C’est avec la rigueur de l’ingénieur aéronautique qu’il est, que Jean-Marie Klinka a fait le choix surprenant, mais argumenté, du Wassmer WA-40. Jean Barbaud a retenu le caractère majestueux du Super IV au roulage…
Certes, de par mon passé d’ingénieur et de pilote, j’aurais dû choisir le Cap10 pour « avion fétiche » tellement il m’a servi d’avion « amiral » comme le disait Auguste Mudry, en France et à l’étranger, y compris pour le tour de la Statue de la Liberté, vol inoubliable. J’ai fait corps avec cet avion, et je m’accommode de ses imperfections qui deviendront une seconde nature.
Pour décerner cette médaille d’Avion Fétiche, je me dois d’être objectif, d’analyser le plus « froidement » possible les tréfonds de ma mémoire, de me demander à quelle occasion j’ai pris plaisir à piloter, ce qui souvent se traduit par un bête problème d’ergonomie. Bête problème ? Pas si facile de concevoir l’avion parfait, car l’ingénieur est toujours confronté à des choix cornéliens, entre la structure et l’habitabilité, le confort, la sensation sécuritaire…
Ces souvenirs sont confirmés par mon carnet de vol : avant de décerner la palme d’avion fétiche au Wa 40 « Super IV », dans sa version train escamotable, dérive en flèche, hélice à pas variable, 180 ch – le même que celui de Philippe Moniot (il doit y avoir une raison !) – je voudrais d’abord rendre hommage à mon camarade Gadzarts Maurice Collard, chef du bureau d’études de Wassmer pendant 20 ans. Cela lui donnera l’occasion de concevoir 10/15 avions et planeurs qui ont fait le bonheur de générations de vélivoles. Il a fini sa carrière chez Bertin, celui de l’Aérotrain. Il fut le précurseur de la conception des structures composites (résine polyester), notamment avec la famille des Wa 50. C’était le quart d’heure « patrimoine ».
Je reviens à mon avion fétiche, à ses qualités (on gomme ses défauts)…
Massif, à large train principal, aux jambes courtes, sécurisant (10m d’envergure, 16 m2 de surface alaire), capable d’emporter 500 kg de charge utile (quand vous avez 4/5 personnes de 80 kg, il vous reste le plein de carburant, 220 l, plus de 6h, au moins 1200 km !).
Je me souviens de l’ergonomie exceptionnelle du cockpit : l’espace, surtout, son pontet central de 20/25 cm qui permet de ne pas se sentir dans une boîte de sardines, les places arrières idem à deux (à trois c’est vrai qu’on est serrés), l’espace pour les jambes : à l’arrière on se croirait dans un Cessna Cardinal, à l’avant, les palonniers sont réglables.
Le roulage est majestueux, grâce sans doute à son train (sous réserve de tenir compte des dimensions de la bête). Le freinage : à main, symétrique, c’est ce que je préfère (là, on peut discuter les préférences: à pieds/à main). Et surtout cette manette des gaz, micrométrique, qui tombe si bien sous la main. Comme dans un Bonanza.
Je sais, des super-pilotes n’ont pas réussi à réduire les gaz après le démarrage et ont embouti une porte de hangar et une aile du proto : confusion dans les commandes ? Justement, le démarrage : aucune « secousse » grâce à l’inertie de son hélice Hartzell (lourde, il est vrai).
J’allais oublier le volant, bien dimensionné, lors des débattements raisonnables. Et la très bonne stabilité en tangage due sans doute aux bonnes dimensions de l’empennage monobloc.
Toujours les gaz : En approche, réglé avec un poil de gaz, avion trimé, vitesse contrôlée, on pilote la trajectoire avec un quart ou un demi tour à gauche ou à droite : simple mais génial.
Je n’ai pas eu le plaisir de voler sur un « 50 » dont l’ergonomie des portes « papillon » représentait un autre progrès. L’avion idéal : un Super IV en composite avec des portes de « 50 », des roues/freins Beringer, un parachute BRS (ou pas), un fuselage large pour trois à l’arrière, un profil d’aile laminaire moderne, une instrumentation moderne, j’en oublie…
Jean-Marie Klinka
© Dessin de Jean Barbaud. Animation de Martin Roy
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J'en ai eu deux, le premier à train manuel (fallait pas se rater pour rentrer le train d'un vigoureux élan sur le levier avant que la vitesse augmente, surtout une fois les sandows d'assistance un peu fatigués), le deuxième avec train electrique et 4 reservoirs de 110L (essence pas chère à l'époque) avec lesquels j'ai volé près de 1000h et passé mon IFR. Avec quel avion américain de même puissance pouvait-on voler à 5 à 120kt, faire 8 heures de vol (je suis revenu de nuit avec deux passagers de Rhodes à Lyon avec un stop d'une heure à Rome), et aller faire du ski à Courchevel le dimanche avec 3 passagers et les 4 paires de ski, puis rentrer de nuit en IFR à Lyon?
Une époque où on faisait de l'IFR, pour les plus courageux, avec un moteur qui givrait facilement, de vieilles radios Narco Mk12 avec indicateurs VOR CDI et des connecteurs à qui il fallait donner des coups de pieds sous le tableau de bord pour refaire les contacts et faire disparaitre les flags qui apparaissaient en cours d'ILS, mais j'étais jeune, et c'est aussi l'avion de ma carrière avec lequel j'ai le plus appris, et sûrement le plus aimé!
salut JM,
Toujours dans les bons coups
Amitiés
Armand fanjeau
Merci, vos avis me rassurent, les DeLorean DR7 et confrères ne sont pas prêts de détrôner ces "vieux" avions. Reste à espérer qu'il existe encore longtemps des mécanos et menuisiers pour les entretenir.
Je me répète: si vous avez le temps, vous êtes tous invités au musée d'Angers (GPPA) le 29/09 à 14h pour la restauration du Cap 232 et les 100 ans d'Auguste Mudry (voir mon commentaire sur le sujet Cap 232)
D'accord avec J-M Klinka: de tous les avions que j'ai pilotés le Wassmer S-IV est celui que j'ai préféré; parfaitement abouti, lourd (1200 kg) mais possédant des commandes bien réactives (contrairement aux avions US équivalents) et très stable. Je confirme tous les autres propos de J-M Klinka.
Bravo pour ce choix. Tu brouilles les pistes ! Cela me rappelle de bons moments sur la version trains fixes, le WA41 "Baladou". Amitiés
Très bon choix
Amitiés
Olivier Maes
Bonjour Jean Marie,
Pour une fois tu m'as donné l'envie d'essayer autre chose qu'un bon Stampe.
Porte toi bien
Bertrand