Le pilote de Mirage 2000D a accepté de raconter son premier tour de piste aux commandes d’un Broussard, sans omettre un rebond à l’atterrissage. C’était mal connaître Jean Barbaud qui a pris un malin plaisir à en rajouter…
Je m’installe à gauche. Alain, le propriétaire, s’installe à droite. Devant moi, l’énorme capot moteur du Pratt et l’hélice Hamilton dominent mon champ visuel. Je suis assis comme dans un poids lourd, à un mètre cinquante au-dessus du sol et juste à l’aplomb du train d’atterrissage. Sous mes yeux, un tableau de bord des années cinquante : un agrégat de vieux cadrans et d’interrupteurs à l’ergonomie douteuse. Il y règne cette odeur tenace d’huile et de gaz brûlé typique des vieilles machines. J’ai une pensée admirative pour ceux qui ont risqué leur vie à bord de cet avion et dans les conditions extrêmes des opérations de guerre.
J’effectue le tour cabine et je gave le moteur d’essence. Puis j’attrape l’interrupteur des magnétos de la main gauche. Avec l’index de la main droite, j’actionne le démarreur qui gémit tandis que l’hélice commence péniblement ses rotations. Je compte cinq pales avant d’envoyer les Magnétos sur « both ».
Les cylindres disposés en étoile s’embrasent à tour de rôle. Une fumée grise et irritante remonte depuis le capot moteur. La planche de bord tressaute sur sa suspension élastique. Sur les instruments, les aiguilles prennent vie par saccade tandis que la musique du Pratt emplit la cabine.
Dix minutes plus tard, je m’aligne en piste 23 « herbe ». Manche bien en main, talons au plancher, je libère avec délicatesse les 450 chevaux. La vielle mécanique n’aime pas les brusqueries. Le grelottement saccadé du « Pratt » se mue en tonalité sourde et métallique. L’avion vibre et s’élance. Je tiens l’axe sans difficulté et pousse franchement sur le manche. Le « Brou » s’installe solidement sur son train principal. Absorbant les aspérités de la piste, l’avion sautille à mesure que la vitesse augmente.
Soudain, le « Brou » s’élève de lui-même et j’ai l’impression de rentrer en « lévitation ». Je réduis la puissance, les bouts de pâles sont supersoniques et il vaut mieux épargner les riverains.
Tout en passant en vent arrière, je m’essaye à quelques virages. Les mouvements au manche sont amples. Les commandes sont lourdes, surtout à la profondeur. Les ailerons eux, sont plus fermes et répondent avec précision, mais le taux de roulis reste faible. J’ai l’impression de manœuvrer une énorme barque. Mais c’est la bille qui me pose le plus de tracas. Mes pieds jouent aux essuie-glaces sur les palonniers avant de trouver le bon dosage. Puis je rejoins la finale, volets à 50° et 65 nœuds.
La partie sportive commence. L’arrondi. La hauteur me semble bonne bien que je ne sois pas habitué à être perché aussi haut. Je ramène doucement le manche vers moi et j’affiche plein réduit…
On est un peu haut !, me lance Alain.
Je rends la main… Erreur… Nous heurtons lourdement la terre. Jouant son rôle à merveille, le train à lame d’acier absorbe l’énergie du choc, puis il la restitue intégralement dans le sens inverse pour nous renvoyer en l’air.
Manche arrière, MANCHE ARRIÈRE !
Je tire, mais l’effort est trop important. Les roues impactent à nouveau sans que je parvienne à plaquer la roulette de queue à terre et le nez se plante dans le ciel. Ça va merder… Je balance la manette gaz en avant. Alain a eu le même réflexe. Le moteur rugit. L’avion s’arrache du sol instantanément. Silence en cabine.
Garde un filet de gaz, dès que les roues touchent, plein réduit et tu plaques le manche vers toi, à deux mains si besoin. Pour t’aider, mets un peu compensateur à cabrer en finale !
Nouvelle présentation. Suivant les conseils d’Alain, je dois pousser sur le manche pour tenir la pente. Nouvel arrondi, je relâche progressivement la pression jusqu’à avoir le même repère capot que lors du roulage. J’enlève une petite louche de moteur et me laisse descendre un poil. Les roues touchent et l’avion rebondit légèrement. Ça suffit ! J’écrase des deux mains le manche contre mon estomac, tout en réduisant les gaz. Le « Broussard » s’assoit un instant dans les airs, comme immobile à quelques centimètres du sol… Nouvel impact. Trois points.
Marc Scheffler
© Dessin : Jean Barbaud / Animation : Martin Roy
Les hélicoptères Puma HC2 âgés d’un demi-siècle seront retirés du service en 2025. Ils seront… Read More
La tour de contrôle centrale de l'aéroport de Paris-Charles de Gaulle est en travaux. Fin… Read More
Depuis plus de quatre décennies, le Pilatus PC-7 constitue la pièce maîtresse de la formation… Read More
On a rarement vu une compagnie aérienne aussi bien préparée à déposer le bilan que… Read More
Dans un roman, Jean Rousselot raconte à la première personne du singulier la carrière militaire… Read More
Textron Aviation a livré à l'armée de l'air péruvienne le premier de 2 Beechcraft King… Read More
View Comments
Heu, elle est où, l'animation ???
Elle est bien là Dominique ;)
Elle met juste un peu de temps à arriver !
Belle journée,
Martin
Ça doit être la timidité...
Là, elle a dû tomber en panne de carburant... Amitiés, Martin.