poser à Istres. Faire du slalom au fond des gorges du Dadès pour Ushuaia. Voler au soleil de minuit en Finlande. Raser les icebergs de sel sur la Mer Morte
Que d’aventures j’aurais vécu aux commandes de cet avion.
Il nous arrivait de faire jusqu’à cinq démonstrations par week-end dans trois pays d’Europe différents et d’être àa la maison le dimanche soir. Presque à coup sûr des démos « beau temps » puisque même en patrouille, une boucle passait avec 1.500 pieds de plafond.
J’ai aimé et j’aime toujours cet avion qui m’aura permis de positionner ma patrouille de façon unique, avant de passer à l’air du jet d’aujourd’hui. Une autre histoire d’amour que je vis aussi depuis 15 ans.
J’ai aujourd’hui toujours le privilège de voler occasionnellement sur un PC-7 que nous avons en exploitation, et je prends toujours autant de plaisir à m’installer à bord, ou quelque soit le temps qui a passé depuis le vol précédent, j’ai vraiment la sensation d’être chez moi.
Jacques Bothelin
© Dessin : Jean Barbaud / Animation : Martin Roy
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Que de souvenirs depuis mon premier vol de pilote breveté en D112 avec Jacques comma passager à Til Chatel jusqu'à d'amicales rencontres à Curtil... Quelle magnifique carrière ! Bonne continuation Jacques et au plaisir de se re-croiser !
Il y a une trentaine d'années déjà, Jacques nous éblouissait avec ses Marchetti au-dessus de la rade de Genève, lors des "Fêtes de Genève", à l'époque où l'on pouvait faire évoluer une patrouille dans ce décor prestigieux. Il doit se souvenir qu'en vertu d'une loi stupide, il avait fallu recouvrir le nom de la marque d'apéritif qui était sur les flancs de ses trois avions...
Nous avons eu ensuite le plaisir de l'accueillir, lui et les siens, à l'Aéroport International de Genève, où il n'a laissé que de bons souvenirs. Pour ma part, c'est lors d'un vol dans le cadre d'"Aeria" à Neuchâtel que j'ai pu apprécier le talent de la patrouille... Merci encore.
(Ancien responsable du service de presse de l'Aéroport International de Genève)