Infiniment plus pointu à piloter que le Falcon 5X ou le Falcon 8X dont il a fait les premiers vols, le Mirage IIIE est l’avion qui, à ce jour, occupe une place à part dans le cœur de pilote de Philippe Deleume.
A 450 nœuds, 500ft sol, de nuit, déchirant les stratus qui léchaient la terre, le pilote taillait tranquillement sa route du bout des doigts en épousant le relief pour échapper aux radars, jusqu’à délivrer son armement à plus ou moins 5 secondes de l’heure prévue sur son objectif. Voilà une des missions que pouvait remplir cet extraordinaire chasseur qu’était le Mirage III E.
Et le jour d’après, le même pilote pouvait décoller en 2 minutes après le déclenchement de l’alerte et grimper à plus de 10.000ft/mn pour intercepter une cible supersonique à haute altitude.
Le Mirage 3 : on en tombait immédiatement amoureux, ou on le détestait. Il ne pouvait laisser indifférent. C’était un avion de caractère.
Depuis le premier modèle qui avait décollé en novembre 1956 aux mains de Roland Glavany, les exigences opérationnelles avaient progressivement fait évoluer le Mirage 3 vers la version III E, particulièrement bien équipé pour son époque, et les ingénieurs avaient su lui garder ses qualités de vol fondamentales qui en faisaient un avion facile mais exigeant.
Facile car sa formule aérodynamique à ailes « delta », le rendait très simple à exploiter : il n’y avait pas de dispositifs hypersustentateurs. Le pilote avait juste à penser au train après décollage et avant atterrissage. Une fois le train rentré, il n’avait plus qu’à gérer sa trajectoire et son système d’armes.
Le taux de roulis à faible incidence était impressionnant, et l’avion tournait autour de son axe longitudinal sans mouvement de nez parasite, permettant d’ajuster sa ligne de tir avec une grande précision. Il était possible de monter très haut en incidence avec une incroyable stabilité. Et dès qu’on annulait l’incidence, on accélérait comme une flèche.
Mais toutes ses belles qualités avaient évidemment des inconvénients, qui exigeaient des pilotes de respecter certaines règles basiques.
N’ayant ni volets, ni becs, le Mirage III E se posait à vitesse élevée, vers 180kt, demandant une bonne stabilité de trajectoire, et un touché à la bonne vitesse à l’entrée de piste. Les freins « carbone » n’existaient pas encore. Une vitesse de touché un peu trop forte, le parachute frein sorti trop précipitamment qui se déchirait, et l’avion terminait dans la barrière d’arrêt.
A haute incidence il était impératif de garder la bille au milieu, sinon c’était le déclenché assuré, voire la vrille, qui demandait au moins 15.000ft « sous la quille » pour être récupérée.
Le Mirage III E était un avion particulièrement attachant dans lequel on se sentait invincible, mais qui avait du caractère. Il fallait juste le respecter.
Philippe Deleume
© Dessin : Jean Barbaud / Animation : Martin Roy
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Bravo Philippe finalement tu es bien devenu pilote !
Françoise de Magneval
Bonjour, petite correction : le premier vol du Falcon 8X a été effectué par Eric Gérard et Hervé Laverne (6 février 2015 à Mérignac). Bon we
Ado,mon rêve était de piloter un IIIE au sein de la SPA 67.malheureusement,pas de place pour un Labrador dans le cockpit ( mauvaise vue comme beaucoup ce fana)
Par contre un ami rencontré sur les bancs du lycée en 6 eme a piloté ce superbe avion au sein de la 3 mais,au 3/3
Quelques jours après le 9/11 j'étais à bord d'un A310 qui a été intercepté par des Mirages.
Nous avons tourné en rond pendant plus de 3 heures, toujours sous la surveillance étroite des Mirage, avant d'être autorisé à poursuivre.
Si un de ces pilotes pouvait nous raconter ...
J'ai personnellement volé sur Mirage IIIC dans le années 1980, (environ 1300 heures). Je reconnais que cet avion m'a laissé un souvenir impérissable. Difficulté, exigence et rigueur pour enfin avoir de l'audace dans les manoeuvres de combat. Mais comme tout pur sang, la satisfaction était extrême quand on réussissait à le maitriser.