Avord, 100 ans d’aviation

Des premiers Blériot XI d’école aux AWACS d’aujourd’hui, en passant par les Breguet, les Flamant, le bref passage des Mirage IV des Forces aériennes stratégiques et les Xingu toujours en service… Jean-Pierre Pille et Christian Lecesne retracent un siècle d’aviation à Avord.

Les anniversaires sont propices à un regard dans le rétroviseur, a fortiori si la période écoulée est riche en développements et événements. Ainsi, depuis 2008 sommes-nous entrés dans une période de commémorations de centenaires de l’aviation – qui prendra fin l’an prochain avec l’avènement de celui de la Grande Guerre – dont la conséquence bénéfique pour le mémoriel est l’éclosion d’ouvrage emprunts de régionalisme ; il faut s’en féliciter.

Parmi les sites militaires et aéronautiques qui, depuis un siècle, n’ont cessé de faire partie de notre paysage (et ils se raréfient) figure en très bonne place le « camp d’aviation d’Avord », devenu aujourd’hui la Base aérienne 702 Capitaine Georges Madon. Celle-ci, devenue « base de Défense », formidable et ultramoderne outil au service des armées, a fêté l’an passé son siècle de progrès continu, ce qui a donné l’occasion à un éditeur local d’en publier l’historique.

Le lecteur, au fil des 192 pages au format 21 x 27, va donc revivre les grandes étapes du terrain d’Avord, des premiers Blériot XI d’école aux AWACS d’aujourd’hui, en passant par les Breguet, les Flamant, le bref passage des Mirage IV des Forces aériennes stratégiques et les Xingu toujours en service car en cours de rénovation en terme d’avionique. Des grandes figures, des pionniers de « la cinquième arme » comme Bellanger ou Madon (pilotes brevetés avant la Première Guerre mondiale, le premier étant le commandant de la « base » originel, le second un As extraordinaire de 14-18), avant que la technicité de la fin du XXe siècle ne relègue l’homme et sa personnalité au second plan derrière l’efficacité de l’équipe.

La chronologie est donc respectée, chaque fois en replaçant le site au milieu de son contexte de terroir – il est d’ailleurs né de la volonté de notables locaux qui n’ont cessé de le défendre par la suite. Lorsque les périodes sont plus « creuses », les auteurs ont étoffé leur récit avec la publication de témoignages en rapport avec l’époque, tandis que des points de repères, présentés sous forme de brèves dans la marge, recalent (malheureusement avec un décalage dans la pagination) les gyroscopes du lecteur. Le passage de l’Occupation manque cependant d’iconographie. Enfin le livre se termine évidemment par une visite de l’actuelle BA-702 et une description des diverses unités qui y stationnent. Au final, Avord, 100 ans d’aviation est d’un bon niveau documentaire et son intérêt dépasse largement les limites de la région Centre !

Jean Molveau